L'oreiller

Colette Bonnet Seigue

Pour l'enfance souillée...

Trouver sous l'oreiller,

Dans la tendre insouciance,

Un ruban de l'enfance

Noué à ses années.

Brisures au puits des jours

Où l'on plongeait en rêve

Pour pêcher  une trêve

A l'onde de l'amour.

Il faudrait les brûler

Les mots-sang en mémoire,

Les mains sales et noires

Sur la peau agrippées !

Et la peur oubliée

Aux plis des draps de soie

Et tous les désarrois

Dormiraient à jamais.

Un bruissement du jour

Frôlerait l'autre rive,

Un frisson en esquive

 Imposerait sa cour.

 

Sous l'oreiller bavard

Qui soulage sa peine,

Des mots à perdre haleine

En écho de brouillard.

Petits ponts suspendus

Aux cheveux de poupée,

Horloge abandonnée

A ses tic-tacs brisés.

 

Un serment d'Hippocrate

Gravé sur l'oreiller

Pour panser les baisers

D'un désir phallocrate.

Des plumetis en fête

Tout ornés de noirceur

Se sapent de couleurs

En saperlipopette.

 

Mettre sous l'oreiller

Aux songes de ses pages

Le nouvel empotage

D'une fleur d'olivier.

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