Loterie

divina-bonitas

25 Mai 2012.

La France entière est devant son petit écran. Il y a quelques jours, le peuple a élu son nouveau Président. Puis un évènement inédit s’est produit. Alors que les électeurs attendaient sans grande ferveur de connaître la composition du gouvernement, le Président avait annoncé que tous les ministres seraient recrutés au cours d’un Loto national, auquel chaque citoyen français de plus de 25 et moins de 65 pourrait s’inscrire, sous réserve d’un casier judiciaire vierge et d’une adresse sur le territoire. Cette idée lui était venue lors d’un voyage en Grèce l’année précédente. Alors qu’il siégeait pour des affaires intimes sur un trône bricolé en bois flotté, un fleuron d'art local respectant l'environnement et les directives du sommet de Durban, il avait aperçut un rayonnage garni de livres. Il découvrit ainsi le principe de la Boulée dans un bouquin d'histoire. Reposant l'ouvrage, il se mit en quête d'une autre lecture. Une reliure rouge l'attira. Il lut sur la couverture: L'Esprit des Lois signé d'un certain Montesquieu. Le nom ne lui évoquait rien. Un danseur de sirtaki sans doute. Ouvrant le livre au hasard, il tomba sur ces mots: «  L'amour de la République dans une démocratie est celui de la démocratie; l'amour de la démocratie est celui de l'égalité...Chacun devant y avoir le même bonheur et les mêmes avantages, y doit goûter les mêmes plaisirs, nourrir les mêmes espérances ». Lui qui manquait d’idées, se trouva soudain bien éclairé. Il rit, émettant simultanément quelques gaz fétides dus à la grande quantité de crucifères que son régime minceur lui imposait d’avaler, avant de fomenter ce plan, qu’il se promit de garder pour lui jusqu’au lendemain de son élection. Il y avait tant de jaloux en manque d'inspiration lui tournant autour qu'il devait rester prudent. Il imagina alors donner la même chance à chacun en s'en remettant au hasard. Pourquoi pas après tout? Les années de crise avaient montré que l'emploi de sur-diplômés aux plus hauts postes de l'Etat ne garantissait pas le bonheur et encore moins la richesse. Les gens d'en bas feraient l'affaire. La suite fut simple à concevoir. Tous ceux qui le souhaiteraient pourraient s'inscrire sur le site Internet : www.gouv.loto.princeminister.fr.  

 Le logiciel attribuerait à chaque citoyen candidat un numéro qui serait tiré au sort lors d’une grande soirée médiatisée au titre prometteur: « Notre avenir, c’est les boules!» 

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