Ma,

louzaki

 Maman,

Je ne sais pas si je t'ai écouté quand tu me disais que grandir est difficile. Que la vie avec les autres est dure.
Je ne pense pas. Mais j'aurais dû.

C'est bien trop compliqué de devoir faire face à tous ces sentiments parfois contradictoires.
C'est difficile de ne pas haïr, de ne pas envier, de ne pas en vouloir.
C'est difficile d'aimer, d'accepter sans compromis, de toujours faire mieux.

Je pense sans cesse à l'avenir. Au mien. À celui de mon amoureuse. À ceux de mes amis.
Je pense aux autres et à moi. J'essaye de tout concilier. Mais je n'y arrive pas.
Je suis trop émotive. Pas assez forte. Trop idéaliste. Pas assez mature.

Je veux encore un calendrier de l'avent chaque premier décembre.
Je veux aussi continuer à aimer.
J'aimerais être un enfant un peu adulte. Ou un adulte un peu enfant.

Je me rend compte que je grandis. Et je n'aime pas ça. Je me sens vulnérable Maman.
Je sais que j'enfouis mes émotions au plus profond de moi. Mes larmes ont le goût du regret ensuite.
Je sais que je me cache derrière un masque.
Pourtant, je sais rire. Je sais être heureuse. Il y a des gens merveilleux qui m'entourent. Des gens tellement bons. Tellement gentils. Des qui vont et qui viennent. Des qui ne bougeront pas.
J'essaie d'aider ceux que j'aime. Parfois, je n'y arrive pas. Je m'enfonce dans le doute. C'est le noir.

Je ne m'aime pas Maman et je ne veux pas que tu me demandes pourquoi.
Je rêve de mieux.
J'aimerais être mieux que moi. Je sais bien que les erreurs sont humaines. Mais je n'ai pas l'impression que je vais pouvoir continuer à faire tant d'erreurs.

Rien de ce que j'ai vécu ne se ressemble. La solitude. La tristesse. L'amour. Tout est différent. Tout aura une répercussion sur moi. Mais je trouve ça dur. Dur à supporter. Dur à comprendre.

Parce que Maman, je ne suis pas seule. En grandissant, je me suis entourée. J'espère en bien. Parfois, j'ai envie de partir en courant et d'oublier tout ça. De ne plus jamais recommencer.
Mais je pense à M., à A, à toi. Je me rend compte du bien que ces gens me font. Parfois du mal.
Mais je sais que j'en fais aussi, du mal.

C'est peut être ça le plus dur à supporter.
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