Ma biographie

Jean Pierre Squillari

Troisième enfant, né grâce au docteur OGINO au début des années 50 (1951), j’ai suivi mes études primaires à Aubagne sur les mêmes bancs que Marcel Pagnol, dans l’école où il a usé ses fonds de culottes. Je n’ai jamais eu l’honneur et le bonheur, comme lui, d’assister à la remise des prix de fin d’année pendant ma période scolaire qui s’est achevée brutalement. Je pense qu’un malentendu s’était installé très rapidement entre mes instituteurs, mes professeurs et moi. Ne pouvant le dissiper malgré des efforts que je considère sérieux, le divorce était inéluctable dés ma classe de 4ème.

Alors, au désespoir de mes parents, je suis « monté » à Paris pour m’engager dans la prestigieuse Brigade des sapeurs pompiers. Pendant trois ans, j’ai appris le dur métier de pompier, dans la même lignée que mon père. Moi l’enfant du midi, monter dans le nord pour trois ans minimum ; quelle idée !! Trois ans, c’est énorme dans la brume, le froid et « l’accent pointu. » Trois ans, c’est inhumain loin de la mer, des cigales et de l’odeur des garigues. Moi l’enfant d’Aubagne, de Pagnol et de Garlaban  avait de quoi se sentir dépaysé !!! Trois ans furent d’ailleurs largement suffisants.

A la fin de mon engagement, je suis retourné dans ma ville pratiquer ce métier et inculquer à mes camarades ce que l’on m’avait enseigné à Paris. Bien que dans cette corporation, nous travaillons souvent en haut de la grande échelle, le plus difficile est de gravir les échelons de la carrière professionnelle.

Après plusieurs dizaines d’années, je suis devenu officier pour terminer très prochainement mon parcours professionnel d’une manière fort honorable je pense.

J’ai gravi un à un les échelons, les grades. J’ai côtoyé des hommes extraordinaires en France et à l’étranger. J’ai travaillé avec les médias, écrits, parlés, télévisés. J’ai tourné des films, des émissions de télé, j’ai rédigé un livre grand public sur l’envers du décor, la face cachée de la profession. J’ai participé aux principales interventions qui on sévît dans la région, en France et à l’étranger. J’ai connu la peur et l’angoisse sur certaines missions, la joie et la fierté de sentir à nouveau le souffle d’un enfant après de longues minutes de combat, la résignation lorsque le souffle ne revient pas, la tristesse et la consternation lorsqu’un frère d’armes meurt au combat. J’ai vu la misère lors d’immenses catastrophe mais le sourire et les pleurs de joie d’une maman. En plus de quarante ans de carrière, j’ai grelotté de froid dans des eaux glacées, j’ai brûlé ma peau dans les feux de forêt, je me suis asphyxié dans des locaux enfumés, j’ai perdu la vue dans des tempêtes de feux. J’ai senti les caillasses dans les chauds quartiers, j’ai perçu de la reconnaissance et de l’amitié dans ces mêmes quartiers. J’ai approché la mort, j’ai vu la mort,  J’en ai vu des centaines, je me suis imprudemment moqué d’elle, je l’ai ignorée, je l’ai quelquefois défiée. J’ai eu de la chance, beaucoup de chance.

 Malgré tout cela je n’aurai donné ma place à personne !

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