Ma chemise de nuit(inédit)

Je l'aimais. Comme on aime une part de soi qui vous va, vous enveloppe et vous protège.

Alors, avant de la jeter, je l'ai embrassé. Et j'ai retenu mes larmes.
Comment avoir accepté de dormir pendant des années avec cette chemise de nuit qui n'était plus que trous, et n'avait plus de couleur bien définie. Mais dont le tissu lavé et relavé était devenu comme une étoffe de peau où je pouvais m'abandonner et me consoler de mes souffrances.

J'avais pourtant essayé plusieurs robes de sommeil pour la
remplacer sans succès. Il y avait une sensation d'étouffement dès que je voulais dormir, une démangeaison désagréable qui me rendait soudait nerveuse, et même des 100 pour cent coton qui n'étaient pas assez souples pour ma peau meurtrie.

Enfin, il y a trois jours, j'ai trouvé la remplaçante parfaite.
Légère, douce,très aérée, avec de la fantaisie dans le modèle. J'attends maintenant qu'elle prolonge la sensation de caresse et d'unicité.
Pourrais je encore la porter dans la joie, quand trop souvent la tristesse d'être si malade me fait venir les larmes?
Alors il faut que je pense très fort à tous ceux qui m'aiment, de leur regard, de leurs mains, de leurs sourires, quand les miens ne suffisent plus.

Mais certains jours, le bonheur traverse ma vie. J'ai un appétit joyeux, j'ai envie de respirer l'air à grandes brassées, dans l'ondulation de vent que berce un rayon de soleil.

Que ma nouvelle chemise de nuit continue à témoigner de ce petit miracle.