Ma Compagne, Ma Bretagne

Nathan Noirh

Pensée impronptue pour ma patrie.

Je lui filais des coups de pieds

Comme on renverse une barque

Et devant elle je n'ai que les mains liées

Comme si j'étais complètement barge

Et toi tu n'as que ton regard de méduse

Qui s'en va et qui revient

De ta jettée je sens que tu m'abuses

Si le vol de ton écume me fais planer

C'est que je suis heureux de m'y abandonner

Tu lâches chaque fois les chiens

Ceux qui hurlent comme on hurle à l'aide

Tandis que les moqueurs du ciel battent de l'aile


Chaque fois que je t'embrasse

Je risque la noyade

Mais pas un seul jour ne passe

Sans que je ne veuille étreindre ta danaïde

Qu'elle m'enveloppe de ses bras

Les gargouillis incessants qui ressassent

Et la rupture perpétuelle se célébra

Moi qui traine ma pierre si lourde

Tu ne fais que cracher ta rage

Contre ma carapace ma palourde

Le supplice et la nage

Ni voit là rien de colérique

Pour la fascination de ta venue chimérique

L'insistance de tes revenances

Décidée à me faire tomber

Témoignages de ta désobéissance

Ta persévérance à m'entuber


Le sel que contient ton arôme

Répandu par le trois-mâts condamné

La tournée du bateau fantôme

Celui du Hollandais Volant abonné

Et si tu guides les marins noyés

Pour leur faire atteindre les Bienheureuses

Leurs âmes incapables de franchir les étendues acqueuses

Les Îles Fortunées sauront les choyés

La boucle d'oreille d'or portée

En prévision d'un décès loin de leurs foyers

Et la pièce afin que le batelier de la mort

Soit appaté par l'idée de les emportés

Oh combien ne sont pas rentrés au port ?

Tant de marins tant de maris en sont la preuve

Le regard dur et froid de leurs veuves

Occupées à ramasser les coquillages

Les os des perdus échoués sur le rivage

Arpentant le sillon du Talbert

Oubliés, comme à la pointe du Finistère

Engloutie par les flots, la cité d'Ys

La faute au seigneur des vagues, Taranis


Mais si parmi tout ce chahut

La beauté existe sous le nom de Dahut

Ma sirène, fascinante et volage

Toi qui use de ton chant et de ton charme

Mystérieuse du bout de ta voix et de ce que tu incarnes

Tu es la responsable de mon naufrage

Tes écailles et ton écrin

Me guide vers les îles de Lérins

Le digne propriétaire du Diable brun

Elle m'appelle sans cesse

Et je lui réponds de justesse


A cette cohorte des retours salés

La marée qui monte et moi étalé

Les yeux dans la mathématique bleu

Les pieds perdus peu à peu

Les mains dans le sable désert

Le corps qui s'enfonce dans cette terre

Pour elle c'est une habitude

Mais pour moi, ma solitude

Aide-moi Ma cocagne

Accompagne-moi le long de mon bagne

Pour qu'enfin je regagne

Le lit de ma Bretagne

Celle qui fut ma Compagne...

  • Les îles de Lérins, tu es exilé dans le sud alors? Remarque c'est bien joli les îles de Lérins, ça vaut presque Hoedic et Houat, la foule en plus évidemment...

    · Il y a presque 11 ans ·
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    arthur-roubignolle

  • Et bah, chapeau !
    Au risque de paraître bête, daïnade ?

    · Il y a presque 11 ans ·
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    mark-olantern

    • Merci ! En vérité, c'est une faute de frappe. Le véritable mot est "Danaïde"... Dans la mythologie Grecque, ce sont les cinquante filles du Roi Danaos, après avoir épousés leurs cousins et les avoirs mis à mort, elles sont condamnées aux enfers à remplir sans fin un tonneau sans fond. Le "concept" me rappelait la mer en quelque sorte.

      · Il y a presque 11 ans ·
      Adhesif alu brosse noir charbon brillant

      Nathan Noirh

    • Merci pour l'info et jolie métaphore. Ce poème est très beau, vraiment.

      · Il y a presque 11 ans ·
      Img 0483

      mark-olantern

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