MADAME PICHON

franek

MADAME PICHON

                            -Bonjour, mâme ‘’ l’aguicheuse’’, oui, c’est encore moué mâme Pichon des Coquibus, j’viens chercher ma p’tite pension de pensionnaire.

                                   -Oui, vous dites, mâme ‘’la guicheuse’’, comme hein ? ‘’guichetière’’, ah, bon, si vous voulez, faut donc que j’dise ‘’mâame la guichetière’’, oui, oui bon, j’connaissais point vot’e nom : voulà c’est fait, mâme Laguichetière. Moi c’est mâme Pichon des Coquibus, comme hein ? Si je suis noble, parbleu oui, la noblesse du cœur, ah, ça serai mieux d’dire ‘’madame la préparée à l’accueil’’, pourquoué pas, si ça vous plaît, c’est vous qui voulez, voyez-vous !!!

                                   -Dîtes, mâme ‘’la préparée qui cueille’’ où que ça est pour toucher ma pension de pensionnaire, oui quoi ? On dit pensionnée et pas pensionnaire, d’accord s’il faut dire comme ça pour toucher, moué j’veux ben. Alors où’s que ça est pour toucher ma pension de ‘’ponctionnée ‘’???

                                   -A ‘’l’aguiché’’ n° 9 pour la retraite des mieux, merci, j’y va tout go si c’est pour toucher plus, merci mâme la’’supposée’’.

            (Elle fait quelques pas et prend place dans la file d’attente face au guichet)

                                   -V’là, ben, y a la queue à c’t’heure. Y m’ont le mâle en tête à moué, ah, ça est plus comme quand j’étais jeune, j’prenais l’mâl partout. Ya ben longtemps qui y a que là  que j’ai le mal !!!

                                   -Faut que j’me soigne sinon j’va encore être malade de la tête.

            (Elle ouvre son sac et fouille avec frénésie en sortant les objets les plus étranges)

                                   -J’va me prendre un p’tit médicament, ouais, c’est ma pilule à moué, de couleur rose sans épine. La bleue c’est pour le cafard, oui ça tue les cafards ce cachou. Quand j’mâche ce bon bonbon, ça m’calme en douceur et profondeur, c’tte potion ‘’ma chique’’ !!!

            (Elle relève la tête de son sac et regarde droit devant elle, se mettant sur la pointe des pieds)

                                   -Vingt dieux, quelle est longue c’teu queue. Malgré que j’a une grande expérience de la part de mon ancienne ‘’profession de foi’’, j’en vois plus l’bout.

            (Elle joue des hanches et des épaules et fait mine de s’avancer en se frayant un chemin dans la foule)

                                   -Pardon, M’sieur, pardon, j’suis âgée, née râleuse et pis j’âme pas attendre, pardon …Pardon, merci.

                                   -Ouf, nous y v’là enfin, vous parlez d’un sport pour venir toucher de loin un p’tit peu d’argent. J’sais pas pourqoué y viennent le samedi matin, y savent pourtant ben  que c’est l’jour de marché, y pourraient y venir un aut’e jour au ‘’paiement songe’’. Faut y que les genss soient bêtes quand même. J’suis sûr que l’reste de la s’maine, l’bureau est désert comme l’crâne d’un ministre, moué,  j’l’ vois ben quand j’amène Bébert promener. Non môssieur, Bébert, c’est pas mon p’tit fils, c’est mon ‘’ espagnol- allemand’’ un chien qu’a migré chez nous, chez moué, en tout cas.

                                   - Ah ! Enfin mon tour.

            (Elle se penche au guichet et incline la tête en tendant l’oreille)

                                   -B’jour, mâme la ‘’quiche tiède’’, oui c’est moué mâme Pichon des Coquibus, j’viens chercher ma p’tite pension de ‘’ponctionnée’’, comme ma dit vot’e ‘’conne d’sœur’’, oui la ‘’ préparée à l’accueil’’, moi à mon  grand avis, sa préparation l’a pas ‘’finite’’. Oui, c’est elle qu’a m’a ‘’syndication née’’ qu’ici la retraite c’est mieux.

                                   -Pardon, vous voulez quoi ? Ma carte ??? Mais j’a pas de carte sur moué, vu que j’suis venue en pieds avec la carpe pour s’il pleurait. J’avons pas besoin d’carte, comment ? Pas une carte rentière, j’connais la route. Ah, pas pour toucher ma ‘’rentation’’ tout de même ? Oh, ben, faut une carte … commun vous dîtes … Une carte ‘’d’identition’’, oui j’l’a  et j’vous l’attends mais pas pour longtemps, hein ? Pour sûr qu’j’suis pressée et même ça urge !!!

                                   -Quoi,,, vous dîtes ma carte est ‘’père y met’’… mais c’est dingue ‘’l’père y met ‘’quoi ??? Y met qu’elle est ‘’castruc’’ et c’est pour ça qu’y a un truc pour toucher ma ponction de rentière.

                                   -Mais, bon sang de ‘’sidamnation’’, j’suis ‘’conne nue ‘’ici, c’est y la première foué qu’on m’veut voir ma carte ‘’de dentition’ pour toucher mon pécore, excuse mon ‘’pet cul’’. Z’estes nouvelle et vous m’connaissez pas, p’être mais vous allez apprendre ou à laisser pour m’connaitre… et pis d’puis tout c’temps qu’on cause, vous m’connaissez maintenant, ben vrai ??? Allons ma p’tite dame, grouillez-vous d’me la donner ma ponction de l’état !!!

            (Se retournant elle fait un geste derrière elle)

                                   -Regarez y, la queue s’allonge et même commence à s’ dresser contre vous, mâme le ‘’guichet tiède’’, les gens ‘’rousse pètent’’ partout !!!

                                   -Comm’un ??? Z’êtes bien entamée pour vot’e âge, vous !!! Z’êtes quoi ??? ‘’Trésor dure hier ‘’ impayable, ça ben oui, j’m’ suis rendu compte, vous êtes plutôt mal débouchée et vous avez pas donné le mien d’compte. Hâtez-vous ‘’mon trésor d’hier’’, c’est pas demain que j’veux mon ‘’allo –caution’’. L’queue devient agressive, c’est comme à la noce, elle monte, elle monte… Plus qu’y a mes avarices qui m’gonflent tout aussi que vot’e vice d’ailleurs, faut être ‘’ficelarde’’ pour pas payer la r’traite des planqués à une pauv’ p’tite vieille.

            (Elle se retourne et regarde derrière elle en toisant quelqu’un)

                                   -Oui, qu’est-ce qui m’veut le p’tit môssieur, là derrière, à pousser comme ça ? Y a pas le feu à la fontaine, non ?? On peut attendre son tour comme tout ‘’admini-géré’’, pas vrai ?

J’suis comme vous une ‘’admise sinistrée’’, j’a les même droits et gauches.

                                   -Comment ça, j’vous a passé devant, z’êtes gonflé vous, y propose galamment sa place  puis y râle, c’lui là. Mais arrêtez y d’poussez comme ça !!!  y pousse tel un bœuf…moué, j’avons qu’vous allez me passer dessus dans ben pas longtemps…J’suis ‘’pus des pétasses’’, moué, d’jà que vous m’escrabouillez les pieds, y démarre sur les chapeaux de rond c’ti vieux !!!

            (Se retournant vers le guichet, franchement agressive)

                                   -Alors, ça viens ???Car ça commence à bien faire c’t’histoire !!! Oui, je sais, ma carte est ‘’ père et mère’’, c’est pas ma faute si ma carte de donation est ‘’transvasuelle’’, d’mon temps on disait ‘’bique-bouc’’, oui comme le baron au stylo.

            (Relevant la tête elle regarde vers le fond du bureau)

                                   -Oui, bonjour m’sieur le directeur, comment ça pourquoué j’fais tout c’bazard, mais cett’ dame là, la ‘’déposée au piquet’’, veut pas m’donner ma ponction menstruelle’’, rapport à ma r’traite des pieux !!!

                                   -Merci, m’sieur le directeur, sans vous vot’ ‘’ très hors d’elle’’ m’donnait pas mon pédicule qu’il faut pour vivre un mois de plus.

            (Elle ramasse les billets et recompte plusieurs fois)

                                   -Y z’avaient dit que là, c’était mieux mais y a le même compte                                          

que la dernière fois !!!

                                   -Quand même, c’est y pas un affaire de l’état et des affaires dans l’état, c’est pas ce qui manque à c’t’heure !!! 

                                   -J’vous remercie, m’sieur le directeur, j’vous remercie, m’sieur le directeur…. J’vous remercie… j’vous…

            (Elle sort à reculons en faisant des courbettes).                    

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