Made in France et gueule de bois

Mathieu Jaegert

La bûche sciée made in ici...

Le concept de redressement productif est bien une notion made in France, une idée faite de bric et de broc pour donner un coup de fouet à des filières de la même veine fragile, subissant des gueules de bois sévères. En revanche, le made in France n’est pas un concept français, il a été pompé, le « made in ici » étant largement répandu ailleurs. Les Chinois ne nous ont en effet pas attendu pour développer le Made in China ! Le Ministre du redressement productif, homme au franc parler et à l’euro sceptique, est chargé de remettre en état, à tout-va, et sans langue de bois.

Parmi les branches aux abois, c’est précisément la filière bois qui est la dernière concernée par un plan de sauvetage. C’est ce qu’on apprend en parcourant les colonnes des quotidiens et hebdomadaires nationaux. Les services du Mini-stère ont dû bûcher dur et touchent du bois désormais. Les éminences grises espèrent, après le pull strié made in France, la bûche sciée labellisée de la même façon ! Bien sûr, c’est toujours le même refrain : « jouons pipeau, hautbois et résonnent les clopinettes issus des plans sociaux. » Mais cette fois, le Ministre se dit justement que le pipeau en bois est l’instrument idoine pour  relancer les emplois. C’est donc avec plus d’assurance encore qu’il a saisi son bâton de pèlerin et qu’il a fait feu de tout bois pour annoncer une foule d’aides à la ronde. Il n’y est pas allé par le dos de la cuillère, et on a vu de quel bois il se chauffait. Un plan aux petits oignons ! Oui mais voilà c’est bête, les cébettes, ça fait pleurer ! La prudence est donc de mise, d’autant qu’en France on ne sait pas faire simple. Les mesures sont rarement déchiffrables, parasitées par des normes et des lois nébuleuses, c’est souvent du Chinois. En Chine, ils ne s’embarrassent pas avec les règles, et c’est tout autant du Chinois ! Allez comprendre !

Là-bas d’ailleurs, ils ont visé juste pour le bois. Dans les mêmes journaux, à la même page que l’initiative française, on découvre que les Chinois ratiboisent à tour de bras pour élaborer un soda. Mais pas n’importe lequel, il s’agit d’un breuvage permettant mieux que tout autre de combattre la gueule de bois. Quand Arnaud Montebourg saura, osera-t-il les contacter pour venir au chevet des filières françaises atteintes de ce mal profond ? Pas si sûr. A moins de lui organiser une rencontre dans un lieu discret, un sous-bois, au hasard…

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