Mæssage personnel
Mona G.
Roxane eut du mal à cacher sa surprise, en ouvrant la porte. C'était « Gaël », et non « Gaëlle » comme elle se l'était figurée lorsque l'esthéticienne, le matin même, lui avait détaillé le déroulement de la journée. Passé ce léger trouble, elle se ressaisit et le conduisit dans la chambre d'amis.
Pas la tête de l'emploi, se dit Roxane en observant du coin de l'œil « l'esthéticien » à la carrure imposante.
Il avait apporté un grand sac blanc, type polochon militaire et deux vanitys rigides. Du grand sac en toile, il retira un matelas futon, qu'il déroula directement sur le sol. Il le recouvrit de douces serviettes-éponges blanches. Il n'avait presque pas parlé. Pendant qu'il finissait sa mise en place, il invita Roxane à se dévêtir et à passer le peignoir qu'il lui tendait. Elle pouvait garder ses sous-vêtements, si elle le souhaitait.
Elle s'exécuta tout en pensant à David, pour se donner du courage. Elle devait, pour sauver son couple, prendre soin d'elle. Les premiers soins avaient eu lieu le matin même. Elle se devait maintenant d'aller jusqu'au bout, elle, la douce épouse. Elle, Roxane, la femme timide.
Gaël l'accompagna jusqu'au matelas, où il la fit s'asseoir. Il se mit en tailleur, face à elle. Avant de présenter le programme, il souhaitait recueillir ses attentes. Étonnamment, elle se confia sincèrement et sans doute plus qu'elle ne l'aurait voulu. Gaël l'écouta avec empathie, puis conclut par un : « Ce soir, vous serez une femme nouvelle pour votre mari. On va commencer, si vous êtes prête. »
Avant tout, il lui expliqua comment détendre son corps en l'harmonisant avec des énergies positives.
Il débuta par un massage shiatsu de la tête. Roxane était étendue sur le dos, Gaël agenouillé à sa tête. Ce massage visait à apaiser les tensions au niveau du crâne et du visage, zones de départ de nombreux méridiens essentiellement dirigés vers les organes du ventre et du bas-ventre. Gaël massa sa tête de manière symétrique, en pressions précises et délicates ou en petits mouvements circulaires afin de réguler le ki, l'énergie. « Le shiatsu du visage n'est pas seulement bon pour l'âme ; il rend beau ». Roxane oublia instantanément ses préoccupations et se détendit. Si elle ne se sentait pas particulièrement plus belle, elle se sentait fraîche et radieuse.
Profitant d'une pause, Gaël détailla plus précisément les soins pour lesquels elle avait payés. Il attendait toujours un peu avant d'entrer dans le vif du sujet. Les prestations proposées avaient pour objectifs de redécouvrir et de se réapproprier son corps, pour (r-)éveiller des réactions sensuelles. En un mot pour stimuler la libido. Partir d'une détente et d'une confiance corporelle pour réinvestir une énergie libidinale saine.
Il aborda le « coiffage intime » et, sentant Roxane sur la défensive, Gaël sortit son book. Il se définissait lui-même comme coiffeur intime et était fier de montrer ses créations. Comme dans un salon de coiffure classique, ses compétences se déclinaient sous trois formes : les coiffures, les coupes et les soins/mises en beauté.
La surprise se lut sur le visage de Roxane alors qu'elle feuilletait les premières pages. Jamais elle ne se serait imaginé que l'on pouvait se faire coiffer le pubis. Elle devait admettre que les résultats étaient fascinants. Les photos montraient des poils de toutes les couleurs, du poivre et sel au noir, en passant par des blonds, des bruns et des châtains.
Les premières photos que Roxane examina, montraient des tresses et des torsades. Plusieurs nattes, plaquées à la peau, dessinaient des entrelacs envoûtants. Cela lui plut. Mais lorsqu'elle atteignit les coiffures de mariage, elle resta bouche bée. Le rendu, en plus d'être extrêmement original, était magnifique. Des toisons tressées en treillis délicats, agrémentées de perles nacrées. Elle examina plus particulièrement une des réalisations. En haut du triangle pubien, les poils étaient séparés en cinq mèches, retenues chacune par une petite perle noire ; chaque mèche se séparait en deux, et de nouvelles perles les reliaient deux à deux, formant ainsi un maillage irisé et sensuel, jusqu'à une perle très légèrement plus grosse, à la pointe du triangle pileux, à la commissure des lèvres. C'était discret, intrigant et affriolant.
Puis Roxane tourna les pages du catalogue, pour arriver aux photos des « coupes ». D'emblée, elle trouva le rendu plus trivial. Les premières photos montraient des coupes « classiques » : des maillots naturels aux bords nets, des épilations brésiliennes, américaines et des sexes totalement épilés. Les prises de vues, contrairement aux coiffures, étaient plus plongeantes. On voyait le pubis et l'entrecuisse. Des vues qui lui évoquèrent instantanément la célèbre toile de Gustave Courbet, en nettement moins remarquables. Elle ne pouvait détacher son regard de ces sexes exposés, de ces lèvres sexuelles plus ou moins dissimulées, plus ou moins exhibées. Les épilations brésiliennes montraient de fines lignes de poils sombres qui frangeaient la fente pubienne. Pour les épilations américaines, au-dessus des lèvres lisses et glabres, différentes formes de toison se dessinaient, du cœur au plus classique « ticket de métro », en passant par l'étoile et les motifs tribaux. Avant d'aborder les soins et « mises en beauté », Gaël lui demanda de commencer à réfléchir à la coupe qu'elle souhaitait. Roxane inspira et pointa la photo.
Bien qu'habituellement très pudique, c'est assez naturellement qu'elle retira ses sous-vêtements. Elle sentit le moelleux des serviettes en éponge sous son corps nu. Elle se sentit soudain lasse, elle avait envie de fermer les yeux et de se laisser glisser dans le sommeil.
Il avait une petite tondeuse sans fil à la main. Délicatement, il lui écarta légèrement les cuisses pour glisser la tondeuse dans la toison bouclée. Roxane inspira brutalement sous le contact soudain des vibrations sur son pubis. Gaël, consciencieux, tondait bande après bande, le triangle pileux. Elle sentait son corps se tendre progressivement. Elle aimait les rapides vibrations et, instinctivement, elle écarta imperceptiblement ses jambes. Son vagin se contracta.
Gaël éteignit la tondeuse, elle réprima de justesse un râle de frustration. Elle n'eut pas le temps de détendre ses muscles que, déjà, à l'aide d'une énorme éponge naturelle, l'esthéticien époussetait les poils coupés. Les poils collaient, il dut s'y reprendre à plusieurs reprises. Alors qu'il retirait les serviettes pour en mettre des propres et qu'il avait le dos tourné, elle ne put s'empêcher de poser sa main sur son sexe tondu. Ses doigts rencontrèrent un léger duvet. Comme s'il avait deviné, il lui expliqua qu'il allait finir avec une méthode dépilatoire indolore, la dermo-abrasion.
Il utilisa un bâtonnet qui ressemblait beaucoup à une lime à ongles. Il frotta le duvet court, en mouvements circulaires à peine appuyés. Gaël maintenait délicatement les lèvres entre deux doigts pour tendre suffisamment la fine peau. Mais cela n'empêchait nullement le léger cisaillement de la fente vulvaire. Stimulation du clitoris. Excitation sourde le long des nymphes. Roxane contracta son vagin, espérant que cela passerait inaperçu. La contraction volontaire ne fit qu'amplifier le frissonnement qui sourdait dans son bas-ventre. Et dans une vague de spasmes incontrôlables, elle sentit suinter son sexe. Roxane se mordit la lèvre. Pour ne pas geindre. Pour contenir l'orgasme qu'elle sentait enfler au plus profond d'elle. Gaël, impassible, poursuivait son polissage. Puis, juste avant la montée orgasmique, il stoppa l'épilation. Et comme la première fois, il l'essuya avec l'éponge. Elle ne s'y attendait pas du tout, elle eut la sensation que l'éponge glissait comme sur de la soie. Comme une peau de chamois souple et tiède. Entre ses cuisses.
La tension retomba à peine. Pendant que l'esthéticien rangeait son matériel, le dos tourné, Roxane, curieuse, laissa glisser sa main vers son entrecuisse pour étreindre son sexe. Ses doigts rencontrèrent une peau soyeuse et délicieusement moelleuse. Elle ne reconnaissait pas son intimité, cela lui plut. Elle se laissa glisser. Relâcha un peu les muscles de son corps contenté. Et, avant d'être prise sur le fait, elle caressa une dernière fois son pubis lustré. Elle soupira en sentant la pulpe de ses doigts s'enfoncer dans un tendre velouté.
Gaël lui tendit un miroir. En voyant le reflet de ce sexe inconnu, aussi insolent qu'imberbe, Roxane ne regretta pas son choix de coupe. Sa vulve était offerte, nue, exposée aux regards. Si elle avait été seule, elle aurait sans doute examiné plus en détail son entrecuisse. Sans doute délicatement écarté les grandes lèvres pour exhiber une intimité clandestine.
Les fragrances orientales et épicées de l'huile ranimèrent Roxane puis l'entêtèrent rapidement. Étendue sur le ventre, la tête au creux du coude, elle ferma les yeux pour savourer pleinement le massage. À l'aide de ses poings, Gaël insista sur les deux creux tendres de ses reins, cela détendit le bassin de Roxane. Elle se sentit ouverte, réceptive à toutes les sensations. Elle ne put laisser échapper un soupir de détente. Il suivit imperceptiblement le contour des ses fesses pour pétrir entre ses mains les cuisses de Roxane. De ses pouces, il caressa l'intérieur des cuisses, là où la peau est tellement fine, tellement moelleuse. Il sentit les derniers muscles de la jeune femme se relâcher. Il glissa ses mains jusqu'aux pieds puis la fit se retourner, doucement. Elle s'était laissé glisser dans une douce torpeur, son corps était de plomb. Et en même temps tellement inconsistant. Ce massage la plongeait dans un véritable et profond cocon de bien-être.
Il posa ses mains autour de son cou. Il glissa le long des clavicules, jusqu'aux épaules, jusqu'aux doigts. Puis il revint vers le buste. Il glissa ses mains entre la poitrine, jusqu'au nombril, juste au-dessus du pubis. Après plusieurs passages pour accumuler l'énergie vers la zone pubienne, il s'attaqua à la poitrine. Il stimula les zones érogènes afin d'excréter une énergie sexuelle sub-orgasmique et de la concentrer dans les organes sexuels, sans la répandre dans le corps. La libido, ainsi condensée, pouvait attendre plusieurs heures avant d'être réactivée, pour se libérer très intensément, en orgasme sexuel. La réponse au stimulus sensuel était plus automatique, plus rapide et tellement plus intense et submergeante.
Il massa ensuite les alentours du pubis pour y accompagner l'énergie. Ses doigts l'y emmenaient jusque sur les grandes lèvres. Le léger râle qui s'échappait des lèvres de Roxane, indiquait qu'il était parvenu à l'objectif désiré.
Totalement médusée, elle sortit de sa torpeur en l'entendant soudain lister des termes tels que repulper, fond de teint, anticernes, … Elle eut du mal à se reconnecter sur ce discours « technique ».
Il l'avait prévenu que ce maquillage intime pouvait être « déstabilisant », il ne fallait pas qu'elle se sente honteuse ou mal à l'aise avec cela. Il l'avait prévenu, mais elle eut du mal à contenir un gémissement lorsqu'il appliqua, à l'aide d'une éponge lisse et souple, une lotion repulpante pour la base, puis du fond de teint. Il l'étala au niveau du pubis et étira le fluide vers le bas du ventre, vers le creux de l'aine et vers l'arrière, pour éviter des démarcations. L'application par petites touches successives, sur son sexe glabre, lui fit monter une vague irrépressible de plaisir. Ou de désir, elle ne savait plus. Il s'arrêta juste lorsqu'elle sentit un liquide chaud et visqueux s'écouler de son vagin. Elle put reprendre son souffle, elle s'était mise en apnée inconsciemment.
Elle lui avait donné carte blanche pour le maquillage. Il s'appliqua avec ses pinceaux, puis lui tendit un miroir. Elle s'éclipsa un instant dans la pièce voisine, avec le miroir face-à-main. Mais lorsqu'elle revint, Gaël perçut immédiatement le visage troublé de la femme… Il était allé trop loin en lui réalisant un maquillage rouge : il lui avait ourlé les grandes lèvres d'un large trait vermillon. Telle une bouche gourmande. Il proposa aussitôt un maquillage nude, qui fut accepté avec soulagement.
À l'aide d'un pinceau biseauté un peu rigide, il traça des lignes plus sombres au creux du pli des grandes lèvres. Pour amplifier encore le renflement de la vulve, il devait, toujours à l'aide du même petit pinceau, souligner la bordure de grandes lèvres d'une très fine ligne brune. La caresse du tracé la stimula. Pour finir, Gaël utilisa un large pinceau rond, pour déposer une poudre transparente légèrement irisée. Le résultat était magnifique. Son intimité apparaissait dispose, moderne et rajeunie. Elle pensa qu'on ne pouvait avoir qu'envie de ce sexe.
*
Pendant que Roxane passait une nuisette en dentelle dans la salle de bain, David trouvait sur son oreiller une carte de visite. Dessus une trace de baiser rouge carmin et un « Je te rejoins... » tracé à l'encre bleue. En souriant, il embrassa l'impression incarnate.
Il sourit et posa la carte sur la table de chevet. Au dos de la carte, un post-scriptum, qu'il ne lut pas.
« C'est bien l'empreinte de mes lèvres, mais pas celle de ma bouche...
Je t'aime »
Joli !
· Il y a plus de 9 ans ·Chronos
Merci...
· Il y a plus de 9 ans ·Mona G.