Maître Gobie Yasha et Maître Roubi

veroniquethery

Mes maîtres à écrire... Mes parenthèses aimées... Enfin, bref, un petit délire !

 

En élève appliquée, j'ai décidé d'écrire un texte en suivant les conseils de Maître Roubi, pour lequel j'éprouve la plus grande admiration.

Certes, il ne vient qu'en 70ème position dans ma liste d'auteurs favoris. Je placerai en premier Flaubert, en second Julien Gracq, en troisième Jules Amédée Barbey d'Aurevilly. Je vous épargnerai la liste intermédiaire, tout en faisant remarquer que l'un d'eux, un certain Homère, usait et abusait de « l'Aurore aux doigts de rose »…

  Bon, laissons de côté ma Bibliothèque idéale (d'autant que c'est l'un des titres d'une de mes chroniques, qui ont été éditées, l'an passé, sous le génial titre d'  « Apparences et Transparences », toujours disponible (et pour cause !) à la vente).


  Premier conseil du Magister (je tiens à placer de-ci, de-là quelques mots latins, non pour jouer les pédantes ; mais afin de contribuer, avec la plus grande modestie, à la sauvegarde des langues anciennes, tant attaquées ces temps derniers. Ce matin déjà, au salon de toilettage, après avoir écouté les élucubrations de la Jean-Louis David des caniches sur l'énervement simultané des chiens et des enfants depuis quinze jours – la dame semblait si affirmative que je songeais soudain à Aymeric Caron soutenant, samedi soir, à Léa Salamé qu'elle avait autant de valeurs qu'un moustique -, je lui expliquai patiemment que les langues « mortes » pouvaient être fort utiles : ainsi, 60 000 termes médicaux viennent directement du Latin et du grec ancien. Fichtre  ! Je m'éloigne du sujet !


  Voilà en fait où réside le problème. Maître Roubi nous dit : « vous pouvez avoir des idées géniales, mais avec de mauvaises tournures ». Sauf que c'est là où le bât blesse/bas blesse/b abbesse !

  Avec cette réforme de l'orthographe, on ne sait plus comment écrire. La toiletteuse le disait aussi : « Mais, avec cette réforme, ils vont nous obliger à écrire en SMS ! Mais, c'est horrible ! Moi, le français, c'était ma matière préférée ! D'ailleurs, je voulais être journaliste ! » . J'ignore pourquoi les gens se croient obligés de me dire, dès qu'ils apprennent que je suis enseignante, s'ils étaient bons ou non en français. C'est comme si, en rencontrant un dentiste, vous ouvririez, toute grande votre bouche ; pour peu que vous soyez un peu pulpeuse, blonde, à la poitrine généreuse, ledit praticien pourrait aussitôt se faire de bien étranges idées… Et, imaginez si vous rencontriez un proctologue…Bon, je dérive encore. Cela étant, ce n'est pas très grave. Ni Maître Gobie Yasha, qui a l'habitude de nager en eaux troubles parmi les requins, ni Maître Roubi n'ont précisé que faire des parenthèses était un souci majeur.


  Apparemment, le problème essentiel est d'éviter les « mauvaises tournures ». Je suis d'accord avec lui. De toute façon, les jupons, ce n'est plus vraiment à la mode de nos jours. Certes, si vous êtes un auteur envieux de devenir un nouveau Balzac (« Caroline marche à la Elssler, en agitant sa tournure de la façon la plus andalouse » - Balzac, Ptes mis., 1846, p. 102) , et que vous plongez votre héroïne dans les temps reculés, où internet n'existait pas encore, le conseil est judicieux. Mais, ce n'est pas mon cas. Mes personnages féminins sont à mon image, libérées de toute contrainte. Vous seriez frappés par leur force, quand, happées, par un flot de pèlerins, sous le soleil de plomb d'un hiver automnal, elles vous emmèneraient dans un lit de coussins moelleux. Diablesses imaginatives, elles métamorphoseraient un détective alcoolique en poète imbécile, qui darderait welovewords de sonnets ridicules sur d'épiques aurores aux doigts de roses (normal, que ça pique). Elles l'absorberaient lentement, sans la moindre violence, tel une silhouette sur un vieux cliché, jauni par la fumée des havanes...


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