Maman, papa...

carmen-p

Court texte écrit après la lecture du blog Stalker dont le dernier article parle de la filiation.



Maman, papa...


Sur la route de l’existence, nos pas prolongent ceux de nos parents. Si proches de nous, leurs empreintes restent visibles jusqu’au moment où le temps nous les subtilise. De ces marques en creux nous échappent le poids de leur présence à ce monde, l’amplitude de leurs mouvements, la teneur de leurs pensées. Heureux sommes-nous, pourtant, d’avoir pu grandir sous leur protection, d’avoir saisi leur personnalité, celle qui nous a impressionnés et que nous avons dépassée pour ne plus porter d’eux que la part de mystère… Cette part qui nous échappe, nous en ressentons la douleur, elle n’a pas besoin de scalpel, ni de psychanalyse pour être évacuée, elle nécessite simplement d’être reconnue sur le trajet de la filiation.


Déchiffrer ce qui n’a pas été dit, par pudeur, ce qui a marqué une vie, est une œuvre d’envergure. Cela ne laisse que peu de répit, d’autant plus que l’œuvre est à reprendre au fur et à mesure que la connaissance du cœur éclaire un peu plus notre compréhension de l’humain, et cette compréhension dépasse et englobe le seul être qui nous importe.


L’auteur offre ses mots à son père (ou à sa mère) comme le peintre recherche la couleur des sensations, il y travaille jusqu’à ce qu’il puisse considérer, à l’extérieur de lui, l’expression de cette personnalité chère qu’il porte en lui.

Cette vie transmise par nos parents, nous pouvons davantage la décoder par le père pour le fils, par la mère pour la fille. Souvent nous attendons longtemps le jour où ce parent pourra nous parler, mais ce jour arrive rarement — la maladie le précède.

Reste à faire, non pas un deuil, mais un travail de remise à jour. La compréhension passe par le chemin des mots qui explore la vie de ce parent jusqu’à son repli dans la maladie. À ce stade, il est urgent de trouver et de prononcer (mais ce n’est pas toujours nécessaire) le verbe qui délivre, car se profile le bout de la vie… et les empreintes, bientôt, s’effaceront à notre perception.


Carmen P.

  • Carmen, ce texte me touche et je t'y réponds par mes mots gravés dans mes Mots de Marie et dans mon coeur! Merci à toi!

    Papa, maman, de la route sinueuse des mots disloqués, vous voilà réunis pour le meilleur chemin d'éternité !
    Tchao Sœur bâton-de-bambou, enfance blessée aux larmes de feu, cicatrices du passé peureux ! Adieu Manette hurlée aux cieux les jours de solitude, adieu mes parents ! Effacés ces mots amers, disparus avec l'envol des cygnes noirs!

    Bonjour aurore incandescent des demains lumineux ! Bonjour les mots fleuris à l'accent de l'âme légère, neuve comme un premier printemps ! Bienvenus sourires de mots d'enfance heureuse, soleil du souvenir réparateur ! Présence chaude du passé des mots doux des êtres chers. A vous mes parents, je vous offre ces bouquets de mots jetés au ciel, pour enflammer vos âmes, les souder l’une à l’autre. Qu’elles soient une et inséparables dans l’onde familiale qui nous rassemble. Cette onde d’amour retrouvé dans l’allégresse de la route qu’il nous reste à parcourir. Le livre de mes mots pour vous s’achève dans le prolongement de tous ces mots encore en réserve, inépuisables. J’en ai tant et tant encore dans la besace de mon cœur grandi, qu’ils ne cesseront jamais d’animer de colorer mes chemins de traverse.

    Ces chemins de paix apprivoisée où les mots d'amour roi effacent l'ombre des colères…

    · Il y a presque 11 ans ·
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    Colette Bonnet Seigue

    • Merci Colette. Les mots forment une chaîne, seul l'amour en relie les maillons et les voix parlent un langage dont la rumeur survole les siècles et grossit de jour en jour.

      · Il y a presque 11 ans ·
      015

      carmen-p

  • Animateur en maison de retraite je vis au quotidien cet émoi ressenti par certaine famille...Un texte fort et criant de vérité.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Lisbonne 27 29 juillet 2010 028

    Frédéric Cogno

    • Je comprends. C'est nouveau pour moi, même si j'ai accompagné ma grand-mère... mon univers était surtout celui de l'enfance.

      · Il y a presque 11 ans ·
      015

      carmen-p

  • Tu décris si bien ce que nous ressentons Carmen, devant la vie des êtres chers qui nous échappent et les mots manquants comme sur un puzzle inachevé…
    Mais ils nous laissent l'amour en héritage et cela rien ne pourra nous l'enlever !

    · Il y a presque 11 ans ·
    Version 4

    nilo

    • Merci Nilo. Je t'ai répondu...

      · Il y a presque 11 ans ·
      015

      carmen-p

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