Martine

Martine est malheureuse. Elle ne sait pas écrire ses sentiments. Elle voudrait gratter le sable pour toucher le centre de la terre. Là,  elle se blottirait et s'endormirait. Elle ferait des rêves  bleus, verts, comme la nature protectrice. Il y aurait une licorne et puis moi  dans un bois. Je la regarderais dormir et rêver, sans sourciller, sans soupirer. Je lui soufflerais des phrases, des idées pour s'exprimer, dire ce qu'elle pense et ressent. Et puis je l'emmènerais sur ma licorne et je lui apprendrais des chansons d'antan quand nous étions enfants. Je suis son âme d'enfant, elle m'a perdue lorsqu'elle a cessé de donner avec son coeur. Son coeur est devenu sec, dur comme de la pierre, ses lèvres se sont scellées et elle s'est presque tue. Oh! ça bat encore la-dedans, mais doucement, lentement. Je me rappelle comme son coeur battait la chamade quand elle courait à perdre haleine, qu'est-ce qui a bien pu se passer? L'enfance a ses mystères que seule la raison peut comprendre. Elle s'est rendue compte que les autres profitaient d'elle. Ses soit-disant amies. Elles les a quittées et s'en est fait d'autres mais c'était plus pareil. Elle ne parlait pas beaucoup. A l'adolescence elle voulait écrire comme les grands écrivains mais elle sentait une résistance qui la bloquait. Il n'y a qu'en vacances qu'elle se libère un peu. Ses lèvres dessinent un sourire comme un coeur, enfin ça y ressemble. Il ne tient qu'à elle de parler un peu, de s'ouvrir comme un album de Martine. Là, les textes sont simples mais les dessins sont si beaux! Il suffirait d'un peu de lumière dans les yeux de Martine pour qu'elle se sente belle et bien dans ses baskets. Alors les gens la regarderaient ou même lui parleraient sans qu'elle ne sente de blocage. Ce serait un premier pas vers l'épanouissement. Et quand elle prendrait un stylo pour écrire, elle reprendrait ce qu'on lui aurait dit, et elle sourirait à la vie.