Me & Myself

pacemaker

- Une biographie. Ils veulent une biographie ?

- Oui, ta biographie d'auteur.

- D'auteur ?!

- C'est un site pour les auteurs, tu le savais en t'inscrivant non ?

- Oui. Enfin non. Je ne me suis jamais perçu comme étant un auteur.

- Techniquement, tu es un auteur. Tu écris des textes. C'est un fait.

- Oui, bien sur, j'écris, mais ce n'est pas sérieux. Enfin je veux dire que personne ne les lit, ces textes.

- Eh bien voila quelque chose d'intéressant, mets-le dans ta biographie.

- Quoi donc ?

- N'en rajoute pas, pourquoi ne fais-tu lire tes textes par personne ?

- Je n'ose pas.

- Tu as écrit combien de textes ?

- Des nouvelles ? Une vingtaine en dix ans.

- C'est peu.

- Oui.

- Pourquoi si peu ?

- Lorsque je me mets devant le clavier, les mots ont du mal à sortir. Et quand ils sortent, je les hais, je les trouve faibles, mal articulés. Alors je perds confiance, je me hais moi-même et j'arrête.

- Donc chaque nouvelle que tu as terminée t'a coûté ?

- Oh oui.

- Et tu n'as écrit que des nouvelles ?

- Un roman aussi

- Eh bien voila ! Où est-il ?

- Il n'est pas terminé. Et avant que tu ne me le demandes, oui, je l'avoue, je l'ai abandonné par détestation de ce que j'avais écrit.

- A ce point ?

- A ce point.

- Combien de pages fait ce roman ?

- En A4 ? 150.

- Humm, il t'a tout de même fallu plus de temps pour le détester, celui-ci.

- En effet. J'écrivais deux chapitres par semaine.

- Quelqu'un l'a lu ?

- Une femme, rencontrée sur un forum littéraire. Elle disait avoir été correctrice par le passé. Elle m'encourageait. Elle relisait et corrigeait mes chapitres. Enfin, elle proposait des corrections.

- Et quel effet te faisait cette période ?

- J'avais enfin un sentiment de complétude. J'aimais cette vie. J'étais impatient de rentrer le soir pour écrire.

- Mais tu détestes ce roman maintenant ?

- Oui.

- Pourquoi, puisqu'il a été corrigé et que tu as reçu des encouragements ?

- Je peux faire mieux.

- N'est-ce pas un peu prétentieux ?

- Non, je ne pense pas avoir de talent particulier, mais en travaillant je peux faire mieux.

- Mais si tu détestes ce que tu écris, pourquoi persister ?

- Parce que je ne conçois pas d'autre but à l'existence.

- C'est si important?

- Oui

- Et là, comment te sens-tu ?

- Mieux.

  • Beau dialogue que mon double prof et moi comprenons très bien ! (y a un monde fou dans le crâne de ces auteurs de WLW !). Une biographie rapide mais percutante. Bravo et bonne chance ! Voilà la mienne, moins originale !

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Avatar loup 54

    matt-anasazi

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