Me donneras-tu un présent ?

Voilà plusieurs heures désormais que j'attends. J'étais parti loin pour quelques jours qui m'ont paru si long sans toi. Bien sûr, je les ai traversés avec l'espoir de te revoir si tôt rentré. Cela n'a même pas été aussi difficile que je l'imaginais avant de partir là-bas. J'étais confiant encore tout à l'heure.

Des heures sans trop savoir pourquoi tu ne me réponds plus, ni tu ne me laisses aucun signe prometteur que demain nous rassemblera de nouveau. Tu comprendrais sans doute que cela me plonge dans une incertitude folle et terrifiante. Je crois comprendre sans vraiment l'accepter que tu me refuses volontairement cette connaissance du futur qui me rassurerait pourtant. 

Alors chaque minute sans savoir creuse un plus les rides de mon front. Alors chaque heure qui m'éloigne d'hier sans me rapprocher d'un lendemain heureux avec toi, n'a que la saveur des derniers instants de la vie. D'ailleurs, il me semble qu'ils se transforment aussitôt en passé poussiéreux, en ruines sans souvenir, presque sans âme. 

Pourtant, je refuse, en luttant avec mes dernières forces, d'abandonner mon futur, notre avenir, à mes sombres pensées. J'y crois encore comme un enfant entamant son dernier tour de manège. Tu vas me sourire comme à chaque fois et me prendre par la main. Non ? Dis-moi !

Je sens que la panique me détourne de la voie du bonheur. Je ne peux m'empêcher de perdre la vision optimiste des jours ensoleillés que je rêve de partager dans tes bras. Bientôt, il ne me restera que la nuit. J'y serai mieux peut-être, caché de toute lumière illusoire. Et dans cette invisible frontière entre ce que je croyais être l'avenir et ce qui est déjà notre passé, se dessinent en noir les heures creuses de ton absence. Le jour attendra pour les effacer, j'en suis certain. 

Je ne te demandais qu'un présent à vivre près de toi. Trop, tu penses ? Comment faire autrement ai-je envie de te dire ?...