Meilleurs vœux, ordure

shalimar

« La vie, une comédie pour ceux qui pensent, une tragédie pour ceux qui sentent » ( Jonathan Swift )

 Quitte le donc ce faussaire des sentiments, cet escroc au cœur de pacotille, ce mercenaire des beaux parleurs, ce receleur de promesses en toc, voilà ce que lui soufflait son cœur depuis quelque temps.

Alors un matin elle s'en est allée avec son cœur en or 24 carats qui cognait fort dans sa poitrine et ses larmes de diamant qui scintillaient dans le pâle soleil d'hiver. C'était le 31 décembre, un beau jour pour une rupture.

Le lendemain, elle ne manqua pas de lui envoyer une carte au message elliptique « Bonne année, ordure » avait-elle écrit de sa main fine et nerveuse.

Puis elle rassembla tous ses souvenirs et les cala dans sa valise couleur de blues. Au fond, elle entreposa les plus lourds : d'un côté les mensonges, de l'autre les mots blessants. Au-dessus elle rangea les plus légers, qui étaient aussi les plus beaux. Ainsi et lorsqu'elle ouvrirait la valise, elle ne verrait qu'eux.

Elle marcha longtemps et sans répit. La valise pesait lourd, à cause des paroles blessantes et des mensonges, alors elle se dit qu'il était temps de s'en débarrasser. En fin de matinée, c'était le premier janvier, elle alluma un grand feu et tenta de les brûler, mais ils résistèrent. Par respect pour l'environnement de sa très chère et très belle île, elle ne pouvait, ni les abandonner sur la route, ni les jeter à la mer. Alors elle décida que c'était à elle de rejoindre à jamais les vagues dansantes et , sous l'œil vert sombre des grands pins parasols, elle plongea dans l'eau glacée et se noya. Le vent, qui agitait leurs aiguilles aux senteurs de résine, murmurait :

- « Tous nos vœux d'amnésie, ma chérie ! » mais c'était trop tard, elle ne pouvait plus l'entendre.

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