Mémoires.

benjamin-g

J'ai le souvenir d'elle nue,
D'elle venue et repartie.
Je me souviens de moi perdu,
Entre les murs entre les cris
De sa voix crue, sa volupté,
De sa voûte voulue.


Venimeuse inconnue,
Vaporeuse folie
Je me souviens de toi
Qui file entre mes doigts
Comme les étoiles noires
Aux toiles d'araignées.

Mes yeux

Ne cessent de saigner.

Je ne me souviens de rien.
Ni de ses mains,
Ni des matins,
Ni de ces maintes nuits
De caresses au venin.
De l'ivresse au chagrin,
Je ne me souviens de rien,
Ni des violons violents,
Ni de son vit brûlant.

Je ne me souviens plus.


Je me rappelle sa bouche.
Je me rappelle son ventre,
La boucle de ses hanches,
Sa nuque blanche et sa gorge fendue.

Je me rappelle

Son corps étendu,
Et les nuits engorgées
De son souffle éperdu.
 
Je ne sais plus son nom,
Ni sa folie solide,
Son lit de solitude.

Je ne sais plus sa beauté

Ni la mienne,

Et,
Si je suis insolente,
Je ne suis plus si belle.

Décibels, aux silences
Je ne suis plus fidèle.

Je ne sais plus me taire.
 
Je revois son regard.
Au hasard d'un rêve,
Au sommeil j'entrevois
L'œil hagard des soleils égarés
Qui brulaient autrefois
Mon sommeil.

Et je revois les loups les lunes
Et les nuits mille et une
A crever d'amertume.
 
J'ai tout oublié,
Au fond d'un verre,
Au son de l'air
Et du vent.
Au versant
De mes paroles en sang
J'ai versé quelques vers
Et quelques larmes d'encre.


Comme un sablier plein
J'ai renversé ma peine,
Et j'ai tout oublié.
 
Je me souviens le dur.
Je me souviens le tendre,
Et j'entends le murmure
De ses reins fendus dans l'esclandre.
Et je feins de me pendre
Au fil de ma mémoire,
Et je meurs dans l'éclat blanc,
A la brûlure des cendres.
 
Je ne me rappelle rien,
Ni ses lèvres ni le vin,
Ni la fièvre ni le teint
De son torse épineux.
Ça vaut mieux;
Je ne me rappelle rien.
J'oubli tout à mon âge.

Sauvage souvenir,
Comme toi,
Je crèverai sans prévenir.

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