Miroir, mon beau mouroir...

vert-de-grisaille

Le miroir lui parlait.

Oui, réellement. Elle y trouvait un reflet déformé, qui s'adressait à elle de la même façon que le miroir magique de la marâtre de Blanche-Neige.

Elle savait que ceci, comme le reste de sa vie, n'était que folie.

Que foutait-elle encore là, elle ne le savait... Mais elle y était. En plein dedans. Noyée, éteinte, la seule lumière qui s'allumait dans ses pupilles était celle de l'aliénation.

"Regarde-toi", lui disait la forme tordue qui lui faisait face.

Elle se sentait presque bien, là. Au moins, elle avait sa logique qui tenait debout, celle de sa douce folie, celle de ses états lamentables.

Elle n'avait qu'à s'y plonger, pour retrouver un monde connu, même s'il était affreux. Toutefois, elle le savait toujours moins affreux que les réalités constatées du monde comme il va.

Elle voulait se vautrer dans ce tourbillon, ce sable mouvant, et se laisser emmener. Que perdrait-elle? Juste la vision sur ce qu'elle n'avait pas eu, ce qu'elle surnommait "l'étincelle", que d'autres appelaient "bonheur" ou "bien-être". Ce truc qui fait qu'on se sent "dans sa vie" et pas dans celle que les autres vous ont choisie... Malheureusement, il fallait faire avec ces "choix des autres" qui, qu'on le veuille ou non, influent fortement sur ce qu'on réalise, ou non.

Elle savait qu'on pouvait toujours, toujours, réaliser quelque chose. Avec plus ou moins de brio, avec plus ou moins de soulagement. Mais elle savait que les choses relevant des sentiments humains, n'étaient rien sans les autres. S'il n'y avait personne pour insuffler un peu de vie, un peu d'espoir, tout était mort en soi.

Et elle regardait ce miroir, seule source de vie...

D'une vie qui défilait avec la lourdeur des minutes s'égrenant dans l'horloge déraillée qu'était sa tête...

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