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-         T'as répété le solo que tu dois jouer ?

-         Pas trop ! Car, en me coupant les ongles ce matin. Je me suis coupé un doigt de ma main. Celui-là ! Enfin, celui-là, qui était là, avant.

-         Merde !

-         D'autant plus que c'était mon préféré.

-         Remarque, tu n'en avais pas d'autres. Tu as toujours joué comme un pied avec un seul doigt.

-         C'est ennuyeux, à présent je vais être handicapé dans mon art.

-         On ne t'en demande pas tant, si tu te contentais du jeu, seulement, ce ne serait déjà pas si mal. Ecoute, Hervé, on en a discuté avec le groupe,  nous te conseillons de te réorienter.

-         Vers un autre instrument ?

-         Non, vers un autre métier. Tu as toujours confondu la musique avec le bruit. Essaies d'être maréchal-ferrant.

-           Y'en a plus ! Tous disparus par solidarité avec les gardes champêtres, déjà éteints et enterrés.

-         Dommage, c'était un titre ronflant. Que faites-vous dans la vie ? Je suis maréchal-ferrant, ça en jette dans les salons mondains !

-         Tout le monde est antimilitariste, de nos jours. Ça l'fait plus.

-         C'est vrai que le prestige de l'uniforme a pris du plomb dans l'aile.

-         Ecoute, ne désespère pas. Va à Popol Emploi. Ils te trouveront un truc auquel tu n'aurais jamais pensé pas toi-même, si tu avais eu la faculté de penser, et qui, Ô miracle, te plaira, alléluia !

-         J'en doute, s'il n'y avait, ne serait-ce, qu'un seul truc sur Terre, de ce genre, ils l'auraient tous déjà pris pour eux seuls ?

-         Bon en un mot comme en une phrase. T'es viré !

-         Fallait le dire plus tôt, cela m'aurait évité de répéter ce solo de merde sans mon doigt-favori-joueur.

Et plombier ? c'est pas mal, ça ! Non ?