Moi, Léa, maîtresse de Brad, Pit

ginie-s

SYNOPSIS :

C’est là que je raconte ma vie ?
Ok.


Moi, c’est Léa, presque 30 ans. Je partage ma vie avec mes DVD de Matt Damon et Brad, mon Pitbull à langue baladeuse.
Mes journées s’égrènent paisiblement au rythme de mon job de photographe dans un magazine racoleur, des coups bas de ma collègue frigide (ou vierge, que sais-je), des fous rires avec ma meilleure amie et des embuscades du Gang des fossiles, mes voisines grabataires.
Jusqu'à la matinée qui va bousculer cette routine bien lubrifiée. La convocation de trop dans le bureau de "Jean-Cul", mon boss à mèche folle et, surtout, la rencontre avec Laurent et sa femelle Labrador, Angelina.

Nouveau job, nouveau mec, nouvelle vie…
Sérieusement, vous m'avez crue dans un champ de pâquerettes, à courir avec Carrie Ingalls ?
Ce serait sans compter sur une non-invitée pas assez mystère, un curé trop sexy, une cousine dans le placard, une vengeance diabolique et une révélation tardive.
Allez, installez-vous, je vous raconte tout ça.
 

DEBUT DU ROMAN :

LUNDI 31 JANVIER

L'air est doux, le soleil se couche lentement sur la plage de Malibu. Au loin, en maillot de bain rouge, équipée de bouées, Pamela Anderson, toute d’autobronzant vêtue,  court au ralenti, suivie d’une nuée de mouettes.

Matt me prend tendrement la main.

-   Léa, you’re the most beautiful girl in the world. I never expected to meet a girl like you (oui, Matt parle américain. Et moi, je le comprends).

Je me pince. Fort. Matt Damon me regarde comme un légionnaire une chèvre, moi, Léa, reporter photographe à Nous sommes là pour vous aider, mensuel racoleur qui fait de la détresse son fonds de commerce. La pression de sa main puissante sur la mienne me ramène ici, attablée sur la plage privée de sa villa californienne, les talons de mes Louboutin plantés dans le sable. Il sourit alors que sortent de nulle part quatre hommes masqués, portant uniquement des instruments de musique. Oui, uniquement. Mais je trouve ça normal. Que des inconnus balancent leurs attributs sous mon nez alors que je suis en train d’avaler des bulots ne me coupe même pas l’appétit.

Lorsqu’ils s'installent sur une estrade à deux mètres de nous et qu'ils attaquent les premières notes, je pousse un cri en reconnaissant ma chanson préférée : With or without you. Matt éclate de rire (mon Dieu, cette bouche...) et, quand ils ôtent leur masque sur un signe de tête de mon hôte, je manque de tomber de ma chaise. C’est eux. C’est U2 !

Je crois rêver. Je suis à Malibu, avec l'homme qui nourrit mes fantasmes les plus indécents depuis que l’écran de ma télé s’était figé durant deux jours sur son torse nu dans Will Hunting, en train d’assister à un concert du groupe U2 à poil. Et je suis sereine, comme si je faisais ça tous les jours. Comme si j’étais face à Gérard, dans un bar PMU, à applaudir Frank Michaël.

Au deuxième refrain, Matt, désinhibé par la musique et les cocktails, s'approche doucement de moi et m'offre le plus torride des baisers. Ses lèvres se posent fermement sur les miennes, et, tandis que je me laisse aller à un frisson prometteur, il commence à émettre d'étranges grognements, comme des ronflements. Je décide de ne pas en tenir compte, c’est peut-être sa façon très personnelle d’exprimer son désir, ou une coutume d’outre-Atlantique. Je préfère me concentrer sur l’excitante sensation de sa bouche entrouvrant la mienne… jusqu’à ce qu’il dégaine sa langue râpeuse et se mette à lécher vigoureusement mon menton, mes joues, mon front, inondant mon cou d’un filet de bave.

Et  merde, Brad, dégage…

Brad, c'est mon chien, un pitbull croisé clown qui partage ma vie depuis cinq ans. Il me fixe de l’air contrit de celui qui a fait une bêtise, ses pattes avant posées sur le bord de mon lit. Ma première réaction est de lui en vouloir d'avoir transformé mon plus beau rêve en un atterrissage pour le moins humide et odorant. Puis je regarde mon radio réveil, qui diffuse comme chaque matin With or without you, et le remercie d'être là. Il est huit heures, je dois être au boulot dans une demi-heure.

A peine deux heures plus tard, j’arrive au journal. Je suis une championne.
Je balaie du regard l’espace grisâtre qui abrite nos bureaux. C’est un open-space, c'est-à-dire que nous sommes parqués dans des box exigus, un peu comme les chevaux dans une écurie, sauf qu’on n’est ni nourri, ni brossé. Et que personne ne nous monte sur le dos, sauf les jours de fête.

Par chance, le boss n'est pas encore là. En revanche, je n'échappe pas au regard plein de reproches de Chloé-la-fouine, la seconde photographe du journal, qui doit son surnom à son visage pointu transpercé d’une paire d’yeux reflétant une curiosité malsaine et à sa petite bouche pincée, comme si elle était en permanence en train de sucer des citrons. Je décide de la snober et vais directement voir Max, mon binôme rédacteur, pour m'informer du programme du jour.

-  Salut Léa, t'es tombée du lit ? me demande-t-il d'un air moqueur en scrutant mes cheveux qui n’ont pas bougé depuis le passage du peigne.
On dirait que je viens de passer sous les rouleaux de l’Éléphant Bleu.

-  Je suis désolée de constater que tu n’y connais rien aux tendances capillaires. Bon, quel est le programme d’aujourd'hui ?

- Mon fils est autiste et aucune école ne veut de lui, répond-il.

- Ha bon ? T’as essayé les menaces?

- Non Léa, c’est le sujet du reportage du jour !

- D'accord, ton humour est resté dormir un peu, ce matin. Bon, la matinée va être longue, on va encore faire dans le pathos... Je sens que je vais avoir besoin d’un café, t’en veux un ?

Nous passons la matinée à élaborer la trame de l'article et à lister les questions que nous poserons à cette maman désespérée qui pense que passer dans le journal fera changer d’avis les directeurs d’école. Enfin, entre deux cafés et après nous être raconté nos week-ends respectifs.
J'adore Max. Apaisant, à l’écoute, beaucoup d’humour... à ses heures.
Dommage qu'il soit si moche.

A midi, comme tous les jours, je rejoins Anna, ma meilleure amie, dans notre brasserie favorite.
Je connais Anna depuis le collège. Nous nous sommes perdues de vue après le bac, car nous avions choisi des voies différentes et j’ai eu l’excellente surprise de la retrouver il y a trois ans, à mon arrivée à Paris. Le soir de mon emménagement, en quête de sel pour assaisonner mes pâtes, je suis allée frapper à la porte de l’appartement collé au mien, croisant les doigts pour que mon nouveau voisin soit 1) de sexe masculin, 2) célibataire, 3) totalement canon et 4) complètement subjugué par ma petite personne dès le premier regard. Au lieu de ça, je me suis retrouvée face à un visage que je connaissais par cœur, même s’il avait troqué ses boutons contre quelques ridules. Anna et moi nous sommes sauté dans les bras et avons vite retrouvé notre complicité d’antan.

Fidèle à notre rituel anti-déprime du lundi, je me suis arrêtée au kiosque acheter nos magazines people favoris, histoire de nous moquer un peu. Le nouveau front de Kylie Minogue ressemble à un cul de macaque.
Mais aujourd'hui, Anna ne rigole pas. Elle me confie que le cabinet d'architectes dans lequel elle est employée est en danger et qu'ils songent à se séparer de certains collaborateurs.

- Et bien entendu, je serai la première sur la liste, déclare-t-elle, les yeux pleins de larmes.

- Mais non, Anna, comment pourraient-ils se passer de toi ? Tu es la plus demandée, les clients ne veulent que toi !

J’en rajoute un peu mais je suis une bonne amie.

- Oui mais coucher avec le patron et éviter le licenciement pourrait être considéré comme du favoritisme et se retourner contre le cabinet. J'ai peur Léa, je ne veux pas partir, j'aime trop mon job.

- Anna, on ne peut pas exactement dire que tu couches avec Jacques. Même si j’espère que tu le fais. Votre relation est plus sérieuse qu’une simple partie de jambes en l’air et tes collègues le savent très bien. Tiens, regarde la nouvelle coupe de Rihanna, ça va te faire relativiser.

De retour au bureau, je remarque que tous mes collègues travaillent sagement dans leur box. Jean-Luc, mon patron, et sa mine chafouine, sont là. Et semblerait que je sois la cause de son humeur. D’un signe de tête, il m'ordonne de le rejoindre dans son bureau. Oui, parce que lui, il a un vrai bureau, avec des photos de ses enfants, des plantes, des lithographies et tout et tout.

- Oui ? Comment allez-vous chef ? dis-je innocemment, ne pouvant détacher mon regard de ce détail qui m’a toujours fascinée : la mèche qui part de sa tempe droite, recouvre son crâne huileux et vient se plaquer derrière son oreille gauche. Une vraie oeuvre d'art.

- Epargnez-moi votre air enjoué Léa. Je me suis laissé dire que vous aviez, encore une fois, oublié d'arriver à l'heure ce matin.

Quelle pétasse, cette Chloé.

- Je suis désolée, Jean-Luc. Mon chien était malade et j'ai dû le veiller jusqu'à ce qu'il s'endorme. Ça ne se reproduira pas, je vous le...

- Ne promettez pas Léa, je ne crois plus en vos promesses. Je fais partir un avertissement en recommandé aujourd'hui. C'est la dernière fois.

C'est avéré, ils ont oublié la fonction empathie lors de sa fabrication.

- Mais quand vos enfants sont malades, vous faites comment ? Brad est comme mon fils, je ne pouvais pas le laisser comme ça !

- Et c'est sans doute parce que vous aviez pleuré que vous aviez les yeux collés et la trace de l'oreiller sur la joue.

Aïe.

- Heu… oui, comment vous le savez ? Ça vous fait pareil quand vous pleurez ?

Devant son air sérieux, je rends les armes et me dirige vers la sortie en grommelant.

- Quelle garce cette fille.

- Heureusement que je peux compter sur des collaborateurs de confiance comme elle. Enfin, le sujet est clos. Je suis là jusqu'à huit heures ce soir, je compte sur vous pour rattraper votre retard. J'espère ne pas vous voir courir vers la sortie à six heures pile comme d'habitude. Sur ce, au travail.

- Bien chef.

En regagnant mon box, j'aperçois Chloé qui discute avec Jacky de la compta et m’adresse un sourire triomphant. C’est là, à cet instant précis, qu’elle devient officiellement Chloé-la-connasse. Je ne sais pas ce qui me prend, mais sans que je puisse l’arrêter, mon majeur se lève et se tend face à elle. Je le regrette aussitôt en voyant les regards choqués de tous mes collègues. Alors j'éclate de rire comme si je venais de faire une grosse farce et je pars me cacher dans les toilettes.

Il faut vraiment que je sois moins spontanée.



  • Merci beaucoup pour ces compliments !

    · Il y a presque 14 ans ·
    L e049e1d6c0d651656efeeb3a83ba8d7c orig

    ginie-s

  • Voilà une idée fumante comme je les aime. Bibine Poivron aurait adoré aussi.

    · Il y a presque 14 ans ·
    Extraterrestre noir et blanc orig

    bibine-poivron

  • une bouffée de fraicheur, un personnag attachant, des rires à foison, bref, j'adore et j'ai hate de le voir publier et de pouvoir le lire en entier.. Les aventures de Léa j'suis fan, à recommander à tous!!!

    · Il y a presque 14 ans ·
    Default user

    jupette

  • une bouffée de fraicheur, un personnag attachant, des rires à foison, bref, j'adore et j'ai hate de le voir publier et de pouvoir le lire en entier.. Les aventures de Léa j'suis fan, à recommander à tous!!!

    · Il y a presque 14 ans ·
    Default user

    jupette

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