Mon camping-car

Sur la route de l'école, je rencontre un vieux pote. Vu, nos âges avancés, même, si elle ne nous avait pas virés bien avant l'heure de la sortie, nous avions largement dépassé le temps de s'y rendre, lui comme moi, bon admettons, bien que je fisse toujours plus jeune que ce vieux débris. Mais peu importe, car notre rencontre se fit, néanmoins, à proximité d'une école, d'où ce « sur la route de l'école. » dans le récit, qui n'apporte rien de plus, d'ailleurs, à l'intensité dramatique du dit récit, mais bon, continuons, quand même… par charité, messieurs-dames ! Allez, soyez sympa, quoi, que diable ! Misère !

J'étais au volant de mon camping-car, incognito, avec des lunettes noires, une perruque rousse, plus un sombréro pour la touche ambiance déco.

Merde ! Le pote, en question plus haut cité,  me reconnait quand même, il faut dire qu'on est membre du même club, il me connait bien. Il me dit.

-         Qu'est-ce que tu fais dans ce camion, tu ne roules plus en Jag ?

-         Si, bien sûr ! Mais, là, j'ai pris ce truc pour faire des courses.

-         Tu n'as des gens pour faire les courses, comme tout le monde ?

-         Si, bien sûr ! Mais… c'est un peu gênant.

-         Quoi d'avoir des gens ?

-         Mais, non ! Monte je vais t'expliquer.

-         Attends, tu m'as toujours dit que tu abhorrais les camps de camping, que c'était d'un vulgaire ordinaire de roturiers embourgeoisés par le Grand Capital et je te retrouve au milieu, pour ainsi dire, d'un camping-car, le fanion même de la bœuf-attitude.

-         Je vais t'expliquer, mais surtout ne le répète à personne (Naïf, que je suis) Voilà, je t'ai déjà parlé de mon problème de l'autonomie restreinte de ma vessie. Donc j'ai demandé au vendeur, un véhicule avec commodité et voilà ce qu'il m'a sorti.

-         Il n'avait pas plus petit ?

-         Non ! Il parait que les camping-cars, juste avec des toilettes, ça n'existe pas. Tu es obligé de prendre le salon, la chambre nuptiale, les chambres d'amis et le grenier en plus, même si ça ne te sert à rien.

-         Merde !

-         Comme tu dis, t'imagines quand je dois faire un créneau avec cette péniche ?

-         Non, je ne préfère pas, quand je sais que tu n'arrives même pas à garer une trottinette.

-         Comme tu dis, je suis dans la merde, par contre, si je suis bloqué dans un embouteillage, tranquille ! Une petite envie me prend, je prends ma lampe électrique, je vais jusqu'aux entrailles du machin et je pisse dans des toilettes classes, tout confort. Je reviens au volant une demi-heure plus tard et on n'a même pas avancé d'un train de pneu, génial, non ?

-         Ouais ! Faut voir, je n'suis pas trop chaud.

-         Pourquoi hésites-tu ? Allez passes au camping-car, comme moi. On va s'amuser !

-         Mon problème c'est que j'aime bien ma Mercedes confortable et que je n'ai aucun problème de prostate.

-         Oh, ça, c'n'est rien du tout, je connais un très bon chirurgien, il va t'arranger ça, en deux coups trois matelots.

-         Quoi ?

-         Ben, tes problèmes de non-prostate, après être passé entre ses doigts experts de mains de fées, tu les auras, toi aussi, les problèmes de prostates comme tout le monde.

-         Tu crois ?

-         Certain !

-         Bon, ok, disons que je vais essayer et si ça marche, on fera une virée à saint Trop. J'imagine la gueule des copains quand ils vont nous voir arriver avec ces horreurs ! Génial ! Grand ! Great !

Plus original, il n'y a que le caribou ! On va faire un véritable tabac !