Mourir un peu

Enfin seule pour divaguer

Enfin seule pour s'entendre

Enfin seule pour mourir

Tu sais que la mort te guette par le trou de la serrure

Et enfin tu comprends que la solitude est la seule et unique condition pour mourir 

Alors tu décides de mourir

Et tu comprends enfin l'ami qui meurt à chaque devanture

Tu comprends que la solitude est belle 

La solitude est l'unique vérité de ta condition humaine

Et le ciel n'y peut rien

Ni même l'air que tu respires

Un moment, tu crois que ta respiration s'arrête 

Pour laisser pénétrer le silence

Il emplit tes poumons 

Jusqu'aux oreilles

Et enfin tu comprends l'ami

Qui ne compte plus

Ni les dessous

Ni les dessus

L'ami qui meurt à chaque devanture

Et qui renaît sans envergure 

Tu savoure la plénitude du vide

Ce soir personne ne veut de toi

Et tu ne veux de personne

Tu connais la musique

Et de visages blêmes 

Tu ne te contrarie point

Ils ont aussi la solitude et la mort dans la peau

Soudain tout te paraît clair

Et beau comme l'inalienable vérité 

Et de ton aliénation 

Et celle de tes semblables

Tu te confonds dans le néant 

Avant toi

Après toi

Il y aura encore la musique

Il y aura encore la vie.