Mystères de la rivière

                        Mystères de la rivière

Y’a près de chez toi, discret ruisselet

Bordé par la mousse et rouges sorbiers

Vas y faire ton tour, lors qu’il fait si beau

Pour faire des pâtés, pé-pelle et seau-seau

C’est pas un grand fleuve, juste un filet d’eau

Tu es bien tranquille, touristes sont barrés

T’en fais pas Minou, y’a pas de crapauds

Seulement des grenouilles, yeux écarquillés

L’Ance se tortille, méandres compliqués

Traverse les champs, là, où ça lui plait

Glougloute ravie, n’est pas embêtée

Les sources chez nous, sont pas polluées

Cillent les libellules, juste à la surface

Volètent sans bruit, faisant du sur place

Nuées de moustiques, viennent t’embêter

Se jettent sur ton nez, pour le suçoter

Faut être patient, trouver son galet

S’asseoir et attendre, les beaux freluquets

Ils vont se pointer, vairons, poissons chats

La truite quant à elle, se méfie de toi

Si t’as de la chance, tu apercevras

Mésange charbonnière, se poser vers toi

Surtout bouges pas, observes ses manières

Au bout de son bec, y’a un petit ver

Si tu fais silence, on ne fait plus cas

Ni de ta présence, ni de ton image

La nature sympa, s’habitue à toi

Si tu la respectes, elle t’en apprendra

Armé de tes bottes et de ton filet

Affrontes le courant, vas-y farfouiller

Y’a des coquillages, menus crustacés

Personne ne s’en doute, mais toi tu le sais

J’aime trop les truites, pour leur faire du mal

J’imagine de là, toute leur angoisse

De se voir piégées, et se faire pêcher

Par cruel hameçon, aux pointus crochets

Frétillent lentement, avec élégance

Contournant rocailles, racines et ajoncs

Elles font leur marché, de pauvres moucherons

Gobent d’un seul coup, une bulle pour récompense

Faut être attentif, pour suivre leur manège

Elles se courent après, ensemble s’amusent

Se volent la becquée, toujours pleines de ruse

Retournent dans leur nid, prendre leur petit dèj

La plupart des gens, savent pas regarder

Pourtant, il s’en passe, près de la levée

Le pauvre pêcheur, doit se contenter

Du menu fretin, qu’est à sa portée

Dans les aquariums, ces bocaux vitrés

Y’a des poissons rouges, qui restent bouche bée

Moi, je n’aime pas les voir prisonniers

Les bêtes sauvages, préfèrent liberté

La truite vagabonde, sur le fil de l’Ance

Un quignon de pain, des fois lui balance

Mais pour l’attirer, ça peut prendre des heures

Se fait désirer, Belle du Seigneur

Rarement ça marche, souvent ne mord pas

De toutes nos astuces, n’en fait aucun cas

Vive comme une anguille, si elle est surprise

Une seule vibration, elle déguerpit

Ce qu’il faut s’en voir, pour vivre peinard

Les hommes, ces rapaces, ratissent les rivières

Qu’est-ce qu’on ferait pas, garnir gibecière

Pour se régaler, truite belle meunière

Les bêtes sont pas faites, pour être mangées

Leur vie bien réglée, élèvent Minounets

D’un tendre vermisseau, faut bien les nourrir

Minuscules gardons, aussi veulent grandir

Le matin, bonne heure, tu passes à côtés

D’un ruisseau bavard, faudrait t’arrêter

Mais tu ne dois pas, rater la rentrée

Le courant qui passe, s’écoule à jamais

Pêcheur à la ligne, déballe attirail

Se prend pour Cousteau, mer de corail

Ce temps à la gomme, lui dit rien qui vaille

Il faudra attendre, que vienne l’orage

Seul, sur ton rocher, t’en restes baba

Les poissons d’avril, fleurissent au printemps

Dansent la carmagnole, font des entrechats

Juste pour le distraire, le gentil brigand

JC Blanc      octobre 2012  (pour Sacha Qinchounet)