Nane

Susanne Derève

Nane,
 
Ton désespoir est trop bruyant
Laisse la place aux ci-devant
Fais donc silence
 
Ton temps passé que restes-tu
Sur cette terre qui a trop bu
De tes souffrances
 
T'accroches-tu à cette vie
Comme croit la ronce au pâquis
En abondance
 
Et quand ta main tremble le soir
Que tu tâtonnes dans le noir
Quelle importance
 
Nane,
 
De ne pas croire au paradis
Ne donne pas droit de survie
Ton impudence
 
A vouloir défier le sort
Et à contraindre ton vieux corps
Sans complaisance                                                           
 
N'appelle pas miséricorde
D'aucuns te fourniraient la corde
Et la potence
 
Nane,
 
Aux prunelles où brûle encore
Le doux regret des amours morts
D'une romance
 
Quand je poserai dans tes mains
Mon visage comme aux matins
De mon enfance
 
Devineras-tu dans mes yeux
Cette larme comme un aveu
D'impuissance
 
 
 
Illustration : La Suppliante (Picasso)
 
 
 
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