Navigation

Par le passage ouvert, a fendu la lumière et largué les amarres. A défait la matière et desserti l‘anneau.

Entré sans dire un mot, il a gonflé les mats, soufflé les alizés et dénudé les brises.

Et sur la pente offerte aux cris des avirons, a jeté les filets et repris les étais.

Si sur les courbes lisses, il a craint les vertiges, là, dans les eaux épaisses il laisse les tangages se rougir de saison. Enfermé dans les songes, il ouvre aux horizons les yeux de sa mémoire et regarde sans rêve.

Il lui a dit : je veux, là, je veux ce que donne les navires embarqués dans les deltas secrets. Il lui a dit les mots, ceux que le sable verse aux planchers défoncés des barques délaissées.

Et le corps a cédé les flots et les reflux des excédents de larmes, des excès de soupirs.