Ne me parle de rien

Olivier Memling

Je respire ces doigts qui t’ont caressée

que de fêtes en la vie 

le ciel et l'eau, la cathédrale et la montagne

les oiseaux, les chevaux, la grande houle végétale

vos corps si différents et vos ardeurs si pareilles

la maison dans les bois et l’odeur des fougères

mon canot baptisé  «le démon de midi»

la mer qui se renverse sous le voilier  qui vire

et ma flèche deux fois bandée vers l'impossible

 

j’ai rêvé avec toi ces vagues d‘équinoxe

dures, blanches et fortes sous les paquets d’embruns

comme les flammes hautes des âtres anciens

venant à bout des brouillards

des pluies, des suies   

 

ne me parle de rien

que de l'enfant solaire

dont tu serais la mère

dont je serais le père

si nous n’étions pervers

si le monde était bien

Signaler ce texte