Ne pas casser d'oeufs est une affaire de confiance

oreline

Concours LUNII – une fille – un labyrinthe – un apprenti magicien – un robot avec un coeur

Lolita est en vacances chez ses grands-parents. L'air pur de la campagne, la verdure ainsi que le chant des oiseaux sont un vrai bonheur pour la petite fille, qui ne connait que la ville et les immeubles à perte de vue.

Allongée sur l'herbe verte au fond du jardin, elle regarde les nuages approcher puis s'éloigner. Pieds nus, elle écarte les orteils pour essayer d'arracher quelques touffes d'herbes.

« Salut, je m'appelle Hector ! Tu veux jouer avec moi ? »

Lolita se relève et regarde le garçon. Il a l'air sympathique. En plus, ici, elle n'a pas beaucoup d'amis.

Elle est sur le point d'accepter, lorsque son regard tombe sur le panier vide que sa grand-mère lui a donné une heure plus tôt en lui demandant :

« Lolita, peux-tu aller chez la mère Pascale et me ramener une douzaine d'oeufs ? 

- Tu es sûre, mamie ? Je vais sûrement en casser la moitié à mon retour… »

 

« D'accord Hector. Mais d'abord, je dois aller chez la mère Pascale. Pourrais-tu m'y accompagner, car je ne connais pas le chemin ?

Hector accepte sans aucune hésitation.

Lolita se lève d'un bon, enlève l'herbe coupé qui parsème sa robe, prend son panier ainsi que son sac à dos qui la suit partout.

Tous deux s'en vont sur le chemin de terre, qui s'enfonce dans la vallée. Pendant une dizaine de minutes, ils suivent un petit ruisseau, qui les mènent jusqu'à une intersection.

« Les deux chemins mènent à la ferme de la mère Pascale. Celui de droite est plus court, mais nous oblige à emprunter le labyrinthe de Grocher, dit Hector.

- C'est quoi ce labyrinthe ?

- Il y a très longtemps en arrière, un jardinier fou a eu l'idée de créer un immense labyrinthe avec de hauts buissons. On raconte que certains s'y sont aventurés et n'en sont ressortis que trois semaines plus tard, affamés et assoiffés !

- Je n'ai aucune envie d'essayer ! Je suis sûre de me perdre si je rentre dans ce labyrinthe ! Prenons le chemin le plus long et le plus sûr ! »

Hector lui répond alors :

« C'est dommage de parler comme ça. Si tu n'essaies pas, tu ne sauras jamais si tu peux y arriver ! Moi, je suis convaincu que tu peux ressortir facilement de ce labyrinthe. Et puis, si tous les gagnants étaient partis en perdant comme tu le fais, ils n'auraient jamais gagné !

Lolita, piquée dans son amour-propre accepte finalement de suivre Hector sur le chemin de droite. De hauts buissons se dressent alors devant les deux jeunes enfants. Il s'agit de l'entrée de ce bien mystérieux labyrinthe.

Ils pénètrent à l'intérieur. Ils empruntent les passages au hasard. Au début, Lolita trouve cela presque amusant. Mais, au bout d'un moment, elle a l'impression de tourner en rond. Elle a mal aux jambes et elle a soif!

Deux longues heures s'écoulent. A bout de nerf, Lolita s'écrie :

« Je n'en peux plus ! Je veux sortir de ce labyrinthe ! Je t'avais dit que je n'arriverai pas à trouver la sortie !

- Si tout le monde baissait les bras aussi rapidement, il n'y aurait jamais de gagnant ! » 

Lolita, pour ne pas montrer sa détresse, se remet en route. Une demi-heure plus tard, elle trouve enfin la sortie et constate avec bonheur que la ferme de la mère Pascale n'est qu'à une centaine de mètres de là.

« J'ai réussi ! Et sans ton aide, en plus ! Comme je suis fière de moi ! 

- Moi aussi, je suis fier de toi ! En fait, je ne t'ai pas tout dit : je suis apprenti magicien et j'aide les enfants qui en ont besoin. Je t'ai entendu dire à ta grand-mère que tu allais sûrement casser tous les œufs et je me suis dit que tu manquais de confiance en toi. C'est pour cela que je t'ai fait ce test. Lolita, tu peux faire de grandes choses si tu t'en donnes la peine et si tu crois en toi. N'oublie jamais ça. En attendant, je souhaite t'offrir un cadeau. Que veux-tu ? »

Lolita sort de son sac un vieux robot.

« Pourrais-tu donner un cœur à mon robot ? Je l'aime beaucoup et j'adorerais entendre son cœur ».

Hector s'exécute et le cœur du robot se met à battre. Lolita saute dans les bras de l'apprenti magicien.

« Merci beaucoup Hector ! A chaque fois que je poserai mes yeux sur mon robot je penserai à toi et je reprendrai confiance ! Je vais aller chercher les œufs et je peux t'assurer que je n'en casserai aucun ! »

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