Nom d'un chien!

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Je déteste les chiens, j’en ai une sainte horreur et quand ma sœur me demanda gentiment de passer nourrir la bête en son absence j’avais tout simplement envie de lui dire que son amour pour le compagnon le plus fidèle de l’homme était pour moi incompréhensible. Non mais c’est vrai, les léchouilles sur un groin humide à la respiration suffocante trop peu pour moi. Je ne vous fais pas le topo de leurs déjections qui soit disant porteraient bonheur…c’est dire le pouvoir des admirateurs canins, qui ont réussi à faire rentrer cette idée dans l’inconscient collectif (va falloir m’expliquer le rapport entre les excréments et le bonheur… dans ce cas arrêtons de lancer du riz sur les nouveaux mariés et souhaitons-leur encore plus de bonheur!)

Il faisait vraiment très chaud pour un mois de juillet, le genre de chaleur humide et étouffante qui donnait envie d’avoir des branchies pour ne pouvoir vivre qu’exclusivement dans l’eau. Ma sœur avait ce petit studio en plein cœur de Paris bien trop petit pour le prix qu’elle payait et surtout pour y vivre avec un labrador adulte ! Je n’ose imaginer ce qui devait se passer dans la tête de la pauvre bête quant aux perspectives de ses journées…Cela faisait deux jours qu’elle était partie et si mes souvenirs sont bons je devais vérifier que tout allait bien une fois tous les deux jours. Ce fut ma première visite. En ouvrant la porte pas d’accueil canin stupide du genre « un humain entre dans une pièce je dois donc célébrer son entrée en lui tournant autour, aboyant et pourquoi pas lui donner une déjection de bonheur ». L’appartement était calme, trop calme même. Je sentais que ce calme était de mauvais augure. En effet, allongé près d’un bol d’eau vide gisait le labrador inerte, pas un souffle, pas un doute, non il ne dormait pas, il était mort. Bien que mon cœur ne se portait pas pour la bête, j’avais quand même un cœur mais surtout un cerveau qui, à ce moment précis, ne fonctionna pas normalement et me dicta de faire quelque chose de stupide. Les pompiers ne se déplaceraient sûrement pas pour un chien et quant à faire venir un vétérinaire je n’osais même pas  imaginer le prix de la facture…Je pris donc la décision de l’y emmener moi-même… en métro. Le seul souci et pas des moindres était comment le transporter ? Ni une ni deux, je le mis dans l’immense valise qui trônait au milieu du salon, la dimension était parfaite et elle avait des roulettes. J’avais omis le fait qu’un labrador adulte pèse lourd, très lourd…Ce fut le pire calvaire de ma vie. En y repensant, je me demande quelle mouche m’avait piquée pour avoir une idée aussi saugrenue, même du Beckett semble moins absurde…Bien sûr, sur mon chemin aucun escalator, le seul était en « maintenance », oui, vous m’aurez compris, le sort s’acharnait ! Et ajoutez à cela la chaleur épouvantable et vous avez le parfait cauchemar ! Quand soudain, mon sauveur arriva. Un jeune homme qui respirait la bonhommie me proposa tel un gentleman de m’aider et porta ladite valise. Avait-il à ce moment précis basculé dans la complicité d’homicide involontaire ? A vrai dire c’était le cadet de mes soucis…Quand soudain ayant lui aussi beaucoup de mal à porter la valise il me demanda ce que je transportais pour que cela pèse aussi lourd. Ce qui se passa dans ma tête à ce moment précis relève de la neuropsychologie. Lui dire que je transportais un chien mort ? Certainement pas ! Je lui dis donc que c’était du matériel informatique, ni une ni deux, il se mit à courir à la vitesse d’un sprinter, dur à croire vu le poids de la valise, le larcin lui donna des ailes ! Je paierais cher pour voir la tête qu’il fit en ouvrant la valise ! Je ne le saurai jamais malheureusement… Je me retrouvai donc en plein milieu d’un couloir de métro les bras ballants n’ayant même pas la force de crier ou de lui courir après…  Qu’allais-je dire à ma sœur ? Pourquoi ne pas avoir demandé de l’aide ? La culpabilité me rongeait, je me pris d’affection pour la pauvre bête espérant qu’elle n’avait pas souffert… Cela ne servait à rien de prévenir ma sœur, à part lui gâcher ses vacances, je décidais donc de lui en parler à son retour, n’ayant aucune idée de la manière dont j’amènerais le problème ni comment je justifierais toute cette histoire…

Quelques jours plus tard je reçu une jolie carte postale de ma sœur avec cette phrase :

« Mon chien va bien il est avec moi, je voulais juste te faire une mauvaise blague pour te montrer que malgré tout tu peux éprouver de l’affection pour un animal, les frais de taxidermiste en valaient la peine, gros bisous, ta sœur »

  • C'est très drôle et bien écrit mais je n'ai pas tellement bien compris la chute ou suis-je trop rationnel ? (un chien taxidermisé c'est raide, vide, léger = empaillé, çà s'oppose à l'idée de corps lourd et pesant dans la valise)

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    Michel Chansiaux

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