Nos amours cristallines : Jours heureux en Croatie

Anissa Filali

Un weekend magique à Pula qui fit naitre le désir de partir à la conquête de contrées inconnues.

Tu sentais bon le sommeil, j'aimais sentir l'odeur de ta peau un peu moite. Cette partie préservée de ton corps, juste derrière l'oreille, à la naissance de tes cheveux toujours ébouriffés. J'aimais y fourrer mon nez, te respirer, te renifler. Notre première rencontre fut brève, mais je m'en souviens comme si c'était hier : tu avais immédiatement réveillé en moi cette envie de voyager, de découvrir de nouveaux horizons et laisser pour un moment derrière moi, derrière nous, la tristesse parisienne.

Et maintenant tu dormais paisiblement du sommeil du juste dans ce lit qui n'était pas le nôtre, dans un pays qui n'était pas le nôtre. La Croatie… Comme j'en avais rêvée. L'Europe de l'Est, ces paysages un peu rudes, le dépaysement total… Mais partir seule ? J'en avais trop peur !

Airbnb, je connaissais sans connaitre. Toi tu étais un vieux de la veille, un amateur chevronné de ce site qui te faisait entrer chez les gens pour partager avec eux leur culture, un verre ou simplement le lit en leur absence. Toi et moi, c'était vite l'amour fou, comme un feu qui s'embrasse au contact d'une branche sèche, notre union était une évidence, un rocher inébranlable et la promesse d'un jour meilleur, d'un jour ailleurs.

Au bout de quelques mois en apnée amoureuse, nous décidâmes de remonter à la surface de ce monde et même d'aller conquérir ensembles les cieux. La Croatie fut votée à l'unanimité par nos deux cœurs en union. Une semaine plus tard, les billets étaient pris, le mois d'après nos valises bouclées. Nous quittâmes Paris sous des trombes d'eaux, pour plonger quelques heures plus tard dans l'eau cristalline de l'Adriatique  

Nous avions choisi l'appartement d'une femme charmante qui sous-louait plusieurs appartements dans sa maison de vacances. Situé à deux pas de la plage, l'appartement était coquet, moderne et tout confort. La terrasse, ensoleillée toute la journée, était grande et accueillante. Le soleil caressait notre peau dès le matin. Mais toi, le matin, tu n'aimais pas vraiment. Recroquevillé sur toi-même, tu quémandais une heure de sommeil supplémentaire. Tes yeux voilés par la fatigue me décrochèrent un sourire. J'enfilais mon short, des tongs et un t-shirt. Un livre de Zola à la main, je laissais derrière moi la jolie maison pour m'installer sur un petit ponton qui dominait une plage de galets blancs. A cette heure de la journée, le niveau de l'eau était encore trop bas pour que mes pieds puissent caresser l'Adriatique qui clapotait sous moi. J'étalais mes affaires sur le ponton comme si ce fut le mien. J'avais le soleil dans les yeux, du sable sous les ongles et ton odeur chaude et réconfortante dans les narines.

Je te savais bien dans ce grand lit, dans cette maison paisible, dans cette ruelle verdoyante, à l'abri des voitures et des passants. Je me sentais chez moi, j'avais mes petites habitudes et me levais plus tôt pour profiter de cette heure solitaire et cueillir le jour naissant. Je ne voulais plus partir. Toi non plus.

Les jours heureux passèrent, défilèrent comme des étoiles filantes, éphémères et précieuses. Le cœur lourd et la tête remplie de souvenirs, nous rendîmes la clef à notre gentille logeuse. Nous lui laissâmes un petit mot avec des cœurs, elle nous offrit une bouteille de la liqueur locale en souvenir de cette belle rencontre.

A l'aéroport, je tenais ta main au hâle doré. Tes yeux bleus sondaient mon visage. Puis, comme une brise d'été, une caresse furtive, un baiser volé, tu me chuchotais à l‘oreille : « Et si l'on partait pour ne pas revenir ? »

Le prochain voyage ? Un petit weekend Airbnb pour découvrir Barcelone et y déposer peut-être définitivement nos bagages.

https://www.airbnb.fr/rooms/2619230?s=Jx3u

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