Notre Dame d'Esclandres
Mathieu Jaegert
De recours en appels, le premier coup de pioche est remis sans cesse. Embourbement imminent pour nouvel aé-report. Le projet s'enlise au grand Notre dam de ses défenseurs qui ont plus les glandes que les landes. Cloué au sol en raison d'interminables turbulences. A moins que le pilote ne fasse encore défaut ? Pourtant, les promoteurs avaient ficelé un dossier en béton. C'était sans compter sur des contestataires réfractaires au bitume, écolos à flore de peau, plutôt proches des chouettes hulottes que des chouettes hublots, ou cultivateurs de patates chaudes et de pommes de la discorde. Les répliques des partisans mijotées à feu doux et fignolées aux petits oignons se sont heurtées à l'intolérance des antis à l'oignon bien cuit. Depuis, les casseroles attachent et s'amoncellent de part et d'autre. La fronde s'est organisée. Un combat de coqs et de cockpit. Le combat de l'aile. Le con aussi, remarquez, à la différence des avions dont les ailes ne battent pas. Les antis protestent et les pros testent des réponses. Les premiers embarquent les médias quand les seconds rêvent d'embarquement immédiat. D'un côté on fait le siège, de l'autre on l'imagine. Si les défenseurs du projet se tiennent à carreau, en face on ne s'en tient qu'aux « haro ! », confondant bocage et blocage. Le camp du oui invoque les pelles, celui du non l'appel. Le site pilote devient terrain de mésentente. Un endroit où on piétine des espèces en danger en même temps que le bon sens part en lambeaux. Contre les classes affaire et économique, les tracteurs CLAAS des détracteurs tractent leurs revendications : c'est la lutte du même nom ! On y croise d'irréductibles Gaulois, à ne pas confondre avec le Baulois non éloigné des hostilités mais qui s'en tamponne le coquillard. Remarquez, lorsqu'on plane comme les zadistes, ne pas éprouver le besoin d'un nouvel aéroport n'a rien d'anormal, certains trouvant déjà leur bonheur dans le rail. Tout le monde s'en mêle et s'emmêle. Militants associatifs ou politiques de tous bords, toutes ailes dehors, tous se noient dans le maquis législatif, plus « legis » que « hâtif ». Si les partisans se contentent d'une ou deux soutes par appareil, les pourfendeurs sont plus gourmands, exigeant que cette mascarade soit dissoute.
Du côté des exécutifs successifs on laisse planer le doute, mais il s'agit bien d'un aéroport, il va donc falloir se décider à atterrir. Las, le gouvernement se croyant bien aiguillé par un personnel au sol naviguant en eaux troubles, opte pour le référendum. Histoire de repousser la décision aux carlingues suisses - comme si les Helvètes en fabriquaient – et aux calandres tchèques - comme si un avion était foutu pareil qu'une voiture ! Fichu pour fichu, il est grand temps de faire revenir d'autres oignons dans une casserole neuve avec une ou deux patates chaudes. Et pourquoi pas organiser une consultation avant l'officielle, un pré-référendum : « Faut-il faire voter les Bretons, seuls les habitants de Loire Atlantique (attention certains se sentent breton), la France entière ? Et les vaches ? ». A ce propos, elles qui aiment tant regarder les trains passer, pourquoi n'apprécieraient-elles pas de voir les avions décoller ?
Bref, sur ce champ de bataille où le triton marbré se confond avec le Riton beurré, dans cette guerre de tranchées aux arguments vaseux – marais oblige – c'est bien cela dont il s'agit : trancher ! A moins de rebaptiser les lieux : Notre Dame des Calendes (grecques).
Fâcheux débordements en effet, la démocratie, ce n'est pas l'activisme
· Il y a presque 9 ans ·Dominique Arnaud
Nantes est bretonne de coeur
· Il y a presque 9 ans ·arthur-roubignolle
Bravo. Belle plume comme d'habitude.
· Il y a presque 9 ans ·Frédéric Cogno