Notre jeunesse.

Aurélie

Amour d'oiseau, part de gâteau.

Je ne sais pas ce que vaut notre amour.

Si, je le sais, je le connais par cœur, je sais qu'il est beau et que pas tout le monde ne croit en lui. Je sais que tu m'as rendue ma jeunesse volée, ou même inexistante à l'aube de nos quinze, puis de nos seize ans. Je sais que tu es proche de moi, comme personne ne saurait l'être. Je n'ai pas honte en ta présence, jamais, je n'ai pas peur. Nos défaites, nos premières fois, nos larmes et nos plus vrais sourires on les a partagés. Notre premier voyage, nos retrouvailles on les a mérités. Tout le temps. Et tellement. Chaque belle chose qui nous est arrivée était méritée. Parce que tout chez nous était sincère. Mais j'ai souvent cru qu'on était trop jeunes et que c'est seulement cette injustice qui faisait que même si nous étions séparables, nous étions aussi incapables de grandir l'un sans l'autre. Aujourd'hui, on a vingt et un ans, et je sais que le bonheur existe même quand tu n'es pas là. Au quotidien, avec des gens si différents. Mais je me demande si j'ai pu le vivre car inconsciemment, je savais que tu étais toujours là, quelque part, même sans savoir comment j'allais, évoluais. Je me demande si c'est moi la source de nos disputes, mon instabilité mes airs de dépressive et mes erreurs. Je me demande si je suis l'insatisfaite, si toi, un autre ce serait pareil, si toutes mes blessures sont guéries, si je suis normale malgré toutes ces merdes, ces pensées. Parfois j'ai besoin de liberté. Je pense à te quitter, et ça non plus je ne sais pas si c'est logique. J'ai besoin de respirer car je ne suis même plus sûre de t'aimer. Je me mélange entre nos désirs, si lointains qu'ils en sont ancrés, d'avenir commun, de maison ensemble, d'enfants aux yeux bleus et mon amour présent pour toi. Ce que j'ai toujours espéré et ce qu'il reste. Et quand on se dispute, je me dis que je ne pourrais jamais supporter d'apprendre à nouveau la vie sans toi, et que j'en mourrais. Je me dis que toutes cette souffrance ces larmes versées, il va falloir être assez forte pour les supporter, les oublier à nouveau. Je me dis qu'on ne peut pas avoir effectué tant de chemin pour tomber, échouer encore, toujours. Qu'on a passé tant de temps à réparer, à s'aimer. Mais je me dis aussi que ça me soulagerait, tous ces efforts en moins, ces efforts qui me fatiguent tant, en plus du reste. Dis-moi, a-t-on raison de s'accrocher encore ? Plus tard, je nous imagine heureux ensemble, mais plus dans les moments où l'on parle d'éducation, de politique, de valeurs. De travail, de sentiments. De France, d'humanité, auxquelles je crois.

Il m'est impossible de concevoir une existence avec un homme qui s'énerve pour un hamburger monté maladroitement, au restaurant.
C'est aussi simple que ça, et j'en suis terriblement désolée.

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