Ma Solitude.

redstars


Elle est assise,
A mes côtés,
Sage et immobile,
Posée et réfléchie.

Je l'ignore avec panache,
Malgré le poids de son regard,
Que je sens ravager
Ce qu'il reste de ma silhouette.

J'aimerais qu'elle comprenne,

Une nuit,
Un jour,
Enfin :
Une fois pour toutes,

Que je n'ai toujours
La moindre envie,
D'accepter d'être son amie.


Tu changeras d'avis,
Je te serai fidèle et à jamais,
En silence te consolerai.


Impassible, elle s'exprime,
Alors me recouvrent,
Ses murmures en échos.

Tant d'écorchures,
Lorsque,
De sa petite bouche rose
S'échappent des lames
Et des barbelés en cœur.

A sa demande,
Un soupir m'échappe,
Et j'en suis désolée,
Ce n'était pas désiré.

J'aimerais que l'on me vaccine
De son entité,
Que l'on me sauve,
De ses petites billes mortes
Qui, je le devine trop facilement,
Me scrutent et me dévorent
Surtout lorsque j'ai le dos tourné.

Elle murmure,
Nimbée mensongère,
Et je craque,
Car craquer
Est tel un passage obligé.

Sans retenue, ni refus,
Me voilà tressant
Ses longues mèches, qui
A chaque insomnie,
Chaque matinée,
Chaque heure,
Se noircissent davantage.

Comme s'il n'y avait plus
De limites aux ombres.

Comme si le noir
N'était que la première marche
De ses ténébreux escaliers.

Ne t'en fais pas,
Ma douce aux yeux tristes,
(je t'aime, je t'aime tant)
Suis-moi,
Suis-moi encore une fois.

Qu'importe que tu
N'aies nulle confiance en moi,
(pour l'instant)
Je sais que tu réaliseras,
(bientôt)
Qu'il est préférable
Qu'à ta mort je sois là.

L'usure est sa quinte flush royale,
Et en tant que victime,
Je ne peux que me taire,
Après tout je ne sais
Comment crier ma peine
Sous cette muselière
Dont elle m'a affublée.

Je comprends,
Tu sais.

Non, tu ne sais rien.
Tu fais juste semblant,
(menteuse !)
Pour que je termine
Ta sinistre coiffe,
Et te suive dans des contrées
Que je ne veux découvrir.

Merci.
( Tu es adorable, ma douce )

La tresse est terminée,
Je crois même
Qu'il y a un ton supplémentaire
A la noirceur de ses cheveux,
Ou alors est-ce moi,
Qui ne parviens plus à discerner
Les tons et vérités.

Merci.

Je suis bien plus jolie
Désormais,

Viens avec moi,
Je te pardonne ces injures
Que tu penses
En croyant bêtement, il est vrai,
Que je ne les entends pas.

Viens avec moi,
Trinquons d'un verre
Cocktail de grenadine amère,

N'oublie pas,
Toujours
Je suis là,

T'en fais pas,
Fidèle et à jamais,
En silence te consolerai.

Qu'importe que tu
N'aies nulle confiance en moi
( Pour l'instant )
Je sais que tu réaliseras,
( Tu verras )
Que c'est préférable
Qu'à ta mort,
Oui,
Moi,
Au moins,

Je sois là,

Pour tenir ta petite main,
( Tu peux me croire )
Celle que tous les autres
Auront lâchée.




  • Magnifique. "cocktail de grenadine amère", c'est le pivot pour moi, le centre de ce très beau dialogue poétique. Merci. Coup de coeur indiscutable.

    · Il y a environ 10 ans ·
    1393171572

    jeanmichemuche

    • Merci :)

      · Il y a environ 10 ans ·
      Zt245dd

      redstars

  • Très beau poème ou comment transcender en mots un de nos maux: la solitude. Bien joué!

    · Il y a environ 10 ans ·
    Img 3637 (1)

    sandocha

  • c'est sublime. De l'art en mot, plus que le gout amer de la solitude. Une transcendance surtout de la souffrance intérieure.

    · Il y a environ 10 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

  • Bel échange. J'aime beaucoup! Comme en écho au final de "La nuit de décembre":

    - Ami, notre père est le tien.
    Je ne suis ni l'ange gardien,
    Ni le mauvais destin des hommes.
    Ceux que j'aime, je ne sais pas
    De quel côté s'en vont leurs pas
    Sur ce peu de fange où nous sommes.

    Je ne suis ni dieu ni démon,
    Et tu m'as nommé par mon nom
    Quand tu m'as appelé ton frère ;
    Où tu vas, j'y serai toujours,
    Jusques au dernier de tes jours,
    Où j'irai m'asseoir sur ta pierre.

    Le ciel m'a confié ton coeur.
    Quand tu seras dans la douleur,
    Viens à moi sans inquiétude.
    Je te suivrai sur le chemin ;
    Mais je ne puis toucher ta main,
    Ami, je suis la Solitude.

    · Il y a environ 10 ans ·
    Un inconnu v%c3%aatu de noir qui me ressemblait comme un fr%c3%a8re

    Frédéric Clément

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