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Note moyenne
4.6
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1092
Elle est assise, A mes côtés, Sage et immobile, Posée et réfléchie. Je l'ignore avec panache, Malgré le poids de son regard, Que je sens ravager Ce qu'il reste de ma silhouette. J'aimerais qu'elle comprenne, Une nuit, Un jour, Enfin : Une fois pour toutes, Que je n'ai toujours La moindre envie, D'accepter d'être son amie. Tu changeras d'avis, Je te serai fidèle et à jamais, En silence te consolerai. Impassible, elle s'exprime, Alors me recouvrent, Ses murmures en échos. Tant d'écorchures, Lorsque, De sa petite bouche rose S'échappent des lames Et des barbelés en cœur. A sa demande, Un soupir m'échappe, Et j'en suis désolée, Ce n'était pas désiré. J'aimerais que l'on me vaccine De son entité, Que l'on me sauve, De ses petites billes mortes Qui, je le devine trop facilement, Me scrutent et me dévorent Surtout lorsque j'ai le dos tourné. Elle murmure, Nimbée mensongère, Et je craque, Car craquer Est tel un passage obligé. Sans retenue, ni refus, Me voilà tressant Ses longues mèches, qui A chaque insomnie, Chaque matinée, Chaque heure, Se noircissent davantage. Comme s'il n'y avait plus De limites aux ombres. Comme si le noir N'était que la première marche De ses ténébreux escaliers. Ne t'en fais pas, Ma douce aux yeux tristes, (je t'aime, je t'aime tant) Suis-moi, Suis-moi encore une fois. Qu'importe que tu N'aies nulle confiance en moi, (pour l'instant) Je sais que tu réaliseras, (bientôt) Qu'il est préférable Qu'à ta mort je sois là. L'usure est sa quinte flush royale, Et en tant que victime, Je ne peux que me taire, Après tout je ne sais Comment crier ma peine Sous cette muselière Dont elle m'a affublée. Je comprends, Tu sais. Non, tu ne sais rien. Tu fais juste semblant, (menteuse !) Pour que je termine Ta sinistre coiffe, Et te suive dans des contrées Que je ne veux découvrir. Merci. ( Tu es adorable, ma douce ) La tresse est terminée, Je crois même Qu'il y a un ton supplémentaire A la noirceur de ses cheveux, Ou alors est-ce moi, Qui ne parviens plus à discerner Les tons et vérités. Merci. Je suis bien plus jolie Désormais, Viens avec moi, Je te pardonne ces injures Que tu penses En croyant bêtement, il est vrai, Que je ne les entends pas. Viens avec moi, Trinquons d'un verre Cocktail de grenadine amère, N'oublie pas, Toujours Je suis là, T'en fais pas, Fidèle et à jamais, En silence te consolerai. Qu'importe que tu N'aies nulle confiance en moi ( Pour l'instant ) Je sais que tu réaliseras, ( Tu verras ) Que c'est préférable Qu'à ta mort, Oui, Moi, Au moins, Je sois là, Pour tenir ta petite main, ( Tu peux me croire ) Celle que tous les autres Auront lâchée.
Magnifique. "cocktail de grenadine amère", c'est le pivot pour moi, le centre de ce très beau dialogue poétique. Merci. Coup de coeur indiscutable.
· Il y a plus de 10 ans ·jeanmichemuche
Merci :)
· Il y a plus de 10 ans ·redstars
Très beau poème ou comment transcender en mots un de nos maux: la solitude. Bien joué!
· Il y a plus de 10 ans ·sandocha
c'est sublime. De l'art en mot, plus que le gout amer de la solitude. Une transcendance surtout de la souffrance intérieure.
· Il y a plus de 10 ans ·elisabetha
Bel échange. J'aime beaucoup! Comme en écho au final de "La nuit de décembre":
· Il y a presque 11 ans ·- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l'ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j'aime, je ne sais pas
De quel côté s'en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.
Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m'as nommé par mon nom
Quand tu m'as appelé ton frère ;
Où tu vas, j'y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j'irai m'asseoir sur ta pierre.
Le ciel m'a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
Frédéric Clément