Ophélie, aussi !

Hervé Lénervé

la plupart du temps, on n'est pas amoureux. Mais quand on l'est, ça change tout.

Je me souviens avoir pris la foudre, une fois, ça décoiffe. Mais je ne vais pas parler de moi, je suis top modeste pour cela, mais plutôt du Petit Raoul, un sacré fieffé vicelard, celui-là. Il finira comme serial killer ou pas loin.

Le petit Raoul était amoureux... de sa cousine, ça passe. Mais, il changea et préféra être amoureux de sa sœur, ça dépasse.

De toute façon, il n'avait rien à perdre, sa mère avait déjà refusé.

Il faut dire que sa sœur avait de quoi émoustiller les garçons, fine et souple à la fois, un jonc parmi les troncs. Et espiègle avec ça ! Une vraie coquine. Comment s'appelait-elle déjà ? Julie, non. Félicie, non. Peu importe, on l'appellera Lulu.

Or, un jour, le petit Raoul qui en était follement amoureux, se glissa une nuit sous son lit. Le lit de Lulu, sa sœur. S'il se glisse sous son propre lit, c'est qu'il est vraiment con.

Bon, il est jeune aussi. Mais ce n'était pas sa première tentative d' attendre que la nuit vienne pour se hisser subrepticement dans son propre lit. C'est sûr, c'est vraiment pas une flèche, le Raoul.

Donc, où, en était-on, déjà ? Ah oui. Une nuit où, le petit Raoul ne s'était pas trompé de lit. Il attendait, les nerfs à vif, les sens aux aguets, en écoutant le moindre froissement des draps dans la nuit. Il respirait au diapason de la respiration de sa sœur. Ils fusionnaient. Son cœur allait éclater en feux de joie. En se contorsionnant, il réussit à glisser une main, je ne serais dire laquelle, dessous les draps. Son pouls battait tous les records, ses doigts, telles les tentacules d'un poulpe visqueux s'insinuant insidieusement à la recherche d'un bout de chaire tiède.

« Aie ! Aie ! Aie » exetera.  Cria-t-il dans la nuit. Il était tombé sur Mistigriffe, le chat qui dormait toujours lové sous les draps d'Ophélie. C'était ça son nom ! Ophélie, je m'souviens maintenant.

Signaler ce texte