Oui ! Mais le bas.

Hervé Lénervé

Elle était nature, ses mots étaient ceux de la jeunesse, ses phrases, celles de la spontanéité encore enfantine, ses répliques, modernes.

Mais le Petit Raoul rôdait dans le coin, alentour. Il l'avait déjà repéré, la gazelle. Il l'avait prise en photo à moitié dévêtue, le bas, se baignant dans une source claire et glaciale. Grâce à un téléobjectif longue focale.

Il était équipé, le Petit Raoul. Il se faisait passer pour un photographe animalier. Mais quand il revenait au village, tout le monde lui demandait : « T'as-t-y pris de belles photos, mon p'tit gars ? Montre voir tes oiseaux, gamin. » Il était bien emmerdé, aussi depuis, il traquait les moineaux pour avoir de quoi à montrer.

Or, un jour, qu'il suivait des plumes, il déboucha sur une clairière où une petite cascade tombait, formant à ses pieds, un bassin d'eau limpide. La clairière de la photo ! Là, où la belle ondine se baignait, mi dévêtue, mais le bas.

Et chose incroyable. Elle était encore là, à se baigner, pareille. Le Petit Raoul n'en croyait pas sa chance, « Dieu est pour les salauds, je me la fais. » Pensa-t-il dans sa barbe. Il se déshabilla et plongea dans l'eau mouillée, aussi sec.

Or, comme je l'ai mentionné à la troisième ligne, huitième mot en partant de Paris. L'eau était glaciale. Si bien que le choc thermique statufia le Petit Raoul en statue. On pourra la mettre sur son cénotaphe.

Mais il ne mourut pas, car la belle, le sortit de l'eau, le couvrit de son corps mi-nu, mais le bas, pour le réchauffer, lui fit le bouche à bouche et lui sauva la vie. Quand il émergea de ses ombres, encore vaseux, il lui demanda, pourquoi tu ne portes pas de bas ?

- Ah, mon maillot ? Je l'ai perdu. Je garde le haut pour faire ma timide, hi, hi, hi.

C'est ainsi qu'ils se quittèrent bons amis, mais en partant le Petit Raoul pensa : « La prochaine fois, je lui retire le haut et je me la fais ! » Le naturel revient au galop.

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