Page Blanche

mr-scarecrow

 

« En effet je vous le dis mes amis ; c'est un vrai plaisir que d'être écrivain. Qui peux en se levant, à l'heure voulu, se dire que la journée sera belle si l'on a décidé qu'elle le sera.

Soyons sérieux … personne. Ou tout du moins pas grand monde. Cela dépend de votre personnalité, du pied qui touchera le premier le sol au saut du lit, de la nuit passée, des rêves et des cauchemars, de votre situation éco-socialo-politico-géolocalisationique. C'est aussi peu probable que le dernier mot de ma précédente sentence. Non je ne suis pas aigri. Je suis écrivain. Du moins j'essaie ; car je fais parti des gens qui essaient, qui tentent, qui espèrent, jusqu'au bout de leurs espoirs. Ces gens qui tordent leur rêves pour en atteindre la sève. Pourquoi écrit on. A mon sens ça revient à demander : «  Pourquoi vit on ? » Non je ne pense pas que si l'on m'empêcher d'écrire je mourais du sevrage. Je ne sais même pas si c'est un besoin, un devoir ou bien un simple passe temps. Ecrire me permet de rassembler toute mes passions en une. Ecrire, raconter, créer quelque chose qui fasse réfléchir, voyager, penser ; qui transporte, qui déchire, qui rapproche. Mais ici comme ailleurs, l'envie est encore et toujours ce qui pour moi pousse à la création ; teintée de réflexion ma vie et à ce jour comme mes écrits ; un gargantuesque bordel. C'est une route sans direction, sans sens, mais régie par des lois et des règles. Les contourner reste possible, si l'on est un génie ou un bon arnaqueur. Où si le porte monnaie est bien rempli. Non je ne suis pas aigri, juste réaliste. »

« Et bien en voilà de l'ironie. Je partais pourtant de bonne humeur, va savoir ce qui m'a pris.  _ Je relu le paragraphe que je venais d'écrire, puis l'effaçais entièrement. _ Alala, frustration quand tu nous tient. Bon, boooooon. _ Je tapotais les touches du clavier, dont la blancheur était constellée de taches de café et de nicotine. Les brins de tabac repoussés de jour en jour formaient un petit tas assez gros pour me rouler une cigarette, ce que je fis en réfléchissant au sujet que j'avais voulu traiter. Comme à son habitude, mon esprit travaillé plus vite que mes doigts et ma pensée finissait encore par dépasser mon intention originale. _ Le but était de développer un minimum ma relation avec la littérature. Là on dirait juste ce que je suis, un gros frustré de la vie. C'est de l'éjaculation littéraire, m'est avis. Bon, et bien , alors donc. Tapeti tapeti tapeti tapeta, lalala les gondoles à Venise. _ Sentant venir la panne d'inspiration, je forçais mon esprit à rester vif en disant à haute voix tout ce qui pouvait me passer par la tête. J'occupais mes mains en attrapant ce qui était à ma portée. Après quelques minutes à gratter des accords hasardeux et à chantonner ce que j'allais manger au dîner. Je finis par poser l'instrument. _ Soit je te pose, soit je te jette. Maîtresse ingrate. » _ La musique aussi me faisait la gueule aujourd'hui. Intoxication à la clope, 2ème tasse de café, coup d'œil à l'heure … 11h25. Plongée dans mes souvenirs afin d'y trouver la date que j'avais fixé avec mon possible futur agent. _ Dead line – Vendredi 3 février à la première heure pour proposition à différents journaux et possibles éditeurs ? _  «  Ça fait beaucoup de « possible » pour trop peu de certitude. L'histoire de ma vie quoi … Bref. _ Je ne pouvais m'empêcher de me dire que cette constante peur de la page blanche, additionnée à la recherche infructueuse d'une maison d'édition, aux multiples webzines et sites ou l'on peux tenter de poster des textes, des chroniques, histoires, pamphlets et tout autre type d'acte littéraire, que tout ceci ne pouvait être « bon » pour l'écriture. Pas seulement pour moi. Il était pourtant clair que beaucoup semblait s'en sortir. La faute à qui où à quoi ?? Si je voulais être totalement honnête, je dis bien SI, en mettant de côté mon égo ; en tentant l'objectivité et l'impartialité parfaite … L'écrivain doit il s'interroger sur la qualité de sa prose ?? _ Voilà pourquoi ça ne va jamais. Je ne vais jamais l'écrire, cet article. Pas en partant dans tout les sens comme ça. Comment font les autres. ? _ Oui comment font les autres. Depuis que la littérature existe. Qu'est ce qui pousse certains d'entre nous à prendre la plume ? Peux être y a t'il une classe élu, destinée à être de bons écrivains. L'idée peux faire sourire. Imaginons qu'il y est un code génétique inscrit en nous qui nous désigne comme écrivains. _ Et Gutenberg a inventer l'imprimerie dans un but non lucratif, pour faire avancer l'humanité. Pourquoi pas tant qu'on y est. _ J'avais tenter de penser autrement, de changer ma prose, d'écrire en vers ; expérience traumatisante, autant pour la poésie que pour moi, de m'identifier aux auteurs que je lisais. Aussi bien me mettais je du jour au lendemain à penser à la manière de ce que la lecture de Shakespeare me laissait voir de sa façon de concevoir les arts des lettres. Je cherchai à trouver l'énergie de William Nicholson, la plume de Feist, l'originalité et la sensibilité de nombres d'auteurs qui me faisait vibrer, rire et même parfois qui me mettait en rage. Mais chassez le naturel et il revient au galop. _ Comment avancer à partir du moment où l'on se dit que tout est relatif. _ Elle est belle la culture. J'ai un trop plein d'informations sans pouvoir utiliser celles dont j'ai besoin. _ Je serrais les lèvres et me cognais la tête contre le clavier de l'ordinateur. Portant, après quelques secondes, mes regards vers l'écran et le texte que je tentais d'écrire, j'y pus lire une suite de symbole sans sens. Ce qui semblait être exactement la somme du néant habitant la caverne de mon crâne. Je posé mes doigts sur le clavier et effacé les lettres moqueuse. » _ Etre écrivain s'est ne pas se prendre au sérieux._ Comme dans tout les aspects de sa vie ne pas faire de choix pour ne pas avoir de regrets. C'est « faire », comme l'on écrit et l'on vit, ce qui se lit naturellement par les sens et les yeux. Ne pas réfléchir à la connexion de nos synapses, aux signaux envoyés au corps et à l'esprit. Ne pas se demander pourquoi l'on … _ «  RAAAAAH MAIS BORDEEE...

- OH T'AS PAS FINIS !! On s'entend plus penser.

- PARDON.  _ Mon colloque s'était levé du pied gauche. Ce qui ne l'empêcherait pas d'avoir une très bonne journée soit dit en passant. Je pesé pendant quelques instants l'idée de faire encore plus de bruit. Histoire d'assouvir ma frustration. Je décidais finalement de ne pas rajouter « sale con » à la liste des adjectifs me qualifiant. _ C'est tout de même flippant. La seule question qui revient sans cesse, suis je assez bon pour écrire ? Ce genre de questions inutiles mais que l'on ne peux s'empêcher d'avoir. De quoi rester comme deux ronds de flanc. Ce que je fis. Je posé ma carcasse au dossier de ma chaise. Une balle traînant sur la table je la pris et entreprit de la faire rebondir sur le mur me faisant face. Phénomène assez curieux, cela eut pour effet d'ouvrir ma porte dans un bruit de bois qui éclate. Je me retournais pour voir l'origine du cataclysme qui allait, je le sentis, me tomber dessus. La balle me revint à ce moment en plein sur la tempe, me surprenant au milieu de mon mouvement. Je perdis l'équilibre, précipitant dans la chute table et ordinateur. Je tombais nez à pied avec mon colloque. Aussi rouge que mes dictées de primaire après correction. Zéro pointé pour la classe.

- Mec. Comment te dire. J'apprécierai que tu prenne en compte le fait que tu ne vive pas seul ?!

- Hum comment te dire, c'est pas un très bon jour pour moi là. Je sais pas si ça se voit mais je trouve pas d'inspiration.

- C'est pas à terre que tu va la trouver.

- T'as bien raison c'est pas à Terre que je vais la trouver. J'mexcuse m'sieur.

- Ouais. Fais juste moins de bruit j'essaie de me concentrer.

- Oh. Tu fais quoi si ce n'est pas indiscret.

- Comme depuis le début de la semaine je bosse sur le mix de l'album. Je dois le finir pour vendredi première heure.

- Sans blague ?? _ L'ironie était violente. Autant que la douleur qui irradiait soudainement le côté gauche de mon corps. _ Je me relevé, m'excusé à nouveau et une fois la porte refermée, me retrouver de nouveau face à face avec moi même. Le blanc de la page reflétait le blanc de mes yeux. _ Mazette je ne vais jamais m'en sortir. Avec ma veine je viens juste de perdre les derniers neurones qui auraient pu me venir en aide. _ Et comme ma muse semblait être parti s'amuser ailleurs, je décidais d'en faire autant. Rabat de l'écran de l'ordi ; enfilage de chaussures, manteau, écharpe et hop c'est parti pour une ballade. _ La galère, la galère. On peux écrire sur tout mais il y a l'art et la manière de le faire. Avec ceci de bien que l'on peux cacher sa folie sous un faux nom. _ Ce qui au regard des passants me dévisageant tandis que je parlais à haute voix, me semblait être une brillante idée. _ Je soliloque excusez moi.

- D'où tu me parles ?

- Ah ? Pardon j'ai cru que je pouvais.

-Dégage !! _ Je ne supporte pas les cons. Aussi bien je plongeais instantanément ma main dans la poche de mon jean pour en retirer un post-it et un stylo. Je profitais de la bêtise de mon interlocuteur, qui s'étant retourné après m'avoir envoyer baladé ne vit rien de ce que je fis. Pour écrire une insulte sur le post it. Je marchais alors rapidement pour le rattraper et simulé une perte d'équilibre pour le lui coller sur le dos. Et partit en courant dans l'autre sens à la vue du regard du type.

- PARDON ??!!

- CONNARD !!

- COMMENT TU LE SAIS !?! T'AS DES YEUX DANS LE DOS ?! _

  Devant le regard incrédule du type je me mis à sourire et m'éloigner joyeusement. Les mots à des fins de justice me semblait une bonne chose. Tant pis si ce n'était que pour moi au final.

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