Par éclipse

austylonoir

En réponse à parismrs à poursuivre son texte.

Le jour crevait la nuit et par filet l'horizon m'arrivait dans le cœur. Dans le Paris des heures premières, j'écrasais de mes pas les trottoirs et les pavés, et je regardais dans la ville comme je me regardais dans l'âme ; c'est-à-dire jusqu'au bout, là où le regard s'arrêtait. Tu me revenais par jet, par éclipse, par éternité, et tandis que je te revoyais, je mesurais l'oubli et combien il pesait lourd sur mon existence. Il me fallait couler une tristesse qui m'arrachait à la vie et marcher longtemps sous l'aurore fragile.


Tu étais parti dans un silence, dissipé comme une ombre fumeuse que chasserait un coup de vent, et j'en avais eu le cœur chargé d'échos, d'éclats et de beauté. Ça me vrillait complètement. Il n'y avait eu ni geste ni parole, ni lettre laissée pour expliquer ton départ. Serais-tu parti dans la houle et la rage, peut-être m'y serais-je faite, mais ton indifférence m'était un couteau autrement plus incisif. Et comment t'oublier, toi qui m'avais vue fragile.


J'avais beaucoup aimé de toi, ces yeux de fauve qui parcouraient les espaces comme un aigle cherchant sa proie, et qui plissaient d'intelligence lorsque tu estimais le monde. Toi et moi, nous avions toujours été nos propres miroirs ; nous nous laissions tous les deux guider par la force de nos sentiments, mais les miens étaient cachés et les tiens semblaient jaillir de chaque parcelle de ton corps. Comment une chose si belle, peut-elle tomber en ruine? D'y penser seulement, j'en avais la gorge serrée, et j'en perdais la maîtrise. Ces larmes que tu me coulais, étaient mon seul apaisement. Ensemble, nous avions été une évidence, on ne nous discutait pas. Chaque fois que ton regard échouait dans le mien, je sentais surgir proximité d'âme, un lien invisible et pourtant électrique que c'en était presque palpable, et ta présence pour moi, était un réconfort.


Je savais qu'aujourd'hui, la nostalgie faisait son travail, qu'elle passait sur notre histoire pour n'en garder que le bon et qu'elle jetait un soleil sur nos matins de grisaille, mais tout ça m'importait peu. J'étais malade de t'avoir aimé, comme jamais on ne devrait aimer personne. Il y avait des recoins du cœur qui étaient trop sensibles pour se laisser ainsi prendre, je t'entendais encore murmurer de ta voix d'homme, qu'il faut aimer avec raison. 

  • dévalé même si je n'ai pas lu ce qui précède du coup, mais je vais bien trouver ça quelque part et ça ne gâche en rien le plaisir des mots.

    · Il y a presque 7 ans ·
    Avat

    hel

  • Ca aussi c'est très beau, €j'aime l'image : "Je savais qu'aujourd'hui, la nostalgie faisait son travail, qu'elle passait sur notre histoire pour n'en garder que le bon et qu'elle jetait un soleil sur nos matins de grisaille"

    · Il y a presque 7 ans ·
    110 f 36716650 xenkavv6slkrmgb7skhvnqjgd670qb5n

    parismrs

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