Partie remise

Julien Vigneron

Ce matin-là, il lui malaxait doucement les seins, dans un mélange de réveil et de désir. Ils n'avaient pas fait l'amour depuis une dizaine de jours ce qui était long pour eux. Elle s'était blottie contre lui dans un demi-sommeil et il avait caressé son corps. Il glissa sa main vers l'entre-jambe et elle ouvrit les cuisses. Quelques minutes plus tard elle lui susurra « Attend, il faut vraiment que j'aille faire pipi. » Mais quand elle revint, elle cria « Philippe, il est huit heures et demie, passé, le réveil n'a pas sonné, on va être à la bourre. Moi, j'ai réunion à neuf heures et demie. » Elle vint se poster nue devant le lit japonais. Il n'avait pas bougé malgré le cri. Il le regarda par en dessous et dit :

—Dommage, j'aimais bien cette exposition féline.

—Bon sang, tu en racontes des conneries

—Oui c'est vrai, dit-il en remontant sa main sur la cuisse de Vanessa

—Je ne m'en étais pas rendu compte, mais tu es un vrai pervers.

—C'est pour cela que tu es avec moi non ?

—Oui, c'est sûr, mais est-ce que tu serais assez pervers pour mettre une de mes culottes?

Elle se dégagea et alla vers son placard. Elle lui jeta une culotte en dentelle rose à la figure. Elle dit « Prends celle-ci, elle est trop petite pour moi, mais avec ton petit cul ça ira. » Il s'assit sur le lit, prit le petit bout de lingerie entre ses doigts, fit la moue. Il entendit Vanessa rire, et ajouter « T'es pas cap ou quoi ? ». Alors il se leva enfila le sous-vêtement et fila chercher son costume. Vanessa était retournée dans la salle de bain pour se maquiller, il alla préparer le petit déjeuner. Il posa les céréales de madame, le café sur le comptoir de la cuisine, Il fit griller quelques tartines pour lui. Il prit la plus grande partie de son petit-déjeuner tout seul, il n'était pas trop en retard. Vanessa sortit de la salle de bain, en tailleur jupe rose bonbon. Il aimait les femmes girondes, fessues et surtout avec de gros seins. Vanessa était dodue, décomplexée, blonde décolorée et habillée pour qu'on la remarque.

 

Elle était à neuf heures et demie pour sa réunion et finalement, les autres participants étaient en retard. Elle eut le temps avant de commencer la réunion de lui écrire un mail pour l'inviter à la rejoindre dans un appartement vide, mais encore meublé pour déjeuner. Vanessa travaillait dans une agence immobilière. Elle aurait pris les clés avant midi. En arrivant au bureau, spécialiste des salles de bains et salles d'eau, Philippe ouvrit le mail et commença à lire « J'ai les clés d'un appartement vers Daumesnil, retrouvons-nous à midi quinze. Comme dit le proverbe “La langue est la meilleure et la pire des choses.” ». Il ferma précipitamment le mail en entendant arriver quelqu'un. C'était son chef qui venait lui dire bonjour. Il sourit et prit un air détaché.

Dans la matinée, il se rendit aux toilettes, il ne se rappelait plus qu'il avait, par défi, mit la culotte de Vanessa. Il sourit en caressant le tissu. Il sortit du box, et devant les lavabos, il souleva sa chemise pour regarder dans le miroir, cet accessoire de lingerie incongru. Son chef apparu à la porte des toilettes et entra. Il vint se poster à côté de lui et dit :

—Philippe, vous mettez souvent les petites culottes de votre femme ?

—Non euh, non, seulement quand je n'ai plus de slip. Notre lave-linge est en panne. C'est provisoire.

—Très bien, moi aussi j'aime le contact de la soie. Il lui fit un clin d'œil.

Philipe sourit et remit sa chemise dans son pantalon puis sortit un sourire figé au visage du meilleur vendeur de douche.

 

A midi quinze, il était dans l'escalier d'un immeuble du douzième arrondissement, pierre de taille et escalier avec moquette. L'appartement était au quatrième. Il sonna, mais, s'aperçut que la porte était entre ouverte. Il entra et ferma derrière lui et fit un tour de clé et mit le trousseau dans sa poche. Il enleva sa veste. L'appartement était vaste et luxueux, il y avait des draps sur les meubles. Dans le salon, il vit une jambe dépasser du dossier du canapé et reconnu le pied de Vanessa. Il s'approcha, elle était nue sur le siège. Il caressa le pied. Elle sourit sous son carré blond. Il tourna autour du canapé et s'agenouilla. Elle aimait qu'il la regarde quand elle était nue. Il était déjà occupé entre les jambes de Vanessa quand on entendit des clés tourner dans la serrure et une voix d'homme vanter l'appartement. Vanessa bondit du canapé et s'enfuit dans une pièce de l'appartement. Philippe se redressa, prit sa veste sur son bras et s'approcha de l'entrée. Il tomba nez à nez avec un homme, sans doute un collègue de Vanessa et une femme portant un caniche dans ses bras. L'homme paru très surpris et bredouilla :

—Mais que faites-vous là, qui êtes-vous ?

—Monsieur Ver... Philippe faillit donner son vrai nom, puis se reprit avec l'aplomb du commercial de robinetterie, Monsieur Veine, P. A. de Veine, dit-il d'un ton affirmatif en tendant la main. Je suis venu visiter l'appartement avec Mademoiselle Vanessa.

L'homme se détendit en entendant le prénom de Vanessa. Mais s'inquiéta :

—Ou est-elle ?

—Elle se rafraîchit, il fait un peu chaud aujourd'hui, fit-il avec son plus beau sourire. La dame avec le caniche était restée silencieuse. Philippe ne voyant pas Vanessa arriver ajouta, très bel appartement et la vue est magnifique.

L'homme en profita pour emmener la femme au Caniche dans le salon pour lui montrer la vue. Pendant ce temps, Vanessa sortit de la pièce, habillée impeccablement de rose et se dirigea vers l'homme.

—Maurice, je ne savais pas que tu faisais visiter.

—Je... pourtant, je l'avais inscrit sur le tableau.

Maurice semblait être un petit nouveau. Vanessa s'approcha de Philippe et déclama :

—Je pense que nous avions tout vu de toute façon et vous avez raison la vue est superbe quand on écarte les rideaux. Allons-y monsieur de Veine.

Ils prirent congé et attendirent d'être dans l'escalier pour avoir un fou rire. Ils allèrent manger dans une rue proche de la place Felix Eboué. Assis à leur table, Vanessa l'embrassa et dit « Ca n'est que partie remise monsieur de Veine. ». Le déjeuner était joyeux et les discussions intimes, de celles que les couples peuvent avoir quand ils sont dans la passion. A la fin du repas, elle lui glissa « alors, la dentelle, ça te plait ? », qu'il balaya d'un mouvement de main et d'un « pfiou, trop facile ». Elle sourit puis se leva pour aller payer. Elle partit ensuite de son côté et il s'engouffra dans une bouche de métro. L'après-midi passa lentement, il pensait trop à ces occasions manquées, aux remarques de son chef. Il reçut un mail laconique de Vanessa disant « le pire, c'est quand le pire commence à empirer. A ce soir. ». En rentrant, il pensa à prendre un bouquet de roses.

Il rentra à l'appartement, espérant profiter de la soirée. Vanessa lui envoya un message pour lui dire de penser à préparer le dîner, car Giorgio et Armanda, leurs amis italiens venaient manger ce soir-là. Il fut contrarié, mais ce mit à la cuisine. Plat et dessert. Il lui restait à préparer l'entrée quand elle rentra en faisant claquer ses talons.

— Je suis désolée de rentrer un peu tard. Une visite plus longue que prévue.

— Ce n'est pas grave, je cuisinais.

— Merci Philippe, tu es un amour. Je vais prendre une douche tout de suite.

Il finit sa cuisine jusqu'à ce qu'elle sorte de la douche. Il l'entendit s'écrier « Tu connais Giorgio et Armanda, ils sont toujours en retard quand on dit vingt heures, avec eux, c'est au moins vingt heures trente. Alors je crois qu'on a un peu de temps pour un câlin, monsieur De Veine. » Elle était en sous-vêtements. Il sortit de la cuisine et s'approcha d'elle. Ils échangèrent baisers et caresses qui terminèrent sur le lit. Philippe se déshabilla rapidement. Au moment d'enlever la culotte en dentelle, Vanessa ne put s'empêcher de pouffer de rire et dit « Elle te va aussi bien qu'à moi ». Philippe fier de lui déclara « j'ai gagné mon pari, alors qu'est ce j'obtiens comme prix. » A genou sur le lit, elle dégrafa son soutien-gorge pour laisser respirer les tétons excités. Elle posa son doigt sur les lèvres de Philippe puis Elle allongea l'homme nu sur le lit et prit le temps qu'il faut pour mettre le feu à sa culotte. Elle enleva lentement ce qui lui restait comme tissu et s'approcha comme un chat vers lui. Elle le chevaucha, et approcha son sexe du membre tendu. L'interphone sonna. Philippe cria « Aïe » quand Vanessa se crispa sous la surprise. Elle dit « C'est pas vrai, ils sont à l'heure. » Elle reprit sa culotte et courut dans la salle de bain. Il se leva et alla ouvrir la porte de l'immeuble puis couru s'habiller le temps que leurs amis montent l'escalier.

 

Après le dîner, qui s'était un peu éternisé, leurs amis partis, ils firent la vaisselle et rangèrent en discutant de la soirée. Elle mit sa chemise de nuit. Ils s'allongèrent dans le lit. Ils restèrent quelques instants silencieux puis elle se tourna vers lui. Il lui caressa les cuisses et passa lentement sa main entre ses jambes. Elle soupirait doucement. Il reprit ses esprits après un instant d'absence. Il s'était assoupi. Il reprit ses caresses où sa main s'était posée, mais s'arrêta pour écouter la respiration de Vanessa qu'il avait prise pour des soupirs de plaisir, mais qui étaient en réalité la douce plénitude du sommeil. Il enleva délicatement sa main de l'entrejambe et s'endormit.

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