Par(t)is

louzaki

Ma Camille,

Comme prévu, voici de mes nouvelles :
Ici, il fait très beau. Je suis sûr que tu adorerais. Bon, c'est une grande ville, ça me change de notre campagne. Les gens sont plus nombreux, plus pressés, plus occupés.
J'ai pensé à toi cet après-midi. Je suis allé lire au parc en bas de la maison. Mais il y avait tellement de gens que les regarder s'est révélé bien plus intéressant que mon livre. Pourtant, c'était mon livre favori.
Beaucoup d'entre eux couraient. Ça c'est fou. Ils courent. Je veux dire, vraiment. Pas pour rire, comme nous, quand on est content. Certains sont harnachés à des attirails impossible à décrire, d'autre sont comme en pyjamas. Il y en a qui parlent au téléphone, d'autres qui parlent en courant (surtout les femmes), et certains qui tiennent leur bouteilles d'eau dans leurs mains.
Ils ont tous l'air fatigués, épuisés. Et puis, le soleil tape. Mais ils ne s'arrêtent pas. Ils ne veulent pas.
J'en ai vu faire des sprints soudain, comme poursuivi par un monstre, d'autres m'ont poussé, je devais prendre trop de place, moi et mes idées blanches.

J'avais envie de leur proposer un petit coin d'ombre à côté de moi. Ma bouteille d'eau. Un peu de vent dans les cheveux et fermer les yeux. Mais ils s'évertuaient à courir. En rond, Camille. En rond !

Alors je souriais tout seul. En marchant. En pensant à toi. Et à ton rire franc. Ça les aurait emmerdés, j'en suis sûr. Ça m'aurait fait rire.

Et hier, j'ai vu Pierre. Tu te souviens ? Son père habitait près de chez nous. Il y a... Waouh. Longtemps.
Je l'ai croisé dans la rue. C'était drôle. On a parlé et puis on s'est assis, pour se reposer dans cette ville de gentils fous.

Enfin, je m'égare.
Tu sais, ça y est, la nuit commence à avoir un goût d'été. Il fait frais mais bon. La chaleur de la journée est encore présente, et pourtant, il est presque minuit.
Je sais que tu aimais ça. Ici, ça ne sent pas comme notre campagne.
C'est différent. C'est presque fou. Encore un peu et je partirais en courant. Pour l'instant, je m'y plais bien.

                                                                                                        J'ai hâte de te voir,
                                                                                                                            Thomas                                                                                                             Paris, le 14 mars 2015
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