PAS D'ANA

Hervé Lénervé

Pas d'idée, pas d'ANA. C'est regrettable pour les curés qui les attendent impatiemment tous les dimanches, en trépignant sous leurs soutanes.

INTERLUDE


- Allez, on s'en prend une autre, vite fait ?

- Oh, moi, j'ai tout mon temps, personne ne m'attend chez moi.

- Vous ne savez pas la chance que vous avez !

- Les enfants, partis à l'autre bout du Monde, parce qu'ils n'ont pas trouvé plus loin.

- Oh, vous savez, moi j'ai les enfants à la maison, si je pouvais les avoir à l'autre bout du Monde, sans même chercher plus loin, ça m'arrangerait.

- Ma pauvre femme partie...

- Je vous présente mes condoléances les plus...

- Avec le charcutier.

- Ah, oui, donc là, mes condoléances tombent à plat. Mais où allez-vous acheter vos charcutailles, maintenant ?

- Je ne mange pas de porc.

- Ouf ! Bêtement, j'avais entendu « port »

- Donc, être seul, ce n'est pas toujours marrant tous les jours. Ca ne l'est même jamais et là, c'est tous les jours !

- Mais vous vous emportez avec tous ces jours. Relax ! Il ne faut pas se mettre dans un tel état pour si peu. Demain, vous n'y penserez même plus.

Mais je l'aimais, ma femme, moi ! Elle était la mère de mes enfants partis, eux aussi. Elle était la femme de ma vie. Mais pourquoi l'ai-je poignardée mortellement dans le dos, aussi ?

- Là je peux ressortir mes condoléances. J'ai bon.

- Non ! C'est mieux d'en finir tout de suite. C'est mieux, de toute façon, j'ai oublié le poignard dans le corps avec mes empreintes dessus.

- Il n'est pas dit qu'ils le trouvent, vous voyez tout en noir, vous. Vous ne seriez pas un peu pessimiste, des fois ?

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