GUERRE SANS TITRE

Edgar Fabar

Je ne peux fermer les yeux

Que dans le noir,
Quand les monstres dévorent le monde,
Que la nuit 
Arbore 
La couleur de l'ivoire.

Je ne suis pas qu'un amoché
Qui imprime la tristesse
Au revers de ses nerfs,
Je te regarde avec tendresse,
J'ai la morphine aux yeux.

Quand le désert te lèche
Je sais que tu es seule,
Un peu comme moi
Quand les journées se brisent,
Que les nuages
Ont le goût de la tourbe

Sans tricher, je supporte
Sans crever les ciels trop bas
Je gratte
La vie jusqu'au sang
Ça fait mal, jamais assez.

Oui j'ai peur de ces heures
Qui ne sentent plus rien
De respirations
Où le spleen n'est que souffle.
Je veux la Vie, qu'elle crie
Des mots qui brûlent,

N'écoute personne 
Sauf les amochés sous les néons,
Ceux qui marchent près du vide
Sur le rebord des villes.
Ils chuchotent que c'est mieux
Que j'emmerde ce vertige
Ils me traitent de branlette
T'es qu'une canette éventée
Qui balance un peu de mousse
Perdue loin de son bar.

Trois heures trente trois
Chaque fois qu'on abandonne,
J'ai envie d'aller au lit avec toi
C'est la moiteur qui me tient debout

Nu sur tes rêves et tes Himalayas
Je me pends à ton âme
Tissus et peaux mêlées
Vaisseau et javelot
Sang d'or et delumière
Je meurs
Tes méduses s'excusent
De leurs filaments
De leurs sales petits poisons

Encore une fois affolons-nous
Loin des mensonges,
Sur le piano bien vrai et parfait
Sans code barre, ni vertèbre
Cet air qui nous prend
Qui ferme la grande gueule
Au silence qui nous gifle
La vérité qui nous viole
La violence des lignes droites
Les chemins sans faille
Ébauche, danse
Baise et braille
Sur le train de la vie qui déraille
D'une nuit où personne n'a dormi.
Oui plonge,
Plonge
Avale mes hanches maladroites
Viens que je t'aime tout en haut,
Viens c'est humide
Là où il y a la mer qui transpire
Là où le monde nous presse d'arrêter.

 

 

 

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