Passagers de la nuit

Susanne Derève

La nuit dérivait lentement

pas une nuit d'argile ni de mousse

ni de la froide clarté des constellations de Juillet

ni de l'ombre des pins, noire, où balançait le vent

ni du roulement des vagues ou de celui du temps

perdu   éperdu   amassé 

- telles  ces piécettes d'or miroitant sous l'eau

des fontaines -

 

Une nuit  d'étreintes et de baisers

du lourd parfum des pluies d'été

saturé d'humus et de braises

- sait-on jamais ce que pèse

le poids des mots  et des regrets -

 

La lune s'était levée 

paupières closes  lèvres scellées

et ses lançons d'argent  vibraient sur l'eau

épousant  le flot incertain du courant                                             

la gravant en nous comme un sceau

 

Passagers de la nuit arpentant les étoiles,

nous étions deux amants …




Peinture : Frederic Edwin Church  (Drawings Moonlight)



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