patchwork / fragments / bouts
le-teton-lunaire
L’oiseau pénètre la cervelle. Quand je dis oiseau c’est pour faire beau /
Les filles se cachent derrière les miroirs. Marta, 96 kilos, ne se lave pas les cheveux. Elle finit par se raser le crâne pour ressembler à un ver. Ses joues rondes lui viennent de sa mère. Elle a beau se faire vomir rien n’y fait, la peau reste gonflée. Ses ancêtres, des hommes fixés sur gravures, cachaient dans leur bouche les trésors de chasse. Avec leurs dents ils attrapaient tout ce qui passait /
Ma sœur avait une gueule d’ange .Le jour où elle disparut je dormais. Le monde s’agitait pour la retrouver, voisins, amis, gendarmes. Bientôt le pays entier. Et je dormais. La plupart des habitants se souviennent de ce qu’ils faisaient au moment où la tour s’écroula, moi je peux décrire précisément les rêves que je fis ce jour et les nuits qui suivirent. Étrangement j’en saisis les contours. Ma sœur ne fut jamais retrouvée laissant mes parents ivres de fantasmes. Je grandis heureux dans une maison hantée par le souvenir. Je cachai ma joie et fis pale figure les premières années, puis n’eus plus de scrupule à afficher ma plénitude même devant des parents rongés par la perte. Bien plus tard j’eus pourtant des regrets. Avoir une sœur est formidable, j’entends de si belles choses sur la fraternité. Vers l’age de dix ans, la fillette resurgit. Ses traits flous varièrent selon l’endroit. Elle apparut un soir, d’abord face à moi, puis assise dans le bus, peu à peu me suivant dans tous mes déplacements. Son corps, son cœur et l’ensemble de ce qui la compose finirent par m’envahir, je veux dire qu’ils pénétrèrent ma chair et s’installèrent en moi. Ma soeur logea dans un coin discret. Une zone sans intérêt, ni organe ni partie sensible, un bout de peau entré en résistance où personne ne pensait à chercher. Certains -dont mes parents- continuèrent à regarder derrière les portes et fouiller les endroits dérobés au cas où elle s’y cache. Bientôt ma soeur mua. Elle devint cri puis révolte incarnant à merveille ma part contestataire /
J’ai l’air gentil et simple. A la lumière on voit bien que ma peau a subi des dégâts. L’eau fuit vers l’intérieur, saturant les parties communes. Ça coule tout seul. Les autres me plaignent. Je fais mine de leur donner raison, exhibant larmes factices et douleurs bien imitées /
je pourris sur place et j'attends que les archéologues se disputent ma dépouille /
Le bout du monde existe. Un coin plat qui finit en ravin. Je l’ai trouvé sur une carte avant d’aller voir en vrai. C’était beau, grand et inimaginable. Un vide porté par une falaise /
J'ai fait un vœu : que la société dégénère et éclate en morceaux. Sauf que si le combattant meurt, le combat meurt aussi. Je veux mon adversaire vivant, m’y acharne, huile les rouages pour un salaire minable /
Nous avons tous un coin revêche, indomptable, qui échappe à la maîtrise habituelle. Il s’agit d’une onde. Je le vois comme ça. La forme varie selon l’intensité des charges /
Je pleus. Je faudrais. Je suis un postulat. Corps gras orné d’une cornemuse. J’ai le goût du folklore.
Où, quand , comment le livre!!!??
· Il y a environ 14 ans ·inta
extrèmement touchée par vos commentaires... hâte de prendre le temps de vous lire... merci sincèrement (inta il y a un livre)
· Il y a environ 14 ans ·le-teton-lunaire
Un boomerang...quelque chose qu'on éloigne et qui revient... J'aimerai lire vos textes dans un vrai livre. Quelle écriture singulière et quelle force!! Tout ce que j'aime...
· Il y a environ 14 ans ·inta
J'adore!
· Il y a environ 14 ans ·ko0
Ce texte est extrêmement touchant. Original aussi dans l'écriture. J'aime beaucoup. Un euphémisme.
· Il y a environ 14 ans ·bibine-poivron