pellegrin de falerone

je t'aime
jusqu'à l'épuisement
jusqu'à ce que mes doigts
sur les mots
s'ankylosent
jusqu'à ce que ton image
se brouille
s'océanise
sans apnée de secours
je te noie
je me noie
quand je t'aime
et le lest
s'enfonce dans ma tête

je t'aime
jusqu'à la haine
qui ne sait
même pas haïr
je te connais
comme mes doigts
qui terminent mes mains
je sais de toi
toutes les choses
tues... mais tu
restes mystères
masque qui rit des barcarolles
et des ponts
qui croulent sous les soupirs

je t'aime
jusqu'à l'endormissement
sous barbiturique
avec les signes
cabalistiques
des vieilles sorcières
hurlant sur les places de Grève
la vie
jusqu'à la fin de moi
éclatée au napalm
je t'aime jusqu'à faire
ma raison
que le volcan
n'est pas dans ma maison

je t'aime
mieux que dans les livres
mieux que toutes les musiques
je t'aime de chair et de sang
comme dans la légende
de guillem de cabestan
qui chante
"me coeur mangé"