Pensée d'un Week-end
mamzelle-plume
00h10
Mourir pour ne plus jamais rien ressentir.
Partir. S'enfuir. Pour toujours.
Cette joie dans son regard, son sourire semble se rire de ma personne. Je la regarde. Je la visualise comme le diable. Un malin petit diable qui se joue de ma personne, en affichant son bonheur tout simplement écœurant.
J'ai envie de vomir.
J'ai envie de ME vomir. Pour ensuite dépérir.
Cela suffit, j'en ai plus qu'assez. J'observe la baie vitrée, et une boule dans mon ventre enserre mon corps. Une sensation reconnaissable. L'envie dévorante d'y plonger, pour ne plus jamais revoir la lumière aveuglante d'un ciel bleu à vous en crever les yeux.
Toutes ces beautés éphémères, ces mièvreries nauséabondes me donnent des nausées. Une mousse d'aigreur pointe le bout de son nez, le long de ma gorge rosée.
Puis mes yeux se gorgent. Des larmes, misérables perles miroitantes s'écoulent dessinant de large sillon sur mon visage. Parfois l'une d'entre elle chute à la commissure de mes lèvres, laissant une langue avide de l'éprouver. De s'y précipiter.
Salées. Amères.
Ses cristaux opalins ne sont que le reflet de mes pernicieuses passions. Elles... Elles renferment à elles seules, l'étendue de mes sentiments.
Haine. Rage. Jalousie. Désarrois. Désespoir. Honte.
Un florilège de tourment tout aussi affligeant à vivre, qu'ils sont délicieux à écrire.
Et voilà. A présent, il ne me reste que mes yeux pour pleurer. Je sens les vagues affluer. La secousse est violente, comme un rappel à la réalité. Pourtant, je me sens sombrer tel un navire prit dans les flots tumultueux d'une infernale tempête…
Je tremble.
Je suffoque. L'envie devient monstrueuse. Je pense aux nombreux couteaux aiguisés que je pourrais m'enfoncer dans les chairs.
Chirurgicale. Dans mon esprit, tout semble clair.
Je me vois déjà, planter la lame à la verticale le long des veines de mon avant-bras, cherchant un misérable moyen de ne plus souffrir. Se libérer d'une souffrance, tout en s'en infligeant une autre.
Puis, mes pensées m'oppressent. Je voudrais m'endormir et ne plus jamais me réveiller. Tant la souffrance m'enserre.
Tel un python resserrant ses anneaux, jusqu'à l'étouffement de sa proie… La torture mentale me semble pire punition, que la torture physique.
Comment espérer vivre lorsque l'on se hait autant que l'on souhaite crever ?
Je maudis ce monde. Je les maudis tous. Autant que je les envie. Comment osent-ils afficher leurs sourires irradiants de faussetés, juste sous mon nez ? Ils sont heureux grand bien leurs fassent. Mais ne venez pas vous trémousser sous mes yeux avec vos incessants discours gorgés de mièvreries…
Humaine. Vivante.
Ce ne sont que des notions abstraites. J'ignore ou plutôt je ne me souviens plus de cette innocence passée… Ils vivent, ils rient, ils aiment, ils pleurent. Mais surtout ils sont, et ils demeurent ensemble. Tandis que moi, je reste seule. Cloitrée entre les murs trop blancs de mon appartement.
Solitaire. Ame égarée. Brebis galeuse. Caliméro…
Certainement, voir indubitablement. Et cela en est pathétique.
Mourir. Dépérir. Pour ne plus jamais souffrir.
Si seulement… Cela était possible.
****
Dimanche 18h
Elle, elle vit. Certainement, qu'elle est malheureuse. Mais en attendant, je ne vois que son air condescendant.
Elle jubile. Manipulatrice. Jouissante de mon malheur.
Je grossis, je passe mes journées à dépérir peu à peu. Tandis qu'elle lutte. Vaillante. Elle contrôle.
Moi, je le perds. Rectification, je l'ai perdue.
Mes yeux se gorgent de larmes. J'ai envie d'exploser, d'imploser. Je me liquéfie dans les abysses de mon malheur. L'espoir… Je le hais. J'aimerais avoir le courage de traverser cette fenêtre… Pouvoir sentir les morceaux de verres me taillader la peau, ressentir ma chair se déchirer sous la douleur.
Histoire de ressentir, d'éprouver autre chose que cette torture mentale.
Constante.
Je pleure. Je laisse ma haine, ma rage, ravager mon visage. Haletante. J'en tremble. Je vomis des flots de paroles incohérents. Je me hais. Plus que jamais. Et je cherche à me rendre détestable aux yeux des autres. Qu'ils rêvent de ma mort dans leur nuit agitée, qu'ils éprouvent la douleur que je ressens chaque jour.
Mes pensées sont égoïstes. Mais ne vous trompez pas. Je ne veux pas les faire souffrir. C'est pour cela que j'essaie, je m'évertue à vomir ces flots de paroles. Histoire de les pousser à me haïr.
Pour qu'ils me tournent le dos. Et que mon désespoir puisse atteindre son paroxysme. Certes, mon désarroi est immense. Mais je me refuse à faire souffrir les autres, sans raison. C'est une des seules choses avec ce foutue espoir qui me maintient en vie.
Les secousses reprennent. Mes yeux ne sont que deux puits sans fond. Vide. Terriblement vide. Je ressens le besoin de me remplir. D'exploser de l'intérieur. Pour vomir ma honte, ma culpabilité dans la cuvette. Mais je tiens. Elles sont là. Je suis déjà assez folle.
Je vois bien le regard de ma mère. Elle ne comprend pas. Ma sœur non plus, d'ailleurs, du moins elle croit savoir. Mais elles n'ont aucune idée, de ce qui se déroule dans mon esprit.
Tandis que j'explose ma colère et ma hargne. Je continue de vomir ces flots de paroles.
J'hurle. J'insulte. Je me perds.
J'ignore pourquoi cela m'affecte autant. Mais là voir sourire est une torture. Elle maigrit, je grossis. Je m'empâte, tel une imposante boule de graisse. Je me sens huileuse. Je ressens l'envie dévorante de me griffer la gorge au sang. De me frapper les cuisses. Cet enchevêtrement de gras qui me sert de jambe. La vérité.
C'est que je ne suis rien. Rien qu'un corps misérable. Pourquoi ? Pourquoi je me sens aussi mal…?
Alors, je menace… J'hurle à m'époumoner. Du moins, j'aimerais. C'est comme ci je quittais mon corps. Je me vois vomir ces paroles. Tandis que je m'observe. J'hurle. Je crie ma rage, mon désespoir, ma honte… Et enfin je pleure. Je me jure vengeance.
Ma colère s'évapore, je ne demeure que liquide misérable. Une envie incommensurable de combler, un vide. Le vide intersidéral que mon cœur contient.
Puis, je me remplis. Je me gorge de nourriture tout aussi grasse qu'avec du recul, elle me semble immonde. Et je garde. Je conserve.
Le mal grandit. Je nourris ce petit diable qui me forcera un jour à commettre l'irréparable.
Et ma mère m'observe. Elle se demande pourquoi… Mais je ne veux pas qu'elle comprenne. Elle ne le vit pas. Personne à part moi, ne ressent ce que je vis chaque jour.
Je ne peux prétendre avoir le loisir de connaître les déboires et les pensées les plus profondes de leurs vies.
Elle leur appartient. Tandis, que je meurs. Un peu plus chaque jour. Mon âme est rongée par ce démon. Moi.
Je me détruis.
Alors, ne cherchez pas à m'analyser. Je cherche seulement à exister… Dans ces moments là. Je me sens folle.
Folle furieuse. Démente.
Puis ma rage diminue… Je redeviens cette âme en peine. Et je lutte. Je lutte pour moi, pour ma famille. Car cet espoir aussi hilare soit il, demeure en mon cœur.
Inspire. Expire... Inspire. Expire.
Sourit… Ils arrivent.
La tourmente d'une écorchée vive!!! Oups!!! Kiss de tout cœur!!!
· Il y a plus de 10 ans ·vividecateri
L’écriture sert d'exutoire...ça fait du bien de se défouler sur le papier au lieu de se retourner contre soi ...
· Il y a plus de 10 ans ·Sweety
Je suis tout à fait d'accord ! C'est également pour cela que j'écris, mais surtout par passion. Toutefois, il est certain que c'est un excellent exécutoire, où l'on peut se défouler à loisir.
· Il y a plus de 10 ans ·mamzelle-plume
Bonjour Mamzelle-plume,
· Il y a plus de 10 ans ·De rien c'est avec plaisir et surtout sincère.
Malheureusement, n'est ce pas la caractéristique principale de ton mal être, de ta tourmente que d'être soumise la plupart du temps à tes émotions. Les instants que tu dis lucide, j'imagine qu'alors tu prends du recul sur ta situation, et considère les réels causes de tes actes.. Cependant tu es imprégner d'émotions de toutes sortes donc peut-être, si tu en as la force et l'envie, tu pourrais te lancer un défit, écrire sur la lucidité de ta situation. Même si ces instants sont rares , tu pourrais essayer, qui c'est tu pourrais bien comprendre et trouver le fondement de ton mal être ?
Et par la suite commencer une sorte d'introspection, sans le coté péjoratif de la chose, seulement Toi et L'écriture.
J'ai pris le temps de lire certains de tes textes, il s'en échappe une mélancolie, une poésie, de la tristesse mais également de la force, des envies .. Par conséquent écrire sur ta situation en laissant tes émotions en retrait, serait peut être un travail bénéfique - à mon humble avis -.
T'épancher la dessus, ne signifie pas que tu vas paraitre d'autant plus fragile et tourmentée. Cette tourmente et cette fragilité est présente dans tes textes, si l'on prend le temps de les analyser ou plutôt si on s'y attarde.
De tes textes émanent un tumultueux mélange d'émotion, qui ne peut qu'aviver note curiosité, de plus, tu manies ta plume avec aisance et poésie.
Quoi qu'il en soit, l'espoir et la force que tu dégage dans tes écrits, est non négligeable ! Alors continue de puiser en toi, en ton entourage.
Je te souhaite plein d'inspiration pour la suite. Au plaisir de te lire.
meredith
Bonsoir Mamzelle-plume, splendide écriture ! Bien que torturée, on ressent à la lecture de tes mots, une très grande incompréhension face à tes actes (plus que compréhensible ). C'est poignant.
· Il y a plus de 10 ans ·Ton témoignage fait presque froid dans le dos, tellement tes mots expriment ton désarroi.
Ta souffrance apparait non négligeable ( suite à un tel récit, mêlant passion et émotion destructrice ) néanmoins ton texte laisse émaner un certain aura que je qualifierais ( si tu me permet ) "flou" .. dans le sens que cette tristesse, cette rage qui te ronge, te dévore de l'intérieur, te pousse à te focaliser sur les mauvaises personnes.. Le vrai démon est celui qui te possède lors de ces instants ..
Courage et au plaisir de te lire !
meredith