Autres Pensées

aile68

C'était le temps des points de côté quand on courait trop vite, des bâtons de réglisse, des tartines de beurre au cacao. On se glissait dans des cabanes de feuillages, on faisait le pitre, on faisait des pâtés à l'époque où le sable était encore permis. On ne se souciait pas de tant d'hygiène et on était plus dehors que calfeutrés dans les maisons comme les enfants des bourgeois. Que faisaient-ils à part regarder par la fenêtre? Qu'ils avaient l'air triste quand par le plus grand des hasards ils descendaient prendre l'air, seuls avec leur gros avion ou tracteur à pelle! Ils n'avaient pas de copains, leurs parents n'aimaient pas, ils préféraient leur acheter des livres comme les gens qui ont de l'argent. L'été ils les mettaient à la montagne ou les emmenaient parfois à la mer dans une voiture qui tenait pas la route, qui chauffait plus que le soleil du mois d'août sur la tôle des véhicules qui se suivaient comme des chenilles processionnaires.

C'était le temps des cerises dans les sacs en plastique, les grands allaient les ramasser on n'a jamais su où, les bourgeois prenaient ça pour du vol, appelaient les petits jeunes, petits délinquants, qu'ils avaient l'air triste avec leur costume et leur sacoche! Les autres parents avaient plus de coeur et de richesses que ces visages pâles ou rougis par le vin de la campagne. Car ces gens-là s'amusent aussi, mais en cachette, à l'abri du regard des autres. D'habitude ils aiment prendre des airs sérieux devant les autres, les airs de ces gens importants qui ont beaucoup à faire et qui soufflent beaucoup trop fort en montant dans l'ascenseur. N'empêche que leurs enfants, dehors ou pas en ont fait des bêtises aussi! A part peut-être ceux du 4e , celui qui est devenu dentiste, et la fille pharmacienne. Ceux-là jamais je ne les ai vus sourire, ni jouer dehors. Ils s'en allaient en famille le week-end à la campagne. Comme j'aurais aimé avoir un pied à terre moi aussi dans un coin de verdure et de montagne! La pelouse, les rosiers, les arbres et la colline où nous jouions ne me suffisaient pas, la nuit parfois je me levais et regardais à l'intérieur du calendrier, tous les noms des patelins de campagne, ça me faisait rêver et regrettais que ma deuxième maison soit si lointaine. Je reconnaissais alors la richesse de ces gens-là, qu'ils se donnent des airs de bourgeois ou de gens respectables et antipathiques, c'est ce que je regrettais.   

  • Curieusement, c'est avec l'age que je vois les gens aisés autrement. Plus jeune je n'en avais que faire des sous car je n'avais pas encore conscience d'en avoir besoin. Aujourd'hui l'argent manque souvent mais je suis fier de mes plaisirs simples.

    · Il y a presque 5 ans ·
    Gaston

    daniel-m

  • Comme quoi la notion de bonheur est toute relative, elle se trouve souvent dans les plaisirs simples ...

    · Il y a presque 5 ans ·
    W

    marielesmots

  • Oui, moi aussi, je vivais ainsi. Quel bonheur, quelle insouciance ! Nous étions riches de cette vie saine et simple.

    · Il y a presque 5 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

  • Des images me reviennent, nous étions si libres, insouciants. Mes escapades étaient cantonnées à ma rue et à un grand jardin abandonné derrière chez moi, mais c'était un royaume pour moi. J'y grimpais aux arbres, y jouait aux indiens, faisait des cabanes comme toi !

    · Il y a presque 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

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