Perlin Pimpin et Coke de poix

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Année 1913. Perlin Pimpin le parisien (1), a tiré des notes de son chapeau. Du dictionnaire, il a tiré des mots. Les notes ont pris le goût des mots (2). Il a passé le tout à la Broyeuse de chocolat (3). Mais le Weiss (4) crassier était toujours noir, à cause de Coke de poix le stéphanois.

Perlin Pimpin le parisien s'inspirait de la Manu.

- Celle de la France (5)?

- Non, celle de la Facture (6). La Facture qu'ils ont pas pu payer, à la Bourse du Travail. Celle qui a descendu les oeuvres du Musée d'Art et d'Industrie vers le Musée d'Art Moderne de la Ville de Saint-Etienne, habillé de plaques noires. Un écrin sombre aux joyaux remarquables.

En sortant du tunnel du Rond-Point, le cycliste Mercier faisait du sur-place avec ses roues rouges en néons. Perlin Pimpin le parisien était à New-York. Il ne prit pas les néons, mais une roue de la bicyclette avec la fourche (7). Coke de poix le stéphanois devait retourner le tabouret pour aller au Hauts Fourneaux, forger l'acier de ses mains d'or (8).

Mais tout ça c'était pour rigoler, disait Perlin Pimpin le parisien. C'est bien après les guerres, qu'au Lycée Honoré d'Urfé, on prenait son pied. À côté du catalogue, celui de la Manu, posé sur le comptoir, au-dessus des chaussures, la petite Robin (9) regardait passer les pieds, mûrs, de Coke de poix le stéphanois.

Les coeurs sont gros, le ciel est bas (10), ils ont joué au Casino (11), ils ont perdu, mais eux pas. Les mines ont fermé et les fourneaux se sont éteints. Les Manus et les Arts ont été jetés dans le même chaudron (12). De là sont nés les objets et le Design. Le Musée a gardé de l'Industrie la passementerie et les fusils. La Cité du design, mariage de l'Art et de l'Industrie, est née des cendres de la Manufacture d'Armes. 

La ville s'est éclaircie, et a gagné en vert (13). Du haut de leurs crassiers, les taupologies (14) se penchent sur le passé. Des perspectives nouvelles, trouées dans la cité, dévoilent les sept collines de la Rome du Design. Les talents sont toujours là, et la mémoire n'est pas loin. 

Les coeurs sont généreux et puisent dans les veines du charbon et les entrailles de l'ouvrier le lien du sang qui fait de tout stéphanois, d'origine ou d'adoption, un stéphanois pour la vie.

Le diamant est frère du charbon.

Saint-Etienne sait faire de son charbon des diamants.


1- Marcel DUCHAMP.

2- Erratum musical, Marcel DUCHAMP, 1913.

3- Broyeuse de Chocolat, Marcel DUCHAMP, 1913

4- Weiss, grand chocolatier stéphanois.

5- Catalogue Manufrance.

6- Manufacture d'Armes, qui fournit les armes de l'armée française jusqu'en 2001.

7- Roue de bicyclette, Marcel DUCHAMP, 1913.

8- Les mains d'or, Bernard LAVILLIER.

9- Muriel Robin, élève au Lycée Honoré d'Urfé dans les années 1974.

10- Respire, Mickey 3D.

11- La société Casino, les supermarchés, sont nés d'une épicerie stéphanoise créée par Geoffroy Guichard.

12- Le stade de foot de Saint-Etienne, stade Geoffroy Guichard, s'appelle "Le Chaudron".

13- Les Verts, ce sont les footballers stéphanois, notamment en 1976, avec Michel Platini et Robert Herbin, quand ils sont allés en finale de coupe d'Europe. La ville respire au rythme du foot.

14- Taupologies, de Ghyslain Bertholon, artiste stéphanois de renommée internationale:

http://www.ghyslainbertholon.com/album-1569967.html

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