Plus que prévu

Aurelie Blondel

Je ne voulais plus

Je ne voulais plus connaître la morsure et la brûlure.
Je ne voulais plus connaître la sensation amère de ne plus exister sans qu'il me regarde.
Je ne voulais plus ressentir le manque quand il s'éloigne.
Je ne voulais plus d'histoire où les autres voient qu'il est avec moi.
Je ne voulais plus que le temps s'arrête quand je suis dans ses bras.
Je ne voulais plus donner, j'avais assez donné.

Alors j'ai refroidi.
Alors je me suis regardée moi même.
Alors je me suis suffit à moi même.
Alors j'ai fait fi du regard des autres.
Alors j'ai décidé de vivre à mille à l'heure.
Alors j'ai pris soin de moi toute seule.

Oui, j'avais réussi, puis tout réorganisé et tout prévu.
J'avais fait mes projets d'avenir seule, heureuse, libre, indépendante, fière et surtout délestée du vide que la morsure et la brûlure m'avaient laissées. 

Je flottais dans les brumes de mon anesthésie générale, calme, sereine, sans tumulte. Une vie d'huile qui ne coupe ni la faim ni le sommeil ni les pensées. 

Je ne voulais plus, mais je t'aime plus que prévu.
Et quand on aime comme ça, je crois que l'on doit être assez généreux pour lui donner ce qu'il veut. Et advienne que pourra. 

Je me voulais insaisissable, ne plus jamais être corvéable.
Mais toutes les anesthésies se dissipent. La mienne n'a pas fait exception et j'en ai senti les démangeaisons. 
Puis je me suis souvenue d'avant. Que la vie, ce n'est pas pour respirer mais pour avoir le souffle coupé. 

Je ne me suis pas demandée si j'avais le droit de l'aimer, c'est vrai.
Je l'ai juste aimé.
Plus que prévu, plus que je ne le voulais.


Aurélie Roumy

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