Poetic Story

Juliet

C’est cet homme. Celui qui se tient juste devant moi . C’est lui qui a changé ma vie.

Je l’ai toujours aimé. Toujours. Et, il l’ignorait, jusqu’à l’instant même, où il est venu me faire sa déclaration, et que je lui ai répondu que ses sentiments étaient réciproques…

J’étais dans le jardin. Je m’amusais à grimper sur l’unique, mais merveilleux, cerisier qui se dresse fiérement au milieu de la modeste végétation. Et je cueillais des pétales de fleurs, rose pastel. Lui, il faisait la sieste sur le canapé . C’est ce que je croyais. Le malin en réalité m’observait, depuis le rideau rouge de la fenêtre qui le dissimulait. Et moi, je ne le voyais pas, je continuais à récolter ces pétales, si doux, au maximum que la paume de ma main libre pouvait en contenir. Je voulais lui faire la surprise. Pendant son sommeil, déposer sur son délicat visage endormi ces minuscules trésors. Et pendant que je rêvassais à mes enfantillages poétiques, l’image de ses lèvres séduisantes et délicates me hantait.

« Elles sont sans doute aussi douces que ces pétales », songeais-je.

Un peu craintivement, en tremblant, je me suis mis debout en équilibre sur la branche, et ai tendu mon bras mal assuré vers les fleurs les plus belles que j’apercevais. Et puis, j’ai entendu un bruit de pas derrière moi. Et sa voix grave et suave a prononcé mon nom.

J’ai sursauté si bien que j’ai failli en tomber à la renverse. En fait, je n’ai pas failli . J’ai réellement perdu mon équilibre.

Mais c’est dans ses bras fins et puissants que j’ai atterri.

-Qu’est-ce que tu fabriquais ? m’a-t-il demandé.

-Je…je… rien… je cueillais des pétales, ai-je répondu en balbutiant.

-Y’a pas lieu de rougir, tu sais.

-Je ne rougis pas ! me suis-je défendu en devevant sûrement encore plus rouge.

-N’est-ce pas mignon . Viens.

Oh, il me taquine toujours. Je crois que c’est son passe-temps favori de m’embêter . Il aime bien se moquer de moi. Mais comme je sais que ça n’est jamais méchant, je ne dis rien. N’empêche, il fallait le faire pour se dégoter un meilleur ami pareil…Le goujat !

-Tu n'es pas obligé de continuer à me porter non ? J’ai rien de cassé, tu sais…

-T’as au moins ton cerveau de cassé.

Il a dit ça en m’affichant un sourire radieux, le fourbe !

-Tu n’es qu’un goujat et n’espère plus jamais m’adresser la parole.

-Tu voulais faire quoi avec ces pétales ?

-Je ne réponds pas. Lalalalala… ai-je chantonné pour l'agacer.

-Je suis certain que tu voulais les préparer en salade. Niveau cuisine, t’as toujours de mauvaises idées. Désolé, hein… Mais toujours rien que des fruits et légumes… La barbe ! Je veux manger de la viande, un peu ! Avoue que t’avais en tête de les faire en salade, pas vrai ?

-IMBECILE ! criai-je. Si t’es pas content, vire de chez moi ! C’est toujours toi qui te tapes l’incruste ! T’as une maison à ce que je sache ! Fais ta cuisine toi-même ! Chez moi, j’adopte le régime qui me plaît ! Et d’abord, je n’avais aucune intention de m’en servir comme aliment ! Et d’abord lâche-moi !

-T’es trop adorable quand tu t’énèrves. Enfin, je voulais dire : quand tu essaies de faire semblant d’être en colère… On n'y croit pas, mais c’est vraiment mignon.

Là, erreur du siècle : je l’ai regardé avec des yeux interloqués, une bouche entrouverte et surtout des joues ROUGES ! Je ne pouvais pas le voir, mais me connaissant, et surtout en voyant son sourire satisfait, ça ne faisait aucun doute: j'étais devenu cramoisi.  Et mouise.

-A ta place, fit-il comme si de rien n’était, j’aurais pris les fleurs entières, j’en aurais fait une couronne et je l’aurais mise… Ou bien j’en aurais seulement mis une ou deux dans ta chevelure… Ouais, c’est ça. Ca t’irait à merveille…

Là, si je n’avais pas été encore dans ses bras, je n’aurais pu éviter de tomber. TROP . BIEN.

Bon, d’accord, on se calme c’est mon meilleur ami depuis…depuis… une dizaine d’années et il n’y aura jamais d’histoire d’amour entre nous, sinon ça ferait longtemps, et puis il ne faudrait pas risquer de tout gâcher, et puis de toute façon il n'est qu’un goujat bête et méchant et égoïste et tordu et pervers et… C’est pas vrai du tout, là, faut que j’arrête d’essayer de me dissuader de l’aimer, je ne peux pas. Il est trop adorable. Sur tous les plans. Et même quand il m’embête, je le trouve trop…mignnnnnnnnnnnnNON NON NON NON IL NE FAUT PAS !

-Tu fais une tête bizarre depuis tout à l'heure… Tu vas bien ?

-Joyama… dépose-moi, maintenant.

Il a poussé un soupir et s’est exécuté. J’ai voulu m’asseoir sur le canapé mais, avant que je n’atteigne celui-ci, il a attrapé mes poignets et voilà que nous avons tous deux finis allongés dessus…

Oh, ça ne me gêne pas tant que ça, d’habitude. Quand il s’invite chez moi, c’est-à-dire très souvent,  on dort parfois côte à côte dans le même lit, car souvent il ne veut pas dormir sur le canapé...

Mais là, ce qui m’embêtait, c’est que, on n'était pas vraiment côte à côte… Il s’était mis sur moi.

Le meilleur et le pire de tout, c’est qu’il me regardait… avec un air totalement différent. Je me sentais bizarre… ça bougeait à l’intérieur de moi. Son regard noir… ses yeux sombres néons me fixaient intensément et… tellement tendrement…

Son sourire avait radicalement changé lui aussi . Il n’était plus taquin et moqueur, mais gêné, comme s’il s’excusait, un peu nerveux mais j’y voyais tant d’affection…

-Joyama, qu’est-ce que tu me fais, là ? ai-je prononcé d'une voix étranglée.

-Pardonne-moi, je suis tombé.

-Oh quel menteur !  Tu m’as aggripé les poignets et tu…

-Je ne te mens pas. Je suis tombé. Amoureux.

Je ne peux pas vous dire exactement, mais j’ai dû laisser un blanc pesant pendant au moins cinq minutes. Mais lui, il attendait, son visage penché sur le mien, serein du mieux qu’il le pouvait.

Je ne pouvais pas en revenir . C’était trop beau. Comment pourrais-je décrire une émotion pareille ? Impossible. C’était trop beau. Aussi beau que lui, en fait.

-Oh non ! a-t-il fini par gémir. Non ! Pardonne-moi, je ne voulais pas… je ne voulais pas te faire pleurer ! Oublie ce que j’ai dit ! Séche tes larmes, oublie… je n’aurais jamais dû… Je ne suis qu’un idiot, qu’est-ce que j’ai fait… ?

Il ne savait pas quoi faire, entre passer ses mains sur son visage honteux et paniqué, ou effleurer de ses doigts de guitariste mes joues humides.

-Pardon ! Pardon ! N’aie pas peur… je sais ce que tu penses, hein… Et puis, on est amis depuis si longtemps… Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai cédé alors que je luttais depuis une éternité… Ne crains rien, faisons comme si rien ne s’était passé, je ne mettrai jamais en jeu notre amitié !

Il gesticulait pendant qu’il parlait, le pauvre… il avait l’air si accablé.

Ce qui m’a fait le plus mal, c’est quand il s’est mis à pleurer aussi…

-J’ai juste été stupide et ridicule de croire pendant une seconde que tu aurais pu être… toi aussi…

 

Voilà comment nous en sommes arrivés là. Et c’est lui, cet homme qui se tient devant moi, qui vient de changer ma vie.

-Joyama, Joyama ne sois pas triste… ai-je supplié. Je t’interdis de pleurer si c’est de tristesse… Tu ne comprends pas… Tu n'as pas le droit, là… Moi, je pleurais de joie…

Il a levé ses yeux vers moi, des yeux scintillants d’étonnement, d’espoir et de peur d’avoir mal compris…

-En ce monde, Joyama, tu es la personne qui m’a apporté les plus belles des choses avec ton cœur, tu es la personne à qui j’ai toujours voulu tout donner, celle avec qui je resterai éternellement, celle qui est au-dedans de moi… Je t’aime.

Il n’a rien dit. Tout simplement parce qu’il ne savait pas comment le dire. Mais, ce qu’il ressentait, j’étais également en train de le ressentir ! Il s’est avancé vers moi, doucement. Il a pris mes mains, délicatement cette fois, il a écarté ma paume dans laquelle je tenais encore les pétales de fleurs de cerisier. Il les a déposés un à un sur le côté gauche de ma poitrine. Il riait, je ne sais pas si c’est sa manœuvre qui le faisait rire, ou bien sa joie…

Il a caressé mon visage, ses yeux plantés dans les miens, avec un amour infini à l’intérieur. Et puis, il a posé ses lèvres sur les miennes .

Et j’ai compris alors que j’avais raison. Elles étaient douces et parfumées comme ces pétales… Alors… en les déposant sur mon coeur, c’est comme s’il avait déposé sans le savoir son baiser… Oui, c’est ça. Ce baiser, et tous nos baisers tendres et passionnés qui viendront après resteront gravés dans mon cœur. Je l’aime.

-Joyama… murmurais-je quand l’échange sensuel et onirique prit fin. Joyama…

-Chut, ne dis rien mon amour, me chuchota-t-il en souriant.

 

Il s’est penché encore, ses lèvres que je convoitais effleuraient mon front, mes joues, ma bouche, mon oreille, mon cou…

Et entre chacun de ces petits baisers qui me faisaient fondre, il ajoutait des mots d’amour…

-Ma merveille… Splendeur infinie… Trésor de l’humanité… Cher cœur qui a pris la place du mien… Tu es si magnifique… Tu es l’Ange de ma vie, ma providence… Tu es l’Unique… Je t’aime, si tu savais…

-Joyama…

-Oui.

-Embrasse-moi encore.

Il a ri : -Comme si j’avais besoin de me faire prier…

Voilà comment a commencé ce qui sera notre plus Belle Histoire . La continuité romantique de tous les bons souvenirs que nous avons partagé ensemble depuis notre adolescence.

Notre Rêve est devenu Réalité.

Nous nous étions fait cette promesse, auparavant…

« On ne se quittera jamais, jamais. Nous demeurerons toujours liés par l’âme, le cœur et les souvenirs… Tu feras partie de ma vie et je serai là pour toi dans la tienne. »

L’homme que j’ai toujours aimé a toujours été amoureux de moi .

J’ai gémi de bonheur lorsqu’il a à nouveau posé ses lèvres sur les miennes.      Ses bras aimants et protecteurs ont entouré ma taille.

 

«-Je t’aime. »

Moi aussi, je l’aime. Cet Adonis pur et adorable…

Je donnerai toujours tout pour son bonheur.

-Tu sais, me dit-il dans un petit rire attendri, même lorsque je ferme les yeux pour t’embrasser, je devine ton petit air candidement étonné et émerveillé, comme quand tu vas au parc d’attractions...Vraiment, t’es un homme pas possible, toi…

 

J’ai éclaté d’un rire enjoué. Moi, Uruha, ou Atsuaki, j’étais juste le plus heureux.

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