Poupée abandonnée dans une tente Décathlon (1)

Nous étions un samedi. C'était deux semaines avant les vacances de Pâques, et j'étais avec Maman à Décathlon.
Elle voulait acheter une nouvelle tente pour faire du camping cet été avec les cousins et Mamie. Papi, il fallait l'oublier : il détestait le camping (trop de mauvais souvenirs d'époque, d'après lui).
Le vendeur, un très grand homme brun à la démarche qui me faisait penser aux cow-boy dans les films de Papa, nous fit visiter le magasin. Maman demanda à voir les modèles montés et il nous mena à ceux exposés à l'extérieur. L'homme cow-boy nous en désigna une orange (!) qui correspondait aux critères de Maman.
Elle, qui avait remarqué mon regard plein d'enthousiasme, demanda au vendeur cow-boy s'il était possible de voir l'intérieur.
Et, à mon grand bonheur, me proposa d'entrer !
Je me mis à quatre pattes et contemplai la très grande tente. Elle avait quatre pièces !
J'entrai dans l'une d'elles, toujours à quatre pattes, et remarquai une petite forme adossée à la toile.
- Lizzie ! On y va ! 
Je sursautai. Je ne m'étais pas rendue compte que j'étais restée plantée là à regarder l'objet sur le sol.
Je m'empressai de m'en approcher et de m'en emparer.
C'était une poupée. Un très belle poupée rousse aux yeux verts et au teint clair, plus jolie que  celle que Tata Lena m'avait offerte pour Noël. Elle était enroulée dans une sorte de torchon à carreaux rouges et bancs (les mêmes que Maman utilisait pour cuisiner).
- J'arrive Maman !
Je sortis de la tente, toute excitée et brandis la poupée avec douceur, comme avec cousine Lucie, à la hauteur du visage de Maman.
- Regarde ce que j'ai trouvé !
Le vendeur était déjà parti.
- Elle est jolie ! Tu l'as trouvée à l'intérieur ?
J'opinai de la tête.
- Allez, viens, on passe en caisse, chérie.
J'empoignai le poignet de Maman et la tirai vers l'intérieur du magasin.
- Vite alors ! Et après on passe par le magasin de jouets !
- Quoi, mais ... ?
- Regarde-la ! Elle est enroulée dans un torchon, le même que tu utilises pour essuyer la vaisselle ! Et en-dessous, elle est nue !
Maman jeta un regard autour d'elle, tout le monde nous regardait.
- D'accord, d'accord Lizzie !, elle s'arrêta en me forçant à faire de même et s'agenouilla en face de moi.
- On ira faire un tour, OK ? Juste, cesse de crier et de t'agiter partout, d'accord chérie ?
Elle passa sa main sr ma joue.
- Mais d'abord, laisse-moi payer cette grande tente orange, d'accord ?
- OK Maman, je souris, tu vois ?, dis-je en mimant un sourire jusqu'aux oreilles.
Maman rit et se dirigea vers la caisse où il y avait le moins de monde. Dans la file d'attente, je ne pus m'empêcher de la scruter : ses traits délicats, son nez petit et légèrement retroussé mais suffisamment pour la rendre jolie.
Les gens autour m'observaient, attendris. Je tournai la tête vers une gentille dame, qui avait l'air d'avoir le même âge que Mamie, voire plus vielle, en robe à fleurs qui complimenta ma poupée. Je lui offris mon plus grand et beau sourire.
- Ma Maman va m'emmener dans un magasin de jouets lui acheter des vêtements.
- Tu en as de la chance, dis-moi !
- Oui !
Nous sortîmes de Décathlon une fois la tente payée sans oublier de faire un signe de la main à la gentille vieille dame en sortant.
Nous entrâmes dans le centre commercial. Celui-ci était envahi par le monde. Maman me prit la main et m'attira près d'elle.
- Tu restes à côté de moi jusqu'au magasin et puis ensuite, on trouvera ensemble ce que tu veux, OK ?
- Ouais, dis-je en serrant la main de Maman et me serrai contre elle.

                                                                   L-G,L