Pour le meilleur
juliesma
Le téléphone sonna une nouvelle fois. C'était au tour de Fanny, la grande soeur de Pauline, de la féliciter pour l'obtention de son diplôme de management international. Depuis l'annonce des résultats, tous ses proches l'appelaient les uns après les autres. Après quelques minutes de conversation, Fanny lui posa la fameuse question "Et maintenant que vas-tu faire ?". Sûre d'elle, Pauline lui répondit que, grâce à son stage de fin d'année, elle espérait être embauchée dans une entreprise internationale. Sa voix était sûre d'elle, optimiste. Les précédents appels lui avaient permis de préparer sa réponse. Les encouragements de Fanny la confortait dans l'espoir d'un avenir parfait.
Avant d'entrer dans la vie active, Pauline s'autorisa quelques jours de loisirs. Pendant une séance de shopping, elle imagina ce qu'elle achèterait avec son premier salaire. Sera-t-elle raisonnable en faisant des économies ou se laissera-t-elle tenter par cette petite robe en mousseline qui lui faisait de l'œil ? Désormais elle sera indépendante et paiera elle-même son loyer et ses diverses dépenses. Ses parents n'auraient plus besoin de financer sa vie parisienne, freinée par un budget trop restreint. Elle fit la liste de ses résolutions qui marqueraient les mois suivant sa première embauche. Tout pour le bien-être : la santé, les divertissements ou des occupations pour trouver l'amour... De la plus classique "s'inscrire dans une salle de sport" à la plus insolite "poser sur une photo avec un bel inconnu" ou sa version plus accessible "laisser mon numéro de téléphone à un bel inconnu".
Une semaine plus tard, elle décida de passer aux choses sérieuses. Elle se rendit d'abord sur les sites d'offres d'emploi, en sélectionna une dizaine et s'appliqua dans sa candidature. Une fois les e mails envoyés, elle visita les sites internet des sociétés les plus réputées pour postuler à quelques annonces qui correspondaient à son profil. Satisfaite de sa motivation, elle partit ensuite dîner avec ses amies. Du haut de ses 23 ans, Pauline était la plus jeune de la bande. Elle avait rencontré Sofia et Zoé lors de l'anniversaire d'une ancienne amie en commun qu'elles ne voyaient plus. Leurs sorties donnaient lieu à des discussions animées où chacune défendaient ses idées. Sofia était commerciale pour une concession automobile. Son fort caractère lui avait permis de s'intégrer dans ce milieu machiste. Au contraire, Zoé était timide et se cachait quotidiennement derrière son écran de secrétaire, acceptant toutes les demandes de son manager. Pauline, la petite dernière, se sentait à la fois prête à assumer un poste à fortes responsabilités mais reconnaissait que son manque d'expérience l'obligeait à quelques compromis. Leur point commun était leur célibat, sujet qui revenait souvent et finissait sur une note nostalgique. Elles avaient toutes connus une longue relation et s'imaginait leur vie si leur couple avait duré. Chacune avait sa méthode pour tenter de trouver son âme soeur. Par exemple, Sofia draguait les copains de son frère de 2 ans son aîné – mais elle avait un faible pour Fabien - alors que Zoé flirtait avec quelques-uns de ses collègues. Quant à Pauline, elle n'avait ni frère ni travail lui permettant ces opportunités. Elle rêvait d'une rencontre inattendue dans un lieu extraordinaire. Avant de se quitter, ses amies la félicitèrent pour sa réussite à son examen et lui donnèrent des conseils pour les prochaines étapes.
Le lendemain, trois e mails portant la mention candidature en objet attirèrent son attention. Son cœur palpitait d'excitation en cliquant sur le précieux premier message. Réponse négative. L'adrénaline retomba d'un coup lorsqu'elle découvrit le contenu identique des deux autres e mails. Les mêmes mots qui lui annoncent que son profil ne correspond pas à leur recherche mais lui assurent de ses compétences professionnelles. Déçue par ces retours, elle renouvela l'expérience en postulant à de nouvelles annonces. Deux jours plus tard elle reçut une réponse portant le titre "Proposition suite à votre candidature". Elle prit une grande inspiration avant de cliquer et parcouru rapidement les longues phrases. Le poste auquel elle avait candidaté avait déjà été pourvu mais un autre venait de se libérer. Ainsi, le DRH lui proposait de la rencontrer pour discuter de cette opportunité. Aucun détail sur les missions proposées mais la promesse de lui en dire plus lors de l'entretien prévu le lundi suivant. Pauline s'empressa de répondre, acceptant l'invitation et remerciant pour l'intérêt qui lui était porté. Aussitôt l'e-mail envoyé, elle appela Sofia puis Zoé pour leur annoncer la bonne nouvelle. Fidèles à elles-mêmes, la première lui conseilla de porter un tailleur sobre et la seconde d'accepter la proposition qui lui serait faite.
Deux tenues furent préparées pour s'adapter à la météo du jour. Le jour J, le soleil était présent - un bon signe pour Pauline - orientant son choix vers un pantalon fluide noir habillé d'un top blanc cassé et d'une veste noire. Elle ajouta de grandes boucles d'oreilles dorée et un joli bracelet torsadé pour apporter une touche personnelle. Un maquillage nude et une demi-queue finalisèrent son look. Elle se sentait prête à décrocher les étoiles, ou au moins son premier emploi. Arrivée sur les lieux avec vingt minutes d'avance, elle s'émerveilla devant l'immense bâtiment. L'enseigne trônait fièrement en lettres dorée. Elle pénétra dans le hall et s'annonça à l'hôtesse qui lui indiqua une salle d'attente. Une impressionnante pièce ronde ultra moderne était entourée de confortables canapés mais son regard s'arrêta sur la table située au milieu. La célèbre marque de chocolat y proposait toutes sortes de délices qui tentaient dangereusement les visiteurs. Pauline hésita à se servir, renonça et s'assit sur un siège. Elle ne quittait pas des yeux un emballage rouge qui lui rappelait sa période addiction pendant ses révisions d'examen. D'un côté l'accro du chocolat se disait que montrer à son futur employeur qu'elle 'intéressait à ses produits était primordiale. Il suffisait de se pencher, de saisir la gourmandise et de la savourer. Mais le côté raisonnable lui criait qu'être reçue en entretien la bouche pleine de chocolat risquait de lui coûter des points. Elle eu soudain une idée et d'une traite attrapa le chocolat en se contentant de le garder dans sa main "pour plus tard". Alors que son attention s'était portée vers un autre emballage bleu, un homme entra et lança dans sa direction "Mademoiselle Allibert ?". Pauline acquiesça en se levant et serra la main de l'arbitre, prête à entrer sur le terrain. Elle le suivit jusqu'à l'ascenseur qui s'arrêta au 10ème étage. Pauline pensa "Je suis née le 10 janvier, encore un signe !". Ils prirent ensuite un long couloir parcouru de bureaux des deux côtés qui, pour la plupart, semblaient inoccupés. Ils arrivèrent enfin dans une salle de réunion. Le DRH, Mr Cara désigna à Pauline une chaise et entama la conversation d'un discours pompeux depuis les origines de la société à la situation actuelle. "Voyez-vous, nos produits chocolatiers sont offerts à des occasions particulières. La conjoncture fait que la priorité n'est pas au plaisir mais aux produits de première nécessité. Par conséquent le marché est difficile.". Pauline le regardait droit dans les yeux, penchant la tête de haut en bas en signe d'approbation. Il continua "Maintenant, si vous le voulez bien je vais vous présenter le poste disponible". Pauline bouillait d'impatience depuis une demi-heure. "Avec plaisir" lui dit-elle avec un faux air de tranquillité. "1 jour avant de recevoir votre e-mail, Mme Defane m'a donné sa démission. Mme Defane occupe un poste stratégique dans la société et je suis certain que vous seriez parfaite pour la remplacer". Pauline avait l'impression d'avoir gagné le jackpot. Elle n'entendait que les mots importants "poste stratégique" et "parfaite". Il cita rapidement l'intitulé du poste "Chargée de mission clientèle au service administratif". Pauline releva le mot "mission" et se rêvait en agent secret en charge de la protection du chocolat. Il résuma ensuite en une seule phrase "Je vous laisse découvrir les détails du poste en temps voulu." Le "Alors qu'en pensez-vous ?" de Mr Cara la sortie de ses fantasmes dans lesquels elle était encore plongée. Elle pensa "Je signe où" mais répondit sagement " Je suis très intéressée par votre proposition". Il lui demanda alors de présenter son parcours et ses qualifications ce qu'elle fit avec audace et naturel. Un de ces stages chez un concurrent lui assurait une légitimité, elle n'avait pas envoyé sa candidature par hasard. il lui précisa que l'anglais était indispensable et fut rassuré après quelques échanges dans la langue de Shakespeare. Il lui demanda ensuite de citer cinq qualités. Pauline n'en avait appris que trois par coeur mais elle s'efforça de répondre naturellement dynamique, volontaire, organisée,.... optimiste et productive" Mr Cara sembla satisfait de son exposé puis pris congé après une poignée de main et l'immanquable "Je dois voir d'autres candidats mais je vous tiendrai au courant des suites de cet entretien". Pauline marcha d'un pas léger dans le couloir vide qui lui semblait plus vivant qu'à son arrivée. Une fois sortie du bâtiment, elle attrapa son téléphone pour partager ses impressions avec ses amies. Mais en plongeant la main dans son sac elle tomba sur le chocolat qu'elle s'offrit comme récompense. En passant devant un cinéma, elle décider de se détendre devant la comédie romantique du moment. Maintenant qu'elle allait devenir une vraie businesswoman elle avait le droit de visualiser le riche homme d'affaires qu'elle épouserait dans sa future vie. Il était 17h30 quand la séance se termina et le soleil brillait encore. Elle n'était pas prête à rentrer chez elle. Elle proposa à Sofia qui habitait près de chez elle de la retrouver dans un café. A peine installée, Pauline lui détailla le tête à tête qui allait peut-être lancer sa carrière. Sans entraver l'enthousiasme de son amie, Sofia se contenta d'un "Il n'y a plus qu'à attendre" qui ponctua leur échange.
Ce soir-là le sommeil fut difficile à trouver. Ses pensées positives au futur "Quand je serai..." laissaient place au "et si" négatif "Et si ma candidature n'était pas retenue ?".
Durant la semaine qui suivit, rien ne parvint à distraire Pauline de l'attente de l'email ou de l'appel décisif qui devait arriver. Quel que soit le lieu où elle se trouvait elle consultait sa messagerie toutes les 5 minutes. Un jour de pluie, alors qu'elle était avachie dans son canapé devant une sitcom américaine, elle consulta mécaniquement ses e-mails. Un nouveau, probablement une publicité. Mais quand elle vit le nom de Mr Cara apparaître, elle se redressa d'un coup. Tremblante, elle posa son index sur la vitre, prête à lire le verdict. «Mademoiselle, Nous vous confirmons notre souhait de vous voir rejoindre notre société en tant que Chargée de mission clientèle à partir du 13 mai. Nous vous invitons à prendre connaissance du contrat ci-joint et à nous le remettre en main propre." Pauline dû relire cent fois l'email pour être sûr d'avoir bien compris puis elle explosa de joie. Dix minutes plus tard toute sa famille et ses amies étaient au courant de la bonne nouvelle. Il lui restait un week-end pour se préparer psychologiquement.
A la fois anxieuse et impatiente, elle essaya de se changer les idées en occupant son temps libre. Fanny l'accompagna chez le coiffeur, phase indispensable avant un jour important. Elle gâta sa petite soeur en lui offrant une nouvelle robe colorée idéale pour aller travailler.
Le jour tant attendu arriva enfin et ce fut en vainqueur qu'elle se présenta cette fois à l'hôtesse. "C'est mon premier jour" lui dit-elle fièrement. Mr Cara l'accueillit une nouvelle fois d'un sourire plus chaleureux, affirmant qu'il était heureux de son engagement. Ils s'installèrent dans son bureau et Pauline lui tendit le contrat de travail signé. Les détails administratifs furent évoqués puis le moment fut venu de découvrir son nouveau bureau. Deux étages plus bas, elle découvrit une immense pièce répartie en box pour la plupart sans occupants. Ils se dirigèrent vers le fond de la salle où un bloc de 10 box était rempli de personnes concentrées. Il restait une place, celle de Pauline. Une fois présentée à ses nouveaux collègues, elle mis en marche son ordinateur. Jeanine, une femme de qui avait l'âge d'être sa mère, prit en charge son intégration. Elle lui montra les logiciels à utiliser et les tâches principales qui deviendraient son quotidien. Pauline prenait collégialement des notes, en bonne nouvelle recrue. Sa mission - qu'elle avait acceptée - consistait à répondre aux demandes incessantes des distributeurs. Plus simplement, c'était un service client réservé aux professionnels. Comparé à un ligne dédiée aux particuliers, Jeanine lui souligna que les complaintes étaient plus virulentes étant donnée la pression qu'avaient leurs interlocuteurs. Une commande non reçue était un manque à gagner et aucune justification n'était suffisante. Par conséquent, il fallait un moral d'acier pour supporter chaque appel reçu et son lot de complaintes. Qualité que Pauline avait bien fait ressortir lors de son entretien avec Mr Cara se disant "dynamique", "optimiste" et "productive". Il s'était bien gardé de lui préciser certains détails, sans doute par peur de la voir retirer sa candidature. Malgré cette petite déception, elle restait positive, se convaincant que cette expérience serait bénéfique pour bien démarrer sa carrière.
A la pause déjeuner, le petit groupe de travail eu recours à maints arguments pour dégrader ses premières impressions. Écoutant ces esprits frustrés, Pauline s'efforçait de se persuader que son expérience serait différente. Elle se demandait comment la plupart d'entre eux occupaient leur poste depuis plus de 3 ans. Pour sa part, elle ambitionnait déjà une promotion l'année suivante. L'essentiel était d'avoir un premier pied dans l'entreprise pour pouvoir gravir les échelons vers plus de responsabilités. En attendant, elle comptait bien communiquer sa "Feel Good Attitude" à toute son équipe. Elle assista Jeanine toute l'après-midi au rythme des sonneries incessantes du téléphone. Sa collègue conservait une étonnante sérénité malgré les tentatives de déstabilisation des fortes têtes qui tentaient d'obtenir un avantage en contrepartie de leur préjudice. Elle trouvait toujours une solution arrangeante qui obligeait les plus réticents à abdiquer. Par exemple, le responsable d'une grande surface située dans une petite ville de province pestait sur sa dernière réception qui ne contenait pas toute sa commande passée. Jeanine l'assura qu'il la recevrait sous trois jours maximum, délai pendant lequel il ne risquait aucune pénurie étant donné son stock suffisant. Plus la journée passait plus l'ambiance se détendait. A 18h l'humeur joyeuse indiquait l'heure de quitter le bureau vers son moyen de transport puis son train-train à domicile.
Pauline n'avait pas envie de rentrer chez elle mais au contraire d'occuper de son temps libre avec une activité inhabituelle. Elle sortit sa liste de résolution, sauta les activités sportives et choisi de combiner "Dévaliser un confiseur" et "Aller au théâtre" ; un mix parfait entre fantaisie enfantine et culture ! Bien installée sur son siège, elle ne perdit pas une miette des scènes de dialogue entre les personnages : une mère, son fils et sa belle-fille. La pièce humoristique traitait avec justesse des tensions qu'il pouvait y avoir entre les duos mère-fils, mère-belle-fille ou fils et belle-fille. Les acteurs furent chaleureusement applaudit par les spectateurs peu nombreux en ce soir de semaine. Alors qu'elle se longeait les sièges vers la sortie, Pauline entendit derrière elle "Alors ça vous a plu ?". Elle se retourna et vit un homme qui la regardait avec insistance. Elle lui répondit "oui c'était très sympa". "C'est un plaisir de voir quelqu'un aussi enthousiasme." lui dit-il. Ils marchèrent et côte à côte jusqu'à se retrouver sur le trottoir. Elle hésita sur le comportement à adopter. Lancer un "bonne soirée" et s'engouffrer dans le métro ou engager la conversation ? Il ne lui laissa pas d'échappatoire en se présentant "Maxime, enchanté". "Pauline, également". "Ce n'est pas dans mes habitudes mais auriez-vous un peu de temps pour prendre un verre ?". Hésitante, Pauline décida d'employer la vieille méthode recommandée par Sofia, à savoir prétendre ne pas être disponible à la première proposition. "Désolée mais je dois rejoindre des amis". Le ton était ferme mais son regard laissait transparaître sa tentation. "Je vous laisse mon numéro de téléphone et j'espère que vous m'appellerez" lui dit Maxime. "Oui, sans faute, bonne soirée !". Après avoir noté son numéro, elle fila sans se retourner d'un faux pas pressé. Sur le chemin du retour, elle ne pouvait cesser de penser à Maxime. Il était grand, séduisant, et son look correspondait parfaitement à son image de prince charmant.
Elle ne put s'empêcher d'appeler Sofia à peine arrivée à sa station. Elle commença par lui raconter sa première journée de travail. Son amie l'alerta sur l'éloignement entre ses études et son nouveau poste. Pauline ne releva pas cette remarque et continua sur le récit de sa fin de journée pour finir par le portrait - surtout physique étant donné qu'elle ne savait rien de lui - de Maxime. Sofia la félicita de ne pas avoir céder à son invitation. Ensuite, ce fut au tour de Zoé de connaître toute l'histoire. Côté professionnel, elle jugea que c'était une chance qu'elle soit embauchée dans cette grande entreprise et ne doutait pas d'une future mutation plus avantageuse. Concernant sa rencontre, elle avertit Pauline "Je pense que tu aurais dû accepter de boire un verre avec lui, ça ne t'engageait à rien !". Malgré les remarques inversées de ces amies sur sa journée pleine de nouveautés, Pauline était sereine. Elle dormi comme un bébé cette nuit là, paisible et rêveuse sentimentale. Le réveil fut brutal mais ce repos bénéfique l'aida à se lever du bon pied. Ce jour-là elle commença à travailler véritablement. Sa formation de la veille n'était pas suffisante mais Jeanine était présente pour la guider. Elle prit son premier appel et résolu rapidement la situation. Quatre jours et plus de quatre-vingt appels plus tard, elle se sentait à l'aise et ressentait la satisfaction d'apporter des solutions à ses interlocuteurs. Lorsqu'elle leur annonçait qu'elle était nouvelle, ils devenaient plus chaleureux, critiquaient Jeanine et ses acolytes et mettaient tout leur espoir en Pauline pour créer une meilleure relation de confiance.
Le samedi soir, Pauline, Sofia et Zoé se retrouvèrent pour un dîner dans leur pizzeria préférée. Sofia se vanta d'avoir gagné le challenge des ventes de crédit sur le mois dernier tandis que Zoé décrivit sa conquête du moment et fini par avouer qu'il s'agissait de son manager. Elle s'attira bien sûr les critiques de ses deux amies. Pour se défaire de leurs attaques Zoé lança en direction de Pauline "Et toi, as-tu contacté ton bel inconnu ?". Même si elle y avait songé à deux ou trois reprise, elle ne l'avait pas fait. "Non pas encore"; "Qu'est-ce que tu attends ?" continua Sofia. Pauline eut beau leur promettre qu'elle l'appellerait dès son retour à la maison elles insistèrent pour qu'elle s'en occupe immédiatement. Elles rédigèrent ensemble le - si important - message en discutant sur chaque mot. Cet exercice rappela à Pauline la formulation minutieuse de sa lettre de motivation. Grâce à laquelle elle avait décroché un emploi. Peut-être que le SMS lui apporterait l'amour... elle préférait ne pas trop s'emballer - mais s'imaginait déjà main dans la main avec Maxime. A quel moment recevrait-elle son premier baiser ? Après s'être accordées sur la longueur et le contenu, elles relurent ensemble le message. "Maxime, je vous propose de nous retrouver au café Le Cardinal mardi prochain à 19h. Pauline " Pauline suggéra de préciser comment ils s'étaient rencontrés au cas où il l'aurait déjà oublié mais ses amies rétorquèrent "S'il a déjà oublié qu'il t'a abordé la semaine dernière alors il n'en vaut pas la peine". Message envoyé. La réponse ne se fit pas attendre, elle arriva cinq minutes plus tard. "Chère Pauline, j'en serais ravie. A mardi. Maxime." Pauline pensa tout haut "Au moins il n'en fait pas des tonnes et son "Chère" est charmant". Les amies se séparèrent à vingt-deux heures.
Le dimanche, Pauline entrepris de réaliser deux autres résolutions "Adopter le cocooning à la maison" et "Offrir une petite attention à ses proches". Elle avait déjà tous les produits pour s'occuper d'elle mais devait trouver des idées à petit budget pour trois petits cadeaux pour ses parents et sa soeur. Un masque à la rose appliqué sur son visage, elle entreprit ses recherches sur internet. Sa mère prenait soin de son appartement toujours impeccable. Pauline lui choisit un magnifique bouquet de fleur livré chez elle 1 fois pas mois sur un trimestre. Son père n'avait pas vraiment de hobby mais il ne manquait jamais de faire l'apologie des vins qu'il servait aux dîners familiaux. Elle lui commanda pour trois mois une Box contenant des vins régionaux qu'il recevrait sur trois mois. Enfin pour sa soeur qui adorait cuisiner, Pauline l'abonna à un magazine de recette pendant un an.
Après ce week-end, Pauline était prête à attaquer sa semaine. Les journées de lundi et mardi passèrent à toute allure et le moment du rendez-vous arriva enfin. Il l'attendait devant le café et sourit en l'apercevant. Il se pencha pour lui faire la bise comme s'ils se connaissaient depuis longtemps. D'abord surprise par cette initiative, elle lui tendit sa joue et huma son doux parfum viril et boisé. Ils commandèrent leur boisson et démarrèrent la conversation aux allures d'un speed dating. Il posa une règle : "Je te propose qu'on se tutoie". Leurs points communs étaient surprenants et leurs différences n'en étaient pas vraiment. Le courant passait en faisant quelques étincelles sous forme de clins d'œil discrets de la part de Maxime et de regards séducteurs pour Pauline. Au moment de se quitter, ils échangèrent une nouvelle bise plus longue et plus appuyée que la première. Ils se promirent de se revoir le week-end à venir et s'éloignèrent l'un de l'autre, se retournant une fois chacun avant de disparaître. La complicité évidente faisait naître en Pauline des envies d'hurler son bonheur tout neuf. Elle attendit patiemment la fin de la semaine pour le partager avec Sofia et Zoé. Maxime lui avait envoyé un message pour lui proposer un théâtre suivi d'un dîner le dimanche soir. Pauline prit soin de soigner son apparence avec la jolie robe offerte par Fanny et un fard à paupière dorée qui faisait ressortir ses yeux bleus. Un blush abricot et un rouge à lèvre rosé complétèrent sa préparation. Ils dinèrent dans un restaurant dans une galerie typiquement parisienne des grands boulevards. Spécialité hamburgers. Leurs voisins de table, qui mangeaient silencieusement, semblaient gênés par leurs éclats de rire. Sans doute leur apparent agacement cachait une jalousie de voir un couple heureux. Les souvenirs de ces sensations révolues devaient être douloureux. Pauline n'y prêtait pas attention et ne quittait pas Maxime des yeux. Elle voulait qu'il sache. Oui, elle le désirait et n'avait pas peur de s'engager dans une aventure. Ils se promenèrent sur les grands boulevards et s'arrêtèrent devant l'Opéra. Maxime lui prit la main délicatement. Pauline tremblait. "J'ai passé une merveilleuse soirée..." lui murmure-t-il "… et j'ai terriblement envie de t'embrasser". Pauline serra sa main plus fortement en signe d'approbation. Leur baiser ponctua cette merveilleuse soirée, annonciatrice d'un avenir à deux.
En quelques semaines Pauline était passée de « célibataire » et « sans emploi » à en « couple » et « salariée ». Bien sûr, Maxime et elle vécurent heureux et eurent trois beaux enfants. Quant à son travail, elle prit un jour l'initiative de glisser une idée originale dans la boîte à idées de la société – créer un forum interne destinés aux distributeurs afin qu'ils forment une communauté. Sa proposition fut repérée par le directeur du pôle international qui lui proposa de rejoindre son équipe. Son audace convaincue Sofia et Zoé d'opérer des changements radicaux dans leur vie. Sofia avoua ses sentiments à Fabien qui l'aimait déjà mais n'osait pas faire le premier pas. Zoé démissionna et appris à dire non au sein d'une nouvelle société. Elle y rencontra son âme sœur. Pour le meilleur !