Pour toi Peter

flodeau

Elle laissa flotter les minutes, le cœur battant en brèche les brumes de sensations multicolores qu'elle avait cru enfouir au plus profond d'elle-même… Elle dévora plus qu'elle ne parcourut, les pages timides et maladroites qu'il s'était enfin décidé à extirper de son âme d'auteur en quête d'inspiration ! Tout comme elle s'était fondue naguère, dans l'essence même de ses deux premiers ouvrages, divins réceptacles de son aspiration créatrice !!! Enfin, ENFIN, il s'était remis à écrire, encore que, cela ressemblait plus à un accouchement difficile ; il avait dû sectionner violemment les ramifications de son être pour camoufler toute cette douleur et chaque mot, chaque lettre, chaque phrase sonnaient en discordance sur le papier…Mais Peter était de retour ! Peter, Peter, Peter… Elle pouvait transcender le temps et l'espace, unir sa conscience au rythme de ses doigts courant sur son ouvrage… Un matin après une nuit, deux, trois tout au plus, pour enlacer de sa plume les 10000 caractères réglementaires au concours. Ce n'était pas une idée si bizarre au fond, ce concours, après sa longue absence au Pays Imaginaire ! Et la si jolie, si cruelle, si rationnelle…si humaine Wendy deuxième de son prénom avait presque accompli son œuvre de destruction, croyant enterrer à jamais, dans les limbes de l'oubli, son aura mystique de créateur en poussière d'étoile, dans la boue et la sueur, dans le labeur et la douleur et la lie de l'ennui…mais Peter était de retour ! Son courageux enfant perdu avait repris le chemin de ce no man's land où les fils directeurs s'enlacent, se déroulent, s'effilochent, pour se fondre à nouveau dans cette toile unique, où la rosée du matin vient inscrire toute sa magie visuelle et virtuelle…l'écriture ! Il avait enfin fuit, pour quelques heures qui nourriraient son éternité, père et mère, femme, enfants, glaciale dalle d'une cuisine aux relents d'église inachevée, mirage de liberté équine et verdure verdoyante qui n'en finissait plus d'agoniser dans l'hiver naissant. Il avait repris la route de sa liberté timide, se délestant de ses chaines, une à une, de montagnes en prairies, des lumières blafardes des lampadaires aseptisés aux lueurs irréelles du soleil au commencement du monde… Il était comme le phénix qui renait de ses cendres, attendrissante création de la conscience qui s'éveille et aspire à l'absolu. Dans son long manteau d'incertitudes, de quête de reconnaissance en dérive, il avait soutenu le regard des incrédules et s'était mis à genoux devant son cœur blessé, égaré, pressé…et l'encre de son stylo n'avait pas tâché ses doigts… le sort était conjuré…ouf !!! L'autoroute 66 et ensuite point de fuite, pourquoi pas…lui dont l'existence n'était qu'un inébranlable transit… un signe vers sa rédemption. Et il avait croqué dans la pomme de la reconnaissance ultime, une vraie chance de répandre son sang d'auteur, une maison d'édition, une vraie maison qui ne détenait aucune dalle noircie en désolation, signe salvateur du « rien à réparer, tout à créer ! », tabernacle unique de l'empreinte de la pensée multiple. Chaos, terrible mot pour de si puissants effets… Elle est en train de vivre un travelling intérieur d'amplitude si élevée, qu'il semble que plus rien ne puisse l'arrêter… Les ondes du temps filtrent dans ses veines le plus incontrôlable des philtres de vérité… Elle est en elle, en dehors d'elle, en Lui, au-dedans de leur Nous et au-delà de leur existence… Elle le perçoit, Lui, Peter tel qu'Elle qu'il a toujours été, un être magnifique, le compagnon d'une vie… Elle a toujours admiré sa force dans sa faiblesse, son courage dans son esprit et la sensibilité de son âme illuminé dans l'ivresse de ses subtiles voire sibyllines inventions littéraires… Là, ses doigts ,à Elle, commencent à vrombir sur le clavier, comme ces petites ailes spirituelles qu'elle s'était naguère inventées, virée virtuelle virevoltante… Symphonie magique des mots qui se jouent, qui réinventent le bonheur en sublimant enfin son existence… Oh mon dieu, elle aussi était en train, de et pour, revenir d'entre les entrelacs de la quatrième dimension littéraire… Clochette s'est, à nouveau, échappée !!! CLOCHETTE, Clochette, Clochette… Clochette et Peter, Peter et Clochette unis pour le « Plus-que-Toujours » !!! Envoles toi Peter Les trublions de l'éveil semaient dans leurs sillages, Les leçons virtuelles de ton éternel courage…. Les ramifications de ton être en forme d'enfant perdu, Déclinaient le goût amer de l'amant qu'il aurait dû… La prophétie de Vénus sarcle enfin l'odyssée de Saturne En ton sang et en sus, lapide les anneaux taciturnes… Entrée inconfigurable au parfum au parfum poussières d'égérieTransharmonie commutable au refrain de la vie… Envoles toi Peter loin des cœurs angéliques Reflets délétères des prémices a-sophistes Qui te donneront le lait de la lie, l'ennui de l'envie, Et te laisseront le laid de tes nuits, la morve au fusil Désires Clochette, entre ses soies de sirène, éclairs passionnés, Tu n'enfileras plus des peines, déserts vitrifiés Son aura si puissante enluminera de fils acidulés L'essence si violente de ton cœur réincarné... ELLE se sent à nouveau revivre, en Clochette, bien sûr, ELLE qui depuis des mois avait croupie en forme clocharde au fond de sa lanterne !!! Le hasard, la magie, le destin…Un concours d'écriture qui s'évertue à ouvrir les portes de sa cage, encore une farce à la Socrate, sans doute : Lui cherchait un homme parmis la foule brandissant fièrement et silencieusement son luminaire enflammé… Clochette attendait dans le noir que Peter lui rende enfin sa clé !!! Synopsis : « IL et ELLE », s'était fondus dans un syndrome de Peter Pan qui les avait sauvés de la folie, un jour comme cela, Pan !!! La pensée magique avait réuni deux êtres qui se côtoyaient sans cesse dans la vie, sans se connaitre et que rien ne prédisposait à voir quoi que ce soit de plus ensemble… et Pan !!! Ils avaient distillé l'essence même de ce qu'ils avaient de plus beau et précieux, le meilleur de leurs âmes, de leur cœur, de leur créativité dans un amour absolu de perfection et le monde, imprégné de magie régénératrice leur avait tout donné en retour… Pffuit le malheur…bienvenue au Pays du Bonheur !!! Il avait fini son roman, elle s'était déployée dans ses poésies et ses déclinaisons philosophiques, ils avaient construit un projet professionnel novateur… Ils réécrivaient les mots, la vie, les codes dans leurs divagations imaginaires sans début, ni sens, ni fin… Echappée thérapeutique en point de suspension !!! En quelques heures, semaines, mois, Peter et Clochette avaient transformé les évènements dévastateurs qui s'étaient obstinés à s'enchainer dans leur vie personnelle jusqu'à enluminer de poussière d'étoile le monde entier !!! Un jour la réalité les a rattrapés, la descente du  « trip » tellement douloureuse qu'ils sont redevenus Il et Elle, n'ont plus écrit, se sont éloignés… ont continué à souffrir… Jusqu'à aujourd'hui….

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